Présenté comme « l’architecte » des attentats du 7 octobre 2023, le dirigeant du groupe islamiste dans la bande de Gaza était suspecté de se cacher dans les tunnels construits sous ce territoire, entouré d’otages israéliens utilisés comme boucliers humains.
L’information marque un tournant dans la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza depuis les attaques du 7-Octobre. Dans la soirée de jeudi 17 octobre, l’armée de l’Etat hébreu et les services du renseignement intérieur ont confirmé la mort, survenue la veille, de Yahya Sinouar. Chef du Hamas resté à Gaza, il avait été élu, en août, à la tête du bureau politique de l’organisation islamiste au pouvoir dans l’enclave palestinienne, après l’assassinat en Iran d’Ismail Haniyeh, qui occupait auparavant ces fonctions.
Voici ce que l’on sait des éléments qui ont permis de retrouver la trace de l’homme surnommé le « boucher de Khan Younès », du nom du camp de réfugiés où il est né. Présenté comme la cible numéro un d’Israël, il était recherché par tous les moyens par les autorités, qui avaient ainsi justifié d’incessantes opérations dans la bande de Gaza.
Une traque qui remonte aux attaques du 7-Octobre
Âgé de 61 ans, Yahya Sinouar était présenté comme « l’architecte » des attaques terroristes meurtrières du 7 octobre 2023 sur le sol israélien. Il était suspecté de se cacher depuis les faits dans les tunnels creusés sous la bande de Gaza. L’armée le soupçonnait de s’entourer d’otages israéliens utilisés comme boucliers humains.
Dans une vidéo tournée quelques jours seulement après les attentats, dans la foulée de la riposte israélienne sur l’enclave palestinienne, le responsable de l’organisation islamiste apparaissait dans un tunnel, accompagné de membres de sa famille, selon Tsahal. Dans une autre vidéo, les soldats exposaient ce qu’ils présentaient comme la cachette du numéro 1 du Hamas : des vivres sur la table de la cuisine, ainsi qu’un coffre-fort rempli de billets y figuraient notamment.
« Cette documentation est le résultat de la chasse à l’homme que nous menons après [Yahya] Sinouar, qui ne cessera pas tant que nous ne l’aurons pas attrapé, mort ou vif », déclarait l’armée israélienne, en diffusant ces images, quelques mois plus tard. Au fil des mois et de la progression de l’armée israélienne dans ce dédale, les autorités militaires ont suivi la trace de Yahya Sinouar. « Au cours des mois suivants, plusieurs rumeurs ont circulé selon lesquelles il aurait été tué dans l’une des frappes aériennes israéliennes, mais elles n’ont jamais été confirmées », écrit le quotidien israélien Haaretz.(Nouvelle fenêtre)
Selon des informations recueillies par le quotidien Times of Israel(Nouvelle fenêtre), des prélèvements ADN ont été réalisés dans un tunnel où les corps de six otages ont été retrouvés en août. Ces tests ont permis d’affirmer que la responsable du Hamas se trouvait sur les lieux. Mais là encore, les analyses ne donnent pas d’indication sur la date et le chef de l’organisation islamiste reste introuvable.
Il a été tué lors d’une patrouille visant des « militants » du Hamas
Ce n’est pourtant pas dans un tunnel que Yahya Sinouar a été localisé avant d’être tué. Selon la BBC(Nouvelle fenêtre), c’est lors d’une patrouille dans les ruines du quartier de Tal al-Sultan, à Rafah, qu’une unité de la 828e brigade Bislamach ouvre le feu sur trois hommes identifiés comme des militants du Hamas. Deux d’entre eux s’échappent dans un bâtiment et un troisième s’enfuit dans un immeuble éventré par de précédents bombardements israéliens sur la grande ville du sud de la bande de Gaza.
Yahya « Sinouar s’est engouffré seul dans un bâtiment et nos forces ont inspecté la zone avec un drone », a raconté le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari.
La vidéo tournée par l’engin montre un homme assis dans un fauteuil, dans un salon détruit à l’étage d’un bâtiment, une blessure grave à une main et le visage caché par un keffieh, l’écharpe traditionnelle palestinienne. Il lance ce qui semble être un bâton vers le drone, avant que des soldats ne tirent à nouveau dans sa direction. Il est tué lors de cette attaque.
Son identité a été vérifiée par Israël après un prélèvement ADN
A cet instant, l’homme touché n’a pas encore été identifié comme étant le dirigeant de l’organisation islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, mais « comme un terroriste dans un bâtiment », selon les mots de l’armée israélienne quand elle communique pour la première fois sur cette attaque. Selon les déclarations de l’armée israélienne, des soldats de Tsahal opéraient « ces dernières semaines » dans la zone. Des opérations qui ont mené, toujours selon l’armée, au repérage des trois hommes mercredi, précédemment observés en train d’effectuer « des allées et venues », selon le Jerusalem Post(Nouvelle fenêtre).
Dans un premier temps, « rien ne semblait particulièrement marquant dans la fusillade et les soldats [israéliens] ne sont revenus sur les lieux que jeudi matin », écrit la BBC. « C’est à ce moment, alors que les morts étaient inspectés, qu’on a découvert que l’un des corps présentait une ressemblance frappante avec le chef du Hamas. »
Jeudi, dans un communiqué commun, l’armée israélienne et le renseignement intérieur, le Shin Bet ont d’abord annoncé qu’ils vérifiaient « la possibilité que l’un des terroristes soit Yahya Sinouar ». Des empreintes dentaires ont été soumises au laboratoire médico-légal de la police et des tests ADN, aux résultats concluants, ont été effectués. Israël possédait, en effet, ces informations génétiques depuis l’incarcération du leader islamiste entre 1988 et 2011, dans les prisons de l’Etat hébreu.