"Si tu te rebelles, ils t’envoient en cellule" : des Ukrainiens confient leur inquiétude d'être enrôlés de force dans l'armée et envoyés au front
"Si tu te rebelles, ils t’envoient en cellule" : des Ukrainiens confient leur inquiétude d'être enrôlés de force dans l'armée et envoyés au front

« Si tu te rebelles, ils t’envoient en cellule » : des Ukrainiens confient leur inquiétude d’être enrôlés de force dans l’armée et envoyés au front

12.11.2024
2 min de lecture

L’armée ukrainienne peine à regarnir ses rangs après bientôt trois ans d’invasion. Des Ukrainiens dénoncent le système d’enrôlement mis en place et usent de stratégies pour éviter à tout prix d’aller combattre.

L’Ukraine a besoin de soldats pour endiguer la poussée des forces russes sur son territoire. Le pays prévoit de mobiliser 160 000 soldats supplémentaires pour renforcer son armée et atteindre un taux de 85 % d’effectifs dans les brigades.

Une décision difficile dans un pays qui a déjà mobilisé plus d’un million de personnes. À Odessa, dans le sud du pays, des Ukrainiens racontent leur peur d’être enrôlés de force.

Fuir les recruteurs

Sur les réseaux sociaux, des vidéos circulent et terrifient des hommes. Sur l’une d’entre elles, tournée dans le centre-ville d’Odessa, on voit un jeune homme se débattre comme il peut, maîtrisé par une dizaine d’hommes en uniformes noirs, il est traîné dans un fourgon pour être emmené au centre de recrutement. Ces vidéos effraient notamment Sasha. Pour éviter la mobilisation, ce quadragénaire ne sort presque plus de chez lui et scrute les alertes sur la messagerie Telegram qui indiquent en temps réel la localisation d’officiers de recrutement. « Sur la rue Grouchevsko, il y a une foule de militaires et de policiers… C’est la razzia« , peut-on ainsi lire.

Au pied de son immeuble du sud de la ville, Sasha guette les allées et venues et nous raconte sa terreur de rejoindre le front. « Je ne veux pas être mobilisé. J’ai deux amis sur le front, ils m’ont dit des choses tellement terribles, je ne peux pas… », confie le jeune homme. En effet, partout sur le front de l’Est, l’armée recule, faute d’armement et de soldats quand la loi de mobilisation du 18 mai dernier devait faciliter le recrutement.

Sur le terrain, Dymitri, un agent de recrutement, a vu la pression des résultats augmenter.

« Les ordres étaient de ramener des hommes à n’importe quel prix. Au début, on avait l’habitude de simplement patrouiller. Maintenant, nous menons des raids dans les centres commerciaux, les restaurants. »Dymitri, un agent de recrutement

à franceinfo

Pression psychologique

Kola, lui, a été arrêté la veille, alors que sa situation familiale justifie son exemption de service. Devant le centre de recrutement, il raconte la pression psychologique subie à l’intérieur. « Ils prennent les portables, t’empêchent de parler à qui que ce soit… Et si tu te rebelles, ils t’envoient en cellule. »

Dymitri a vu ces méthodes devenir plus fréquentes à mesure que le temps passe. En off, il raconte les privations d’eau et de nourriture, avec pour seul objectif : enrôler. « Ils préparent les documents, ils exercent une pression pour que tu signes. Et parfois, ça fonctionne. » Sur les réseaux sociaux, les scènes d’embarquement forcé choquent autant les civils qui ne veulent pas partir que les soldats qui, eux, attendent impatiemment les renforts.

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