La procrastination, qui consiste à retarder l’exécution d’une tâche ou d’une prise de décision, se base souvent sur la connaissance des conséquences potentiellement négatives de ce report, tant pour soi que pour son entourage, rapporte TopTribune.
Il existe une part d’irrationnel dans ce comportement. Bien que la littérature scientifique sur ce sujet reste limitée, certains chercheurs ont réussi à identifier des raisons psychologiques sous-jacentes. Parmi celles-ci, le stress, comme l’indique le psychologue britannique Fuschia Sirois de l’Université de Durham, qui explique que les contextes stressants augmentent le risque de procrastination en épuisant les ressources d’adaptation et en abaissant le seuil de tolérance aux émotions négatives.
En effet, selon elle, la procrastination représente « un moyen peu coûteux en ressources d’éviter de nouvelles émotions négatives et difficiles » dans de telles circonstances.
Autoprotection
Du côté de l’Université de Princeton, la procrastination des étudiants est perçue comme une stratégie d’autoprotection. « Elle permet de toujours avoir l’excuse du ‘manque de temps’ en cas d’échec, ce qui préserve la confiance en ses propres capacités », rapportent les chercheurs. Cette dynamique souligne l’idée d’éviter le travail pour diminuer le risque d’être jugé sur ses compétences.
Qui sont les procrastinateurs ?
Une étude réalisée en 2022 par l’Inserm a analysé l’activité cérébrale de 51 procrastinateurs à travers l’IRM en utilisant des tests de décisions concernant des récompenses et des efforts nécessaires. Les résultats ont révélé l’activation d’une zone spécifique du cerveau, le cortex cingulaire antérieur, qui effectue un calcul coût-bénéfice entre efforts et récompenses.
Les participants devaient choisir entre fournir un effort immédiat pour obtenir une récompense rapide ou attendre pour une plus grande récompense. De plus, ils devaient compléter des formulaires pour être indemnisés de leur participation à l’étude. Ces résultats ont permis aux scientifiques de développer un modèle mathématique de la prise de décision.
La procrastination semble donc être liée à l’impact du délai sur l’évaluation des tâches demandant un effort. Mathias Pessiglione, chercheur à l’Inserm, note que cette tendance pourrait être attribuée au fait que notre cerveau évalue plus rapidement les coûts que les bénéfices associés aux délais. En analysant les résultats aux tests d’imagerie cérébrale, les chercheurs ont pu établir un profil type de procrastinateur, tenant compte de leur attirance pour les récompenses et leur aversion à l’effort, permettant même de prédire le délai avant l’envoi d’un formulaire rempli.