"Avant que les preuves ne disparaissent" : un an après le début de la guerre au Soudan, les civils tentent de collecter les témoignages de réfugiés
"Avant que les preuves ne disparaissent" : un an après le début de la guerre au Soudan, les civils tentent de collecter les témoignages de réfugiés

« Avant que les preuves ne disparaissent » : un an après le début de la guerre au Soudan, les civils tentent de collecter les témoignages de réfugiés

15.04.2024
2 min de lecture

Alors que le Soudan traverse une des pires crises humanitaires au monde selon les Nations Unies, la société civile se mobilise pour enquêter sur ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts.

Il y a un an jour pour jour, au Soudan, Abdel Fattah Al-Buran et Mohamed Hamdan Daglo, les deux généraux qui dirigeaient ce pays d’Afrique de l’Est, engageaient toutes les forces dans une lutte pour le pouvoir plongeant une nation entière dans le chaos. Depuis, toutes les tentatives de médiation ont échoué. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils, et plus de huit millions de déplacés provoquant l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nation Unies.

Un véritable « nettoyage ethnique » se déroule, selon les expertsdans la région du Darfour, au sud-ouest du pays, que les victimes qualifient même de « génocide ». L’accès à la zone est impossible aux journalistes et aux enquêteurs mais les survivants de la société civile soudanaise tentent, au péril de leur vie, de collecter des preuves dans les camps de réfugiés du Tchad.

Au Soudan, Abdelmoneïm Juzur exerçait comme avocat. Depuis son arrivée au Tchad, il arpente inlassablement les camps de réfugiés pour collecter preuves et témoignages.

« Dans le cabinet où je travaillais nous étions trois. Mes deux associés ont été assassinés. Si je continue le travail aujourd’hui, c’est aussi en leur mémoire, pour qu’ils ne soient pas morts en vain. »l’ancien avocat soudanais Abdelmoneïm Juzur

à franceinfo

Armé de son calepin, il note chaque détail du récit de cet homme : « Il y avait tellement de cadavres partout dans les rues, alors je me suis porté volontaire pour les enterrer. On partait remplir les fosses communes. J’ai enterré jusqu’à 150 personnes en une seule nuit. » L’ONU a déjà confirmé l’existence d’au moins 13 de ces fosses communes. Abrité des regards par une simple bâche, un autre homme dévoile plusieurs blessures par balle.

De retour à l’abri de fortune où se réunit le collectif des avocats du Darfour Ouest, sans ordinateurs ni électricité, les données sont recopiées à la main sur des centaines de feuilles en papier. Ils dénombrent 18 000 morts et 7 000 disparus rien que dans la région, témoigne l’avocat Ahmad Khamis.

« Il faut conserver ces données pour les mettre à la disposition de la justice internationale. »l’avocat Ahmad Khamis

à franceinfo

« Si toutes les informations sont déjà prêtes, les procédures seront plus rapides. Mais il faut faire le travail en amont avant que les gens oublient ou que les preuves disparaissent », explique-t-il. Ce travail n’est pas sans risque. Les noms des avocats circulent sur des listes de personnes à éliminer comme l’atteste un rapport des Nations Unies. Abdelmoneïm Juzur le sait bien : « Si l’on me tue, conclut-il froidement, d’autres avocats poursuivront le travail. »

Source: franceinfo

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