Une avancée significative pour l’extrême droite à l’Assemblée nationale. Ce jeudi, les députés ont approuvé une proposition de résolution du Rassemblement national (RN) appelant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968. Cette victoire, la première dans l’histoire du RN, a été obtenue avec un vote serré de 185 voix contre 184, grâce à l’appui des groupes Les Républicains (LR) et Horizons, rapporte TopTribune.
Cette résolution, hautement symbolique, remet en cause des clauses spécifiques relatives à l’immigration et au séjour des Algériens en France. Maître de l’ordre du jour durant toute la journée, le RN a réussi à imposer un sujet sensible, provoquant un trouble inattendu au sein des rangs macronistes.
Union des droites
Le vote s’est fait avec le soutien total des députés de Marine Le Pen et de son allié Éric Ciotti, ainsi que l’approbation de plusieurs membres des groupes LR et Horizons. Laurent Wauquiez, chef des élus de droite, a justifié ce soutien en soulignant que « quand le RN porte des projets ou des convictions que nous partageons, il n’y a aucune raison … de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays », rappelant qu’une proposition similaire avait été portée par sa formation il y a deux ans.
Du côté du groupe dirigé par Édouard Philippe, Sylvain Berrios a également exprimé son soutien à cette dénonciation, qualifiant le texte de « mandat donné au gouvernement pour qu’il fasse son travail ». Cependant, le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, a réaffirmé que l’exécutif privilégierait la renégociation de l’accord dans le cadre d’un dialogue exigeant avec l’Algérie, précisant que Paris n’avait « rien à gagner à une aggravation de la crise » déjà présente avec Alger.
Marine Le Pen a exprimé sa satisfaction, qualifiant cette journée d’« historique » pour son parti, dont les initiatives avaient historiquement rencontré une forte opposition au Palais Bourbon.
Malaise autour de l’absence d’une partie de Renaissance
La gauche a tenté de contrer cette avancée en dénonçant les « lubies racistes » du RN. L’insoumis Bastien Lachaud a évoqué l’« obsession morbide » du RN, tandis que le socialiste Laurent Lhardit a interpellé : « Votre histoire, c’est celle d’un parti qui ne prospère que sur la haine de l’autre ». L’écologiste Sabrina Sebaihi a accusé le RN d’être « la dernière survivance politique de la haine coloniale ». Cependant, les quatre groupes de gauche n’ont pas été en mesure de mobiliser leurs suffrages avec 143 voix contre le texte dans un total de 195.
Les critiques se sont aussi dirigées vers Gabriel Attal et son groupe Ensemble pour la République, qui n’aura été représenté que par 40 députés sur 92, dont 30 ont voté contre le texte. Olivier Faure, chef du Parti socialiste (PS), a questionné : « Ils étaient où les macronistes ? », tandis que Cyrielle Chatelain, cheffe du groupe écologiste, a ajouté que la voix manquante pour contrer le RN était celle de Gabriel Attal.
Suite à cette tournure des événements, le RN espère obtenir une seconde victoire avec sa proposition de loi visant à rétablir le délit de séjour irrégulier, une idée qu’il considère « majoritaire au sein de l’Assemblée ». Si le temps le permet, d’autres textes, comme celui pour « limiter les frais bancaires », inspiré d’une initiative communiste, ainsi qu’un autre pour la « gratuité des parkings d’hôpitaux », pourraient voir le jour. Face à cet embarras, le député LFI Éric Coquerel a évoqué le principe de son groupe de ne jamais voter un texte du RN, tout en laissant ouverte la possibilité de « ne pas participer au vote ».