Paris-Roubaix : Pauline Ferrand-Prévot, Victoire Berteau, Marion Borras… Une Française peut-elle dompter l’Enfer du Nord ?
Paris-Roubaix : Pauline Ferrand-Prévot, Victoire Berteau, Marion Borras… Une Française peut-elle dompter l’Enfer du Nord ?

Paris-Roubaix : Pauline Ferrand-Prévot, Victoire Berteau, Marion Borras… Une Française peut-elle dompter l’Enfer du Nord ?

12.04.2025
4 min de lecture

Depuis son introduction sur le circuit féminin en 2021, Paris-Roubaix n’a jamais vu une Française monter sur son podium. Ce qui pourrait changer, samedi.

Zéro. En quatre éditions féminines de Paris-Roubaix, aucune cycliste tricolore ne s’est invitée sur le podium de l’Enfer du Nord. Comme si la disette qui frappe le cyclisme français masculin depuis 1997 et la dernière victoire de Frédéric Guesdon s’étirait au peloton féminin. Mais les Françaises pourraient bien briser cette dynamique, samedi 12 avril, sur la cinquième édition.

« Cette année peut être la bonne, avec enfin un podium », espère Paul Brousse, sélectionneur de l’équipe de France féminine, « On a toujours eu des coureuses bien placées, il suffit de convertir, maintenant ». Hormis 2022, la France a en effet toujours dénombré au moins une coureuse dans le top 10, et même deux dans le top 5 en 2023, avec Eugénie Duval et Marion Borras.

Ferrand-Prévot doit transformer l’essai

Dans les rangs français, un nom est sur toutes les lèvres : celui de Pauline Ferrand-Prévot. Revenue au cyclisme sur route cet hiver, la championne olympique de VTT, deuxième du Tour des Flandres dimanche dernier, impressionne, même si elle n’a pas encore levé les bras. « Quand on voit l’état de forme de Pauline sur le Tour des Flandres, en connaissant ses qualités techniques sur les parcours difficiles et son sens tactique, on se dit qu’elle coche toutes les cases », estime Audrey Cordon-Ragot, huitième en 2021.

« Pauline Ferrand-Prévot a été championne du monde de VTT, de gravel, de cyclo-cross, et impressionne depuis son retour sur route. Elle va jouer les premiers rôles sur ce Paris-Roubaix. »

« Elle ne cesse de m’étonner depuis son retour, elle a vite repris ses marques : je mets une pièce sur elle », annonce Audrey Cordon-Ragot, tout en rappelant que la Rémoise partagera le leadership de la Visma-Lease a bike avec la Néerlandaise Marianne Vos (2e en 2021, 4e en 2024). « On verra quelle tactique choisira son équipe, mais Paris-Roubaix peut convenir à Pauline, même si l’expérience compte et qu’elle n’a jamais couru sur ces pavés », rappelle Paul Brousse.

Autre nom qui revient beaucoup : celui de Victoire Berteau (Cofidis). Native de Lambres-lez-Douai, la locale de l’étape (8e en 2024) affectionne tout particulièrement les pavés, mais se présente au départ amoindrie au poignet, après une chute. « Sans sa blessure, ce serait même la meilleure carte tricolore. Là, on va voir selon son état de forme. Si elle est en possession de tous ses moyens, c’est une candidate très sérieuse à la victoire », annonce Audrey Cordon-Ragot, retraitée depuis cet hiver.

Cinquième en 2024, Marion Borras (Cofidis) sera également à suivre, tout comme les trois coureuses françaises de la FDJ-Suez : Marie Le Net, Jade Wiel et Eugénie Duval, qui ont déjà goûté aux places d’honneur au vélodrome de Roubaix ces dernières années, à l’instar de Margaux Vigie (Visma-Lease a bike), qui avait signé une très honorable 14e place en 2023.

En cas d’arrivée au sprint, Audrey Cordon-Ragot mise sur la pointe de vitesse de Gladys Verhuslt-Wild (AG Insurance – Soudal). « Dans un sprint dans un petit groupe, elle peut le faire. Mais si Wiebes et Kopecky sont encore là, ça sera difficile, d’autant que sur le vélodrome de Roubaix, c’est un sprint très tactique. Mais, en tant que Française, c’est comme entrer dans une arène avec le public qui pousse très fort », assure l’ancienne championne de France, aujourd’hui consultante pour Eurosport, « Même si c’est presque pareil pour Lotte Kopecky, puisque beaucoup de Belges sont là aussi… C’est assez impressionnant comme arrivée. »

Un défi physique, psychologique… et une part de réussite

Championne du monde, récente vainqueure du Tour des Flandres et tenante du titre à Roubaix, la Belge Lotte Kopecky (SD Worx ProTime) fera effectivement office de cible à abattre, samedi, avec sa coéquipière néerlandaise Lorena Wiebes, reine des sprints. De retour en forme, la Néerlandaise Ellen van Dijk (Lidl-Trek) sera également à suivre. « C’est la course la plus ouverte de l’année, ce qui va énormément jouer sur son déroulé », prévient toutefois Audrey Cordon-Ragot.

« On a des filles en capacité de gagner, à condition d’avoir un peu de réussite, et que les grandes favorites que sont Kopecky, Wiebes, Vos, jouent elles de malchance. L’emporter sur un pépin technique, ce n’est pas déloyal, les ennuis mécaniques font partie du vélo, encore plus sur Paris-Roubaix. Il n’y a pas de honte à gagner de cette manière. Poser les roues où il faut c’est une preuve de force, de lucidité », ajoute l’ancienne championne de France, dont les deux dernières participations avaient été émaillées par des pépins mécaniques et des chutes.

« L’année où je fais 8e, c’était dans des conditions dantesques, j’étais une des rares à ne pas être tombée. J’étais dans un jour de grâce. Il faut ce genre de journée où tout sourit pour gagner Roubaix. »

L’ancienne rouleuse reste optimiste pour les Tricolores. « Pour gagner à Roubaix, il faut être costaud, on a des filles costauds sur ce genre de pavés. Et elles n’ont pas plus de pression en tant que Françaises », rassure Paul Brousse. Audrey Cordon-Ragot abonde : « La pression, à Roubaix, elle est liée au placement. C’est une course qui est très usante psychologiquement, parce qu’on doit toujours être bien placé à chaque secteur pavé. C’est vraiment ça qui est le plus stressant. »

« Roubaix, c’est 50% de jambes, 50% de réussite« , conclut Audrey Cordon-Ragot. Ce qui laisse donc largement la place aux Françaises, ambitieuses sur cette cinquième édition féminine de l’Enfer du Nord. Car si l’édition féminine s’annonce plus tactique que celle des hommes (dimanche), le drapeau français a certainement bien plus de chances d’y flotter bien haut.

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