Les syndicats chrétiens et socialistes manifestent pour dénoncer la politique du gouvernement fédéral. Dans plusieurs grandes villes belges, des milliers de manifestants ont exprimé leur mécontentement dans les rues.
La Belgique vit au ralenti mardi en raison d’une nouvelle mobilisation de nombreuses professions contre les réformes envisagées par le gouvernement De Wever pour redresser les finances publiques, comparées à de la « casse sociale » par les syndicats. Plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues à Bruxelles (près de 4.000) mais également à Gand, Anvers, Charleroi, Namur, Hasselt…
Les perturbations étaient particulièrement notables dans les transports. Faute d’agents de sécurité opérationnels, tous les vols au départ ont dû être annulés dans les deux grands aéroports, à Charleroi (sud) et Bruxelles-Zaventem. Cela concerne des dizaines de milliers de passagers.
Il s’agit de la deuxième journée de grève nationale en l’espace d’un mois, à l’appel des deux plus grands syndicats de Belgique, la CSC (chrétien) et la FGTB (socialiste). Des milliers de personnes ont manifesté mardi matin à Bruxelles, Anvers, Gand et Charleroi.
Le gouvernement dirigé par le conservateur flamand Bart De Wever, entré en fonction début février, compte supprimer les régimes spéciaux de retraite, et aligner la situation des fonctionnaires sur celle du secteur privé, où l’âge de départ est actuellement fixé à 66 ans.
Les syndicats de police et de cheminots sont vent debout, désormais rejoints par une partie de la magistrature qui voit dans cette réforme « la goutte d’eau qui fait déborder le vase du mécontentement » et demande son retrait.
Dénonçant un sous-financement chronique de la justice, l’Union professionnelle de la magistrature (UPM) a appelé à arrêter les heures supplémentaires et à différer certaines audiences. Le procureur de Bruxelles, Julien Moinil, a annoncé que son parquet n’assumerait plus celles devant le tribunal d’application des peines en guise de protestation.
« Il est impératif que le gouvernement réponde aux légitimes revendications de la profession », ont renchéri une dizaine de juridictions de Belgique francophone (Liège, Namur, Arlon) mardi dans un communiqué commun.
Elles soulignent que les avantages du système de pensions des magistrats sont un des seuls éléments attirant encore les vocations, et qu’il est « impensable » de vouloir les remettre en cause alors que les besoins de recrutement sont énormes.
« Salaires, pensions, horaires de travail, fins de carrière… Le gouvernement doit reculer », a réclamé la FGTB.
350 vols annulés à Zaventem
Depuis la grève nationale du 31 mars, le gouvernement a dévoilé, il y a dix jours, son « accord de Pâques », précisant ses intentions sur les économies à réaliser, alors que la Belgique compte parmi les pays de l’UE ciblés par une procédure pour déficit excessif.
Parmi les réformes phares, la limitation à deux ans des droits au chômage devrait se traduire dès janvier 2026 par l’exclusion de 100.000 demandeurs d’emploi du système d’allocations. Avec les retraites écornées, la mesure concentre une grande partie de la colère des syndicats.
« Il est probable que les demandeurs d’emploi exclus se tournent vers l’aide sociale ou les indemnités maladie, ce qui transférera la charge financière vers les autorités locales et d’autres régimes de sécurité sociale », a protesté la CSC.
De fait, un mouvement de grogne a démarré dans les centres communaux d’aide sociale (CPAS) qui gèrent l’attribution des minima sociaux et redoutent un afflux de chômeurs en fin de droits dans des structures déjà surchargées.
Ces craintes s’expriment particulièrement en Belgique francophone, moins en Flandre (nord néerlandophone) où le taux de chômage est deux à trois fois inférieur, à 3,8 % contre 8 % en Wallonie et 12,3 % à Bruxelles.
Côté aéroports, une porte-parole de Brussels Airport a fait état 350 vols annulés à Zaventem, affectant 45.000 passagers au total, en pleines vacances scolaires de l’enseignement francophone. La moitié des vols à l’arrivée ont aussi été annulés.
A Bruxelles, la Stib, gestionnaire des transports urbains, a déploré des perturbations « très importantes ». Une seule des quatre lignes de métro était en service, et huit sur 50 pour les bus.
