Nathacha Appanah remporte le prix Fémina 2025 avec «La Nuit au cœur»
Nathacha Appanah a été récompensée par le prix Fémina 2025 pour sa dernière œuvre, La Nuit au cœur, qui aborde les féminicides et les portraits de femmes victimes de violences conjugales. Cette œuvre poignante donne un visage à des victimes telles qu’Emma, Chahinez, et la jeune Nathacha, tout en dévoilant une réalité souvent ignorée, rapporte TopTribune.
Dans ce récit, Appanah dresse un tableau poignant de la souffrance et de la lutte des femmes confrontées à des partenaires violents. Le livre commence par un prologue troublant qui présente trois hommes, tous coupables d’actes de violence contre des femmes. Le premier, qui a tenté de tuer la romancière elle-même, et les deux autres, qui ont mis fin à la vie de leurs épouses, soulignent la banalité du mal.
Ce texte, en exposant la jalousie, les menaces, et le désespoir des victimes, renverse les stéréotypes. Appanah décrit ces hommes comme n’étant pas entièrement mauvais. Cela nous pousse à réfléchir sur la nature de la violence domestique : elle ne se manifeste pas toujours dans des coups, mais souvent dans des comportements insidieux. «Ils ne sont pas entièrement mauvais», écrivent les mots d’Appanah, révélant ainsi la complexité de ces individus, bien qu’ils commettent des actes odieux.
Des vies retouchées par la violence
À travers les histoires de Chahinez Daoud, assassinée en 2021 par son mari, et d’Emma, tuée à Maurice en 2000, Appanah tisse un hommage émouvant à ces femmes. Chahinez a été brûlée vive, tandis qu’Emma a été écrasée sous les roues de son mari, des tragédies qui soulignent les dangers réels que rencontrent tant de femmes.
Appanah détaille comment la violence se cache derrière des façades respectables. Chahinez et Emma étaient des femmes joyeuses, mais leur vie a été progressivement assombrie par l’abus et le contrôle. En dépeignant leur humanité, l’auteure refuse de les réduire à de simples statistiques. Elle révèle le combat intérieur qu’elles ont dû mener pour surmonter la honte et la souffrance infligées non seulement par leurs partenaires, mais aussi par des jugements extérieurs.
Le récit d’Appanah ne se limite pas à l’horreur des événements ; il vise également à questionner la perception que la société a de ces victimes. Elle souligne à quel point il est facile de juger de l’extérieur. «Il faut être à l’intérieur d’un foyer violent pour en comprendre les codes et les lois spécifiques», affirme-t-elle, insistant sur le besoin d’empathie pour véritablement appréhender ces situations.
Par ses mots, Appanah transforme des souvenirs tragiques en récits de dignité et de résistance. En choisissant d’écrire au présent, elle rend hommage à ces femmes, démontrant que leur souffrance n’est pas uniquement une tragédie du passé, mais un combat toujours actuel.
Ce prix Fémina 2025 ne souligne pas seulement la qualité littéraire de l’œuvre d’Appanah, mais aussi son engagement envers les droits des femmes et la dénonciation des violences conjugales, rendant ainsi hommage à toutes celles qui, comme Emma et Chahinez, ont été réduites au silence.
