Depuis son apparition en 2015, le salaire minimum en Allemagne a connu plusieurs hausses, passant de 8,50 euros à 12,82 euros d’ici 2025. Pendant ce temps, le SMIC français a également augmenté, passant de 9,61 euros en 2015 à 11,88 euros à la fin de 2024. Ces évolutions illustrent deux approches distinctes en matière de politique salariale : l’Allemagne favorise la concertation sociale, tandis que la France mise sur une régulation automatique. Alors que Paris s’adapte à l’inflation, Berlin anticipe déjà des augmentations supplémentaires pour atteindre 14,60 euros brut de l’heure d’ici 2027, rapporte TopTribune.
L’évolution du salaire minimum en Allemagne depuis 2015
Le salaire minimum allemand a été instauré en janvier 2015 à 8,50 € l’heure, établissant ainsi un cadre uniforme à l’échelle nationale. Selon la Mindestlohnkommission, il a été porté à 8,84 € en 2017, 9,19 € en 2019, puis 9,35 € en 2020. Ces augmentations modestes avaient pour but de maintenir la compétitivité des petites et moyennes entreprises tout en améliorant le pouvoir d’achat. Après la crise sanitaire, une accélération des hausses a été observée : 9,60 € en juillet 2021, 10,45 € en juillet 2022, et 12 € dès octobre 2022 grâce à une décision exceptionnelle du gouvernement d’Olaf Scholz.
En 2024, le salaire était fixé à 12,41 €, avant d’atteindre 12,82 € à compter du 1ᵉʳ janvier 2025, selon la Mindestlohnkommission. Une annonce récente de Reuters a confirmé que le salaire minimum grimpera à 13,90 € en 2026, puis à 14,60 € en 2027. Cette évolution profitera à 6,6 millions de travailleurs, représentant près d’un cinquième de la main-d’œuvre allemande. Selon EPSU, cela constituerait la plus forte hausse nominale depuis l’introduction du salaire minimum, avec une augmentation de 14 % sur dix-huit mois.
Le SMIC français : régulation automatique et stabilité sociale
En ce qui concerne la France, l’évolution du salaire minimum repose sur un mécanisme d’indexation rigoureux. Depuis 2015, le SMIC suit l’inflation des ménages à faibles revenus et vise à compenser une partie des gains de pouvoir d’achat. Le SMIC, initialement a été fixé à 9,61 € brut, a évolué régulièrement les années suivantes : 9,67 € (2016), 9,76 € (2017), 9,88 € (2018), 10,03 € (2019), 10,15 € (2020), 10,25 € (2021), 10,85 € (2022 après deux augmentations), 11,52 € (2023), et finalement 11,88 € au 1ᵉʳ novembre 2024.
En 2025, le SMIC horaire correspondra à un salaire mensuel brut de 1 801,80 € pour un travail à temps plein de 35 heures par semaine, ce qui équivaut à environ 1 426 € nets. Contrairement à l’Allemagne, aucune prévision n’est établie au-delà de 2025 : la France opère un ajustement systématique de son salaire minimum en réponse à toute augmentation significative des prix à la consommation.
2015 – 2025 : deux trajectoires salariales qui se croisent
Au début, la France affichait un niveau de salaire minimum plus élevé : 9,61 € contre 8,50 € en Allemagne. Toutefois, dès 2019, les deux courbes ont commencé à se rapprocher. Puis, en 2022, la hausse allemande à 12 € a modifié la hiérarchie, plaçant l’Allemagne au-dessus de la France pour la première fois en une décennie.
En tenant compte des différences en termes de montant et d’heures travaillées, le fossé se creuse davantage. En Allemagne, un salarié touchant 12,82 € par heure pour 40 heures hebdomadaires perçoit environ 2 052 € brut par mois, tandis qu’un Français à 35 heures reçoit environ 1 801 €.
2027 : un écart qui se creuse encore
Les deux prochaines augmentations du salaire minimum en Allemagne sont déjà programmées : 13,90 € dès 2026, suivie d’une autre à 14,60 € en 2027, d’après les informations de Reuters. Cela donnerait près de 2 336 € brut mensuels pour un emploi à plein temps de 40 heures. Pour la France, les chiffres prévisionnels pour 2027 ne sont pas encore disponibles, mais si la tendance actuelle se maintient (+2 % à +3 % par an), le SMIC pourrait s’établir aux alentours de 12,50 €, soit environ 1 890 € brut mensuels.
Cette projection souligne une tendance préoccupante : dans deux ans, l’Allemagne pourrait afficher un salaire minimum horaire supérieur de plus de 2 € à celui de la France, et un écart mensuel de près de 450 € pour une durée de travail équivalente.
