Le cinéaste avait été placé en garde à vue lundi.
Le réalisateur Benoît Jacquot, 77 ans, a été mis en examen pour viols sur les actrices Julia Roy et Isild Le Besco, a annoncé le parquet de Paris, mercredi 3 juillet. Dans le détail, il est mis en examen pour « viol par conjoint », « agression sexuelle par conjoint » et « violences volontaires sans interruption temporaire de travail » sur Julia Roy. Il est également mis en examen pour « viol sur mineure » sur Isild Le Besco.
Benoît Jacquot a été placé sous contrôle judiciaire, avec plusieurs obligations : celle de « ne pas entrer en contact avec les témoins et victimes », une obligation de « soins psychologiques », l’interdiction de ne « pas exercer la profession de réalisateur y compris les apparitions publiques en lien avec les activités ayant permis la commission des infractions pour lesquelles il est mis en examen », « ne pas exercer d’activité en lien avec les mineurs ».
Le cinéaste est accusé par trois actrices, dont Judith Godrèche, de violences sexuelles, est présenté à un juge d’instruction. Plus tôt dans la journée, le parquet de Paris avait annoncé avoir ouvert une information judiciaire et requis sa mise en examen ainsi que son placement sous contrôle judiciaire. Sont visés par cette information judiciaire des faits de « viol, agression sexuelle et violences, susceptibles d’avoir été commis entre 2013 et 2018 au préjudice » de la comédienne Julia Roy, 34 ans aujourd’hui, et de « viol sur mineur par personne ayant autorité, viol par concubin, susceptibles d’avoir été commis entre 1998 et 2000, et en 2007 » au préjudice d’Isild Le Besco, 41 ans.
Trois nouvelles plaintes visant Jacques Doillon
Le cinéaste Jacques Doillon, 80 ans, avait également été placé en garde à vue lundi, dans le cadre de la même enquête ouverte en février par le parquet de Paris notamment pour « viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité », après la plainte de Judith Godrèche, 52 ans, contre les deux réalisateurs. Sa garde à vue a été levée mardi soir « pour des raisons médicales », fait savoir le parquet, précisant qu’il « s’est fait transmettre la procédure dès ce jour pour apprécier le périmètre et les modalités des suites à y donner ». Dans les deux procédures, les plaignantes qui ont dénoncé des faits qui ne figurent pas dans la période de prévention retenue – 2013-2018 pour Julia Roy et 1998-2000 et 2007 pour Isild Le Besco – « seront contactées personnellement », ajoute cette même source.
Devant les policiers, Jacques Doillon a notamment été confronté à Joe Rohanne, personne trans non binaire, qui a déposé plainte pour trois viols, coups et blessures et violences psychologiques, a confirmé à l’AFP son avocate, Laure Heinich. Porter plainte ? « J’y pensais depuis longtemps. Je ne passais pas le cap. Notre fille a 13 ans. C’est délicat de porter plainte contre le père de son enfant. j’ai longtemps eu peur que ce soir une épreuve trop difficile à vivre pour elle », a déclaré Joe à Libération.
Le Monde a révélé sa plainte mercredi soir, ainsi que celles de deux femmes accusant Jacques Doillon de viol pour l’une, de tentative de viol pour l’autre. L’avocate du cinéaste, Marie Dosé, n’a pas souhaité réagir.
Deux plaintes déposées après celle de Judith Godrèche
Les faits dénoncés par Judith Godrèche, qui affirme avoir vécu une relation d’« emprise » et de « perversion » avec Benoît Jacquot de 1986 à 1992, ne figurent pas dans l’information judiciaire en raison, notamment, de la prescription, a appris franceinfo auprès d’une source proche du dossier. Une enquête avait néanmoins été ouverte pour identifier d’autres victimes potentielles non prescrites. Julia Roy et Isild Le Besco ont décrit, dans la presse et dans un livre pour la seconde, le comportement d’un réalisateur qui a profité de son aura et de sa position pour exercer une emprise sur elles. Elles ont porté plainte après Judith Godrèche dans ce dossier.
« Nous prenons acte du déferrement de Benoit Jacquot devant un juge d’instruction pour des faits de même nature que ceux commis à l’encontre de Judith Godrèche dont les faits sont, pour ce qui la concerne, prescrits », a réagi auprès de l’AFP le conseil de Judith Godrèche, Laure Heinich. Sa cliente « peut néanmoins se sentir entendue à travers la décision prise par le parquet », a souligné l’avocate. Sur son compte Instagram, Judith Godrèche confirme ces propos.
Benoît Jacquot et Jacques Doillon contestent les faits
Benoît Jacquot conteste les faits dont il est accusé. Après son placement en garde à vue, son avocate Julia Minkowski a réagi en affirmant que le cinéaste allait « enfin pouvoir s’exprimer devant la justice », dénonçant une « ultra-médiatisation » et déplorant « des dysfonctionnements de la justice ».
Jacques Doillon clame aussi son innocence et a porté plainte contre Judith Godrèche pour diffamation. L’actrice et réalisatrice accuse le réalisateur, ex-époux de Jane Birkin et père de la comédienne Lou Doillon, d’avoir « abusé » d’elle lorsqu’elle avait 15 ans, dans son « bureau » et sur le plateau du tournage du film La Fille de quinze ans. Jacques Doillon « aurait dû être entendu dans le cadre d’une audition libre au vu de l’ancienneté des faits, de leur prescription acquise depuis plus de deux décennies, et de l’inéluctable classement sans suite qui clôturera cette enquête », a commenté son avocate, Marie Dosé, lors du placement en garde à vue de son client.