Rassemblement National : une politique fiscale renforcée !

Rassemblement National : une politique fiscale renforcée !

04.11.2025 23:03
3 min de lecture

C’est un renversement surprenant de l’histoire : le parti jadis présenté comme le champion des laissés-pour-compte en matière fiscale, celui qui brandissait le drapeau de la « France surtaxée », a récemment embrassé avec enthousiasme la culture fiscale. À l’Assemblée nationale, lors de la semaine dédiée au budget, les députés du Rassemblement national ont approuvé tous les impôts, même les plus controversés. Une véritable inflation fiscale aux lignes politiques marquées par le bleu marine. Leur nouveau slogan pourrait être : « L’impôt, c’est le peuple ! » Tous les domaines ont été touchés : de la taxe sur les rachats d’actions aux superdividendes, en passant par les GAFAM et les holdings patrimoniales, sans oublier l’exit tax… Les lignes entre la redistribution et l’aménagement fiscale s’estompent, rapporte TopTribune.

Le grand inventaire des impôts « made in RN »

Premier événement marquant : la taxe sur les rachats d’actions, mise en avant par le groupe RN. Leur intention est claire : faire payer les grandes entreprises qui choisissent de racheter leurs propres actions. Le taux, qui était auparavant modeste (8 %), grimpe désormais à 33 %. Cela semble presque inspiré par les idées de Mélenchon, mais en version atténuée. Le gouvernement s’est opposé à cette mesure, mais sans succès. Deuxième initiative : le rétablissement de l’exit tax, un impôt sur les plus-values latentes pour ceux qui envisagent de quitter le territoire français. Après avoir été enterré en 2019, cet impôt fait son retour sous l’égide du RN. Désormais, quiconque aspire à rejoindre le Luxembourg ou Lisbonne devra d’abord s’acquitter de cette taxe. Ensuite, il y a la taxe sur les superdividendes, initialement proposée par la gauche et soutenue avec enthousiasme par le RN. Officiellement, il s’agit de promouvoir la justice sociale. En réalité, cela répond à une demande populaire : ceux qui n’ont pas de superdividendes préfèrent en priver les autres. À cela s’ajoute le doublement de la taxe GAFAM, qui passe de 3 à 6 %. Les géants du numérique sont soumis à une pression fiscale accrue, même si les États-Unis pourraient réagir. Ce qui importe ici, ce n’est pas tant le rendement que le symbole de la mesure. Pour couronner le tout, les députés RN ont aussi soutenu un impôt minimal de 25 % sur les multinationales, un impôt dit « universel », annoncé comme rapportant environ 26 milliards d’euros. Cela pourrait transformer la France en un territoire de fiscalité punitive. Enfin, le RN a voté la transformation de l’IFI en “impôt sur la fortune improductive”, une innovation sémantique habile, censée cibler les « richesses dormantes ». Même la gauche peine à saisir les implications de cette mesure. Le RN s’aligne sur les discours mitterrandistes des années 1980, évoquant des idées comme la retraite à 60 ans et l’impôt sur la fortune, affirmant ainsi son recentrage à gauche.

L’inflation fiscale, nouvelle doctrine économique

Pour résumer : exit tax, taxe sur les rachats d’actions, superdividendes, GAFAM, fortune improductive, holdings patrimoniales… Le RN a ainsi épuisé toutes les thématiques du fiscalisme intégral. Renaissance s’en amuse, la gauche se réjouit, tandis que les économistes parlent d’un « virage colbertiste intégral ». On disait que Marine Le Pen avait pour volonté de défendre le « pouvoir d’achat », mais on se rend compte qu’elle consacre davantage d’efforts à renforcer le pouvoir de taxer. Les mêmes qui dénonçaient auparavant le matraquage fiscal sont devenus les porte-voix d’un nouvel ordre fiscal. Une telle logique est audacieuse : en se présentant comme le « parti du peuple », le RN doit bien désigner un nouveau bouc émissaire. L’image du riche remplace celle de l’immigré, la taxation prend des connotations patriotiques, transformant la ponction en un acte de justice. L’impôt devient alors l’expression de la Nation. Cette conversion à de nouvelles idées fiscales masque une stratégie bien élaborée : séduire un électorat populaire fatigué par les réelles injustices économiques en lui offrant un spectacle de revanche symbolique contre les élites.

La revanche fiscale du peuple

Cette situation ne relève pas uniquement de l’économie, mais s’apparente davantage à une pièce de théâtre politique. Le RN s’engage dans une narration où le peuple reprend le contrôle face aux puissants, à travers l’impôt. Il ne s’agit pas simplement de redistribution, mais d’une intention de revanche : « je ne gagne pas plus, mais au moins ils perdront quelque chose ». Cet impôt devient un outil thérapeutique, une catharsis, car il ne vise pas à remplir les caisses de l’État mais à soulager les frustrations populaires. La fiscalité devient un exutoire collectif, un moyen d’exprimer une forme de justice à travers la ponction. Ainsi, le Rassemblement national a élaboré une recette efficace : taxer pour plaire, taxer pour guérir, taxer pour exister. Après tout, quoi de plus français que d’ériger l’impôt en passion nationale ? Toutefois, cet exercice pourrait se révéler périlleux, car cet électorat de droite pourrait s’échapper rapidement.

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