Jeux d'argent : 5,4 millions de Français se tournent vers des sites illégaux en 2024

Jeux d’argent : 5,4 millions de Français se tournent vers des sites illégaux en 2024

04.11.2025 13:13
2 min de lecture

Alors que la fiscalité numérique en France s’efforce de se renforcer, un aspect majeur du web reste hors de portée de Bercy : le secteur du jeu en ligne illégal. D’après les dernières données de l’Association française du jeu en ligne (Afjel), la fréquentation des plateformes non autorisées a considérablement augmenté, générant un marché parallèle évalué à près de 2 milliards d’euros en produits bruts de jeux (PBJ). Cette situation met en lumière non seulement un échec dans le contrôle fiscal, mais également la montée d’un usage numérique qui échappe à tout encadrement, rapporte TopTribune.

Une augmentation marquée des utilisateurs sur les sites illégaux

Le jeu en ligne illégal est devenu un phénomène majeur. Selon les informations fournies par l’Afjel, le nombre de Français ayant joué sur des sites non agréés a atteint 5,4 millions en 2025, alors que seulement 3,5 millions ont utilisé des plateformes officielles. Sur deux ans, cela représente une augmentation de 35 %.

Cette croissance s’explique en grande partie par la facilité d’accès au web : des opérateurs basés à l’étranger ciblent les joueurs français à travers des réseaux sociaux, des moteurs de recherche et via des influenceurs établis hors de France. Malgré les efforts de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), qui a ordonné le blocage de 1 000 adresses URL depuis janvier, cette dynamique n’a pas faibli.

Un aspect préoccupant réside dans le manque de connaissances du public : 80 % des utilisateurs de ces plateformes ignorent qu’ils enfreignent la loi. Ainsi, le jeu en ligne illégal tend à se normaliser, ontologiquement confondant les notions de divertissement numérique et d’activités illégales.

Un déficit fiscal conséquent et des risques systémiques

Derrière cette poussée d’utilisateurs, c’est tout un éventail de la fiscalité française qui se dégrade. Selon le baromètre 2025, le manque à gagner se chiffre à 1,2 milliard d’euros par an, entre taxes non perçues et contributions sociales ignorées. Actuellement, les opérateurs illégaux, souvent enregistrés à Curaçao, Chypre ou Malte, ne s’acquittent ni de TVA ni d’impôt sur les sociétés. Ce vide fiscal crée une distorsion de concurrence inacceptable pour les opérateurs agréés, soumis à une pression fiscale lourde.

Les projections de PwC pour l’Afjel indiquent que le produit brut des jeux provenant de l’offre illégale s’élève à 2 milliards d’euros en 2025, représentant presque un tiers du marché français du jeu en ligne. Ce chiffre dépasse même celui de certains segments régulés, tels que les paris sur les courses de chevaux. Par conséquent, l’État se prive de recettes substantielles dans un secteur en pleine expansion, à un moment où il consacre des fonds à des programmes de prévention et de lutte contre l’addiction aux jeux d’argent.

Le rapport met également en évidence les transformations structurelles au sein du marché. La croissance du jeu en ligne illégal ne se limite pas seulement aux casinos virtuels ; elle s’étend désormais aux paris sur l’e-sport, aux jeux de hasard hybrides et aux plateformes ayant recours aux “loot boxes” déguisées.

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