Inflation fiscale : la généralisation de la richesse pour tous

Inflation fiscale : la généralisation de la richesse pour tous

04.11.2025 10:03
3 min de lecture

Au départ, l’idée était claire : imposer les ultra-riches. Ciblant ceux ayant des fortunes dépassant les cent millions d’euros, ce concept tiré des classements de Forbes représentait une réponse à une injustice perçue : les riches échappent à l’impôt tandis que les plus modestes paient. Bien que des approximations aient été relevées — mélange des revenus générés par les entreprises et ceux des individus, créant une notion de « revenu économique » — l’essentiel semble résider dans la bonne conscience collective. En dépit d’un système de redistribution en France déjà plus favorable que dans d’autres pays, où le flux net bénéficie souvent aux plus pauvres, il suffit de lire entre les lignes pour comprendre que certains arguments économiques sont contestables. Ce qui importait réellement, c’était de faire passer un message fort, rapporte TopTribune.

Des ultra-riches aux classes moyennes supérieures

Cependant, la dynamique prend rapidement de l’ampleur. Le projet d’un impôt sur les fortunes colossales suscite une controverse. Comme souvent, l’idéal se heurte aux réalités du terrain. On s’aperçoit qu’il n’existe pas autant de fortunes à cent millions d’euros qu’on le pensait, et que celles qui existent sont déjà lourdement taxées et créatrices d’emplois. Ainsi, le curseur est abaissé : la cible devient les holdings, réduisant le seuil à dix millions. Une somme certes conséquente, mais représentant souvent le reçu cumulatif d’un entrepreneur ayant réussi grâce à ses efforts, et qui continue à investir pour développer son entreprise. Taxer les holdings signifie attaquer directement les entrepreneurs, ces acteurs clés de la création de valeur et d’emplois. Ce n’est pas un instrument de fraude, mais un moyen de gestion visant à investir et transmettre un patrimoine. Pourtant, l’objectif symbolique prime, et le seuil poursuit sa descente. Cinq millions, puis un. Et nous voilà face à l’impôt sur la fortune financière, qui débute à 1,3 million d’euros. Bien que cette somme semble énorme dans le discours politiquement correct, elle se traduit souvent par la valeur d’un appartement acheté pour 200 000 francs dans les années 90, aujourd’hui réévalué, auquel s’ajoutent des économies et une assurance-vie. En somme, elle représente le résultat des efforts de milliers de Français ayant travaillé, économisé, payé leurs impôts et voulu construire un patrimoine. Ces individus sont aujourd’hui considérés comme des nantis.

Le piège de la relativité

La dérive des concepts devient alors préoccupante. Au gré des ajustements des seuils, la définition du « riche » s’assouplit, passant de 100 millions d’euros à 10 millions, puis à 1,3 million aujourd’hui. La médiane du patrimoine en France en 2021 était de 124 000 euros. Cela implique que la moitié des Français possède moins que ce montant, et l’autre moitié plus. En suivant la logique de certains théoriciens fiscaux, on pourrait donc classer tous ceux possédant au-delà de 124 000 euros comme « riches », et 250 000 euros comme ultra-nantis. Pourquoi alors ne pas faire contribuer ceux ayant plus de 250 000 euros de patrimoine ? Par exemple, pour un propriétaire d’une maison dans une banlieue où les prix ont enflé, pourquoi ne pas appliquer le même raisonnement ? Si sa maison vaut 500 000 euros, un impôt de 1 % par an pourrait se traduire par 5 000 euros simplement pour le fait d’avoir choisi une région avec des prix en hausse. Ce calcul paraît absurde, mais il illustre la logique imparfaite derrière cette escalade fiscale : chaque nouveau seuil abaisse la définition de la richesse, à tel point que cela pourrait englober Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

Une inflation contre la liberté

Si l’inflation monétaire nuit aux populations, l’inflation fiscale crée une division entre les citoyens. Elle menace directement la liberté individuelle, ainsi que les valeurs de réussite et de mérite. Chaque euro d’impôt supplémentaire, chaque seuil abaissé ne s’attaque pas aux « riches » stéréotypés, mais pénalise plutôt ceux qui ont travaillé dur : le commerçant d’une vie, l’artisan bâtisseur de son affaire, le cadre qui prévoit pour sa retraite. Cette situation représente une forme de lutte culturelle, un affrontement contre la réussite personnelle. Comme l’histoire l’illustre, lorsque tout le monde est considéré comme riche aux yeux de l’État, plus personne ne peut réellement l’être.

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