Sur les quais de Seine, Emmanuel Macron a été aperçu seul et en silence, suscitant l’amusement des internautes, alors que son gouvernement traverse une crise politique majeure suite à la démission de Sébastien Lecornu. Ce silence prolongé contraste avec les attentes des Français, et aucune communication officielle du Président n’est prévue, rapporte TopTribune.
Le chef de l’État, largement considéré comme responsable de la situation actuelle résultant de la dissolution ratée de 2024, semble s’enfermer dans l’inaction, tandis que son Premier ministre démissionnaire doit trouver une issue à la crise.
Le silence, une stratégie politique
Alors que des tractations avec les partis politiques doivent se poursuivre, la question se pose : quand Emmanuel Macron s’exprimera-t-il devant le peuple français ? Pour Christian Le Bart, professeur de science politique, « le silence est une stratégie politique véritable ». Il explique qu’il existe deux façons d’agir dans l’arène politique : parler pour prendre des décisions ou rester silencieux, comme l’a fait Charles de Gaulle lors des événements de Mai 1968.
« Les leaders peuvent tirer parti du silence pour manipuler les attentes et laisser les autres réagir d’abord », analyse-t-il.
Une stratégie risquée
Le silence d’Emmanuel Macron pourrait lui être bénéfique, tant qu’il ne s’éternise pas. « Cependant, cette tactique comporte des risques en période de crise », avertit Le Bart. Si de Gaulle avait su se sortir d’une situation difficile en 1968, cela ne fut pas sans conséquences à long terme, puisque sa démission s’en est suivie un an plus tard.
La communication absente du Président pourrait également être liée à son « désarroi ». Apperçu récemment sur les quais, sa solitude pose question : est-elle le reflet d’un pouvoir affaibli ou simplement une mise en scène pour montrer une résilience ?
« Tous les regards se portent sur le président car les solutions à la crise — la nomination d’un nouveau Premier ministre, la dissolution de l’Assemblée nationale ou sa propre démission — dépendent de lui », souligne Le Bart.
Un tempo dicté par Macron
Son silence est en partie dû au calendrier qu’il a lui-même établi : « Il a accordé deux jours à son Premier ministre pour procéder aux consultations », poursuit Le Bart. Par conséquent, « il est prématuré de s’exprimer sans avoir les résultats de ces discussions », ajoute Pierre Egéa, professeur de droit constitutionnel.
« Le moment n’est pas propice », conclut-il, tout en anticipant un besoin inéluctable de communication si aucune solution n’émerge rapidement de ces négociations. Le Bart prévoit qu’Emmanuel Macron devra à un moment donné s’exprimer, mais cela se fera via une allocution présidentielle au lieu d’une simple interview, fidèle à la tradition du macronisme.
Cette situation politique complexe laisse encore ouverte un éventail de solutions possibles, tandis que chaque minute d’inaction alimente l’incertitude autour de son avenir politique.