Guerre en Ukraine : pourquoi Donald Trump a-t-il décidé de suspendre l'aide militaire américaine ?
Guerre en Ukraine : pourquoi Donald Trump a-t-il décidé de suspendre l'aide militaire américaine ?

Guerre en Ukraine : pourquoi Donald Trump a-t-il décidé de suspendre l’aide militaire américaine ?

04.03.2025
3 min de lecture

A la veille de son discours devant le Congrès des Etats-Unis, le président américain a décidé lundi d’accentuer la pression sur Volodymyr Zelensky. De son côté, Kiev continue de s’opposer à un « cessez-le-feu sans garanties », qui serait « la voie vers l’occupation russe de tout le continent européen ».

Il a mis sa menace à exécution. Donald Trump a ordonné, lundi 3 mars, une « pause » dans l’aide militaire des Etats-Unis à Kiev. « Nous réexaminons notre aide pour nous assurer qu’elle contribue à la recherche d’une solution » au conflit entre l’Ukraine et la Russie, a expliqué un responsable de la Maison Blanche, sous couvert d’anonymat. Cette suspension concerne essentiellement le soutien approuvé sous l’ancienne administration de Joe Biden et très largement soldé. Il reste toutefois des équipements et armes à livrer.

Cette décision intervient quelques jours après l’altercation devant les caméras entre le président américain et son homologue ukrainien à la Maison Blanche et deux semaines après l’entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Washington reproche à l’Ukraine de n’être pas assez « reconnaissante » envers les Etats-Unis, qui lui ont fourni une aide massive pour sa défense face à la Russie. 

« La décision vise directement Zelensky »

Pour Peer de Jong, vice-président de l’institut Themiis et ancien colonel des troupes de marines, « la décision vise directement Volodymyr Zelensky. Depuis vendredi, une glaciation s’est mise en place entre les Etats-Unis et l’Ukraine », analyse-t-il au micro de franceinfo mardi. La fin de l’aide américaine aurait en effet un impact réel sur la capacité de l’Ukraine à repousser les troupes russes car « l’Europe n’est pas en situation de compenser ce manque américain ». 

La tension entre Washington et Kiev n’est pas redescendue. Sur son réseau social Truth, Donald Trump s’en est de nouveau pris lundi au président ukrainien, selon qui « un accord mettant fin à la guerre [est] très très lointain »« C’est la pire chose que Zelensky pouvait dire et l’Amérique ne va plus tolérer ça très longtempsCe type ne veut pas de paix tant qu’il a le soutien de l’Amérique », a-t-il écrit.

Dans un entretien à la chaîne Fox News, enregistré avant l’annonce de la suspension de l’aide américaine, le vice-président américain, J.D. Vance, a estimé pour sa part que le président ukrainien avait « montré un refus clair de s’engager dans le processus de paix » souhaité par Donald Trump. « Je pense que Zelensky n’y était pas encore, et je pense, franchement, qu’il n’y est toujours pas, mais je pense que nous finirons par y arriver. Il le faut. »

La suspension de l’aide permet ainsi au locataire de la Maison Blanche d’accentuer la pression sur Kiev, dans le but de pousser le président ukrainien à négocier un cessez-le-feu avec Moscou, et aussi de signer un accord sur l’accès aux minerais ukrainiens par les Etats-Unis, remis en cause après la discussion houleuse de vendredi. « Le président a clairement indiqué qu’il se concentrait sur la paix. Nous avons besoin que nos partenaires s’engagent eux aussi à atteindre cet objectif », a martelé un responsable de la Maison Blanche. 

Donald Trump soutenu par son électorat

Comme en écho aux propos du président américain, la Russie, qui a déclenché la guerre contre l’Ukraine il y a trois ans, a assuré lundi qu’il fallait « forcer Zelensky » car « il ne veut pas la paix ». De son côté, Kiev continue de s’opposer à un « cessez-le-feu sans garanties », qui serait « la voie vers l’occupation russe de tout le continent européen », a affirmé lundi le Premier ministre, Denys Chmygal.

La décision de Donald Trump repose aussi sur des considérations de politique intérieure, dans la lignée de son slogan de campagne « America first » (« l’Amérique d’abord »). A la veille du premier discours devant le Congrès, le républicain de 78 ans souhaite concrétiser ses promesses électorales de rupture en matière de diplomatie. Avant sa victoire en novembre, Donald Trump n’a eu de cesse de déclarer qu’il mettrait fin à la guerre en Ukraine « en moins de 24 heures », faisant planer la menace d’une fin du soutien américain à l’Ukraine.

L’argument du coût financier du soutien américain à Kiev a été brutalement évoqué vendredi devant Volodymyr Zelensky et les caméras. « On vous a déjà donné, à cause du stupide président [Joe Biden], 350 milliards d’équipements militaires. Vos hommes sont courageux mais ils utilisent notre équipement, si vous ne l’aviez pas, cette guerre aurait été finie en deux semaines, deux jours », a lancé Donald Trump. Ce montant, largement surestimé, est mis en avant par le nouveau locataire de la Maison Blanche pour justifier ses choix concernant l’Ukraine. Son souhait de signer un accord sur les minerais ukrainiens, a pour but, selon lui, de « récupérer l’argent » versé par les Etats-Unis depuis le début de la guerre. 

L’argument vise aussi à donner des gages à son électorat. Si les Américains sont très partagés sur la poursuite du soutien militaire des Etats-Unis à l’Ukraine, un sondage publié dimanche par la chaîne CBS(Nouvelle fenêtre) souligne que seul un sympathisant républicain sur trois y est favorable. Par ailleurs, 41% décrivent la Russie comme une alliée ou une amie, quand 27% y voient une ennemie.

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