Un tremblement de terre de magnitude 7,7 et une réplique de 6,7 ont secoué le centre de la Birmanie vendredi. Le bilan risque d’être lourd dans ce pays où quatre ans de guerre civile ont mis à mal le réseau hospitalier et de secours.
La terre a tremblé en Asie du Sud-Est. Un important séisme a fait au moins 1 000 morts, vendredi 28 mars, et causé d’importants dégâts en Birmanie et en Thaïlande. Les secousses ont été ressenties dans plusieurs pays voisins, jusqu’à plus d’un millier de kilomètres de l’épicentre. La junte militaire birmane au pouvoir a lancé un appel à l’aide internationale dès vendredi. Samedi, les recherches se poursuivent dans l’espoir de trouver des survivants dans les décombres. Franceinfo fait le point sur la situation.
L’épicentre est situé sur la faille de Sagaing
Le séisme de magnitude 7,7 sur l’échelle de Richter s’est produit vendredi 28 mars à 12h50 (heure locale). L’épicentre est situé dans la région de Sagaing, dans le centre du pays, à une dizaine de kilomètres sous terre. Quelques minutes plus tard, la zone a été touchée par une deuxième secousse de magnitude 6,7, puis par de nombreuses répliques de plus faibles intensités. Ces tremblements de terre ont été ressentis dans les pays voisins de la Birmanie : en Chine, en Inde, en Thaïlande, au Laos et jusqu’au Cambodge.
Ce séisme s’est produit au niveau de la faille de Sagaing, qui s’étend de manière rectiligne du nord de la Birmanie jusqu’à la côte sud, sur environ 1 200 km, comme le montre cette carte de Institut d’études géologiques des Etats-Unis, partagée par le géologue et directeur de recherche au CNRS Robin Lacassin.

La faille de Sagaing « est depuis longtemps considérée comme l’une des failles coulissantes les plus dangereuses du monde » en raison de sa proximité avec les grandes villes de Rangoun, de Mandalay et de la capitale birmane Naypyidaw, écrivent les sismologues Judith Hubbard et Kyle Bradley, dans une note d’analyse(Nouvelle fenêtre) publiée vendredi.
Le bilan humain est amené à s’alourdir
Au moins 1 007 personnes ont été tuées et 2 389 autres blessées en Birmanie, a précisé samedi la junte militaire, au pouvoir depuis le coup d’Etat du 1er février 2021. L’état d’urgence a été déclaré dans six régions de Birmanie, alors que les dégâts concernent particulièrement la région de Mandalay. Dans la deuxième ville du pays, où vivent 1,5 million d’habitants, plus de 90 personnes seraient piégées dans les décombres d’un immeuble d’habitation de douze étages, selon un responsable de la Croix-Rouge.
Les moyens de communication étant endommagés, l’étendue du désastre est encore à difficile à évaluer et le bilan humain pourrait encore fortement s’aggraver. En outre, les quatre ans de guerre civile ont mis à mal le système hospitalier et isolé le pays du reste du monde, laissant craindre une très importante crise humanitaire.
En Thaïlande, un immeuble de 30 étages en construction s’est effondré à Bangkok. Le gouverneur de la capitale thaïlandaise a déclaré à l’AFP qu’une dizaine de personnes avaient été tuées, la plupart sur le site du chantier. Mais il a prévenu que le bilan pourrait s’alourdir. Cinquante ouvriers sont encore vivants sous les décombres, selon le reporter de franceinfo sur place, citant les secouristes, qui ont pu les comptabiliser grâce à une caméra thermique.
Les dégâts matériels sont considérables
En Birmanie, à Mandalay, plusieurs bâtiments ont été réduits en miettes, ensevelissant de nombreuses victimes sous les gravats. Le pont d’Ava, au-dessus du fleuve Irrawaddy, dans la ville de Sagaing, construit il y a près de 100 ans, s’est également écroulé. Des dégâts ont aussi été observés à l’aéroport de Mandalay, ce qui pourrait compliquer l’arrivée des secours. Le campus de l’université et l’ancienne muraille du palais de la ville ont également souffert des secousses, selon la Croix-Rouge.
Dans la capitale Naypyidaw, des reporters de l’AFP ont vu des bâtiments renversés et plusieurs routes fissurées. Un des hôpitaux a été contraint de soigner des patients à l’extérieur, à cause de l’effondrement de l’entrée des urgences et d’importants dégâts causés au bâtiment. Des pannes de courant ont été signalées dans plusieurs régions et l’alimentation électrique a été limitée à quatre heures par jour dans l’ancienne capitale Rangoun, tandis que les réseaux téléphoniques sont largement hors service.
A Bangkok, en Thaïlande, une grue s’est effondrée sur un chantier et le métro a été fermé vendredi. Des centaines de personnes, dans l’incapacité de rentrer chez elles, ou inquiètes de la solidité de leurs domiciles, ont passé la nuit dans les parcs, selon les autorités municipales. Certains hôpitaux ont également été évacués, poussant une femme à accoucher en pleine rue dans la capitale thaïlandaise.
La Birmanie a appelé à l’aide internationale
En Birmanie, l’ampleur de la catastrophe a poussé la junte militaire au pouvoir à lancer un rare appel à l’aide de la communauté internationale. Son chef a ainsi encouragé « tout pays, toute organisation » à soutenir les opérations de secours et affirmé qu’il avait « ouvert toutes les voies pour l’aide étrangère ». De nombreux pays ont répondu à l’appel, dont l’Inde voisine, les Etats-Unis, la Chine, l’Indonésie ou encore l’Union européenne.
Cependant, la façon d’apporter cette aide sur place reste à préciser, selon Philippe Besson, fondateur et président de l’ONG Pompiers de l’urgence internationale. « L’appel à l’aide internationale de la Birmanie n’est absolument pas précis. C’est beaucoup trop vaste », estime-t-il sur franceinfo. « Il y a trois challenges : la sécurité, la logistique et le fait que la zone soit vraiment difficile d’accès avec des aéroports qui sont inopérationnels », relève Philippe Besson.

« Il faut se poser avec un avion dans la ville de Rangoun, après vous avez 6 heures de route pour vous rendre sur la zone de l’épicentre. En termes de logistique, c’est un challenge considérable. »Philippe Besson, président de l’ONG Pompiers de l’urgence internationale
L’Inde a déjà envoyé un avion militaire chargé de kits d’hygiène, de couvertures ou encore de colis alimentaires et embarqué une équipe de recherche et de secours, ainsi qu’une équipe médicale. « Nous allons les aider. (…) C’est terrible ce qu’il se passe », a de son côté affirmé le président américain Donald Trump. L’Organisation mondiale de la santé a annoncé qu’elle se préparait à renforcer son soutien face à un risque sanitaire et humanitaire « très, très grave ».