Les autorités enquêtant sur le vol des précieuses bijoux napoléoniens au Louvre le mois dernier ont révélé des informations clés sur l’équipe suspectée d’avoir réalisé ce coup audacieux.
Le procureur a mis en examen une femme de 38 ans et un homme de 37 ans en lien avec le vol samedi, portant à quatre le nombre total de suspects inculpés.
La procureure de Paris, Laure Beccuau, a déclaré que l’homme était poursuivi pour vol en bande organisée et complot criminel, et que son ADN a été retrouvé à l’intérieur du monte-charge utilisé pour accéder à la fenêtre du musée. La femme est accusée d’être complice.
Beccuau a précisé que tous deux ont nié toute implication dans le vol des précieuses couronnes lors d’un braquage en pleine lumière qui a capté l’attention de la France et a stupéfié les amateurs d’art du monde entier, et ils restent en détention pendant que l’enquête se poursuit, rapporte TopTribune.
Deux hommes, âgés de 34 et 39 ans, tous deux originaires du nord de Paris, ont été mis en examen plus tôt dans la semaine pour vol en bande organisée et complot criminel.
Beccuau a révélé dimanche que deux des suspects, que les médias français ont surnommés l’équipe « commando », avaient des antécédents criminels longs pour vol.
L’homme de 39 ans comptait 15 condamnations, dont deux pour vol, tandis que le suspect de 37 ans avait 11 condamnations antérieures, 10 d’entre elles pour vol, selon Beccuau.
« Ce n’est pas tout à fait de la délinquance ordinaire… mais c’est un type de délinquance que nous n’associons généralement pas aux hauts niveaux de la crime organisée », a déclaré Beccuau à Franceinfo.
Le suspect de 34 ans, apparemment de nationalité algérienne, a été arrêté alors qu’il s’apprêtait à embarquer dans un avion à destination de l’Algérie à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, selon les procureurs. Son ADN a été associé à des traces trouvées sur une trottinette utilisée dans la fuite.
Trois autres personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire ont été libérées.
Adrien Sorrentino, l’avocat de la femme accusée, a déclaré aux journalistes que sa cliente est « dévastée » d’avoir été accusée du crime.
« Elle ne comprend pas comment elle est impliquée dans des éléments dont elle est accusée », a-t-il dit.
La femme a versé des larmes en comparant devant le tribunal samedi pour confirmer son adresse et entendre les charges portées contre elle, a rapporté le quotidien français Le Parisien.
Il n’y a pas d’indication que des objets volés aient été récupérés.
« Nous examinons toutes les possibilités sur le marché parallèle pour vendre ces bijoux, ce que j’espère ne se produira pas de sitôt. — Cela pourrait être utilisé pour du blanchiment d’argent, cela pourrait être utilisé pour le commerce, toutes les pistes sont explorées », a déclaré Beccuau à l’AP.
Beccuau a précédemment exprimé sa colère face aux fuites de l’enquête dans la presse, affirmant qu’elles risquent de compromettre le travail des enquêteurs.
Un vol en huit minutes
Les enquêteurs affirment que le vol audacieux a duré moins de 8 minutes, le matin du 19 octobre, au cours desquelles les voleurs se sont emparés de 8 pièces des bijoux de la couronne de France. Deux des quatre voleurs sont entrés dans le musée par la façade donnant sur la Seine vers 9h30, peu après l’ouverture du musée. Utilisant une nacelle élévatrice, ils ont accédé directement à la salle des bijoux de la galerie Apollon, située à moins de 300 mètres de la célèbre Mona Lisa.
Les objets volés comprennent des diadèmes ornés d’émeraudes et de saphirs, des colliers et des broches autrefois portés par les épouses de Napoléon Bonaparte et d’autres rois du XIXe siècle. Un des pièces — la couronne de l’Impératrice, ornée de plus de 1 000 joyaux — a été retrouvée à l’extérieur du musée. D’autres bijoux incluaient une tiara et un collier portés par la reine Marie-Amélie et la reine Hortense, datant du début du XIXe siècle. Les fonctionnaires estiment la valeur de la collection à environ 100 millions de dollars.
Les responsables ont révélé que les images de vidéosurveillance montraient les voleurs entrant « calmement » et brisant des vitrines contenant les bijoux. La ministre de la Culture de France, Rachida Dati, a déclaré qu’il n’y avait « pas de violence » pendant le vol, qu’elle a décrit comme « très professionnel ».
Le vol a également mis sous pression le président Emmanuel Macron et la directrice du Louvre, Laurence des Cars.
Macron a qualifié l’incident d’« attaque contre un patrimoine que nous chérissons parce que c’est notre histoire », et a promis de « récupérer les œuvres » et de traduire les auteurs « en justice ».
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a ensuite reconnu de graves défaillances, déclarant que le fait qu’un monte-charge puisse être installé sur une rue publique devant le Louvre sans être détecté « montre que nos systèmes doivent être réévalués ». Il a ajouté que l’incident « projette une image négative de la France » et a confirmé qu’un examen complet de la sécurité est en cours.
Reporting supplémentaire par Rebecca Schneid