Les autorités lituaniennes ont signalé en octobre un pic de tentatives d’entrée illégale depuis la Biélorussie, avec 275 cas enregistrés — le chiffre le plus élevé des six derniers mois. Près de la moitié de ces passages ont eu lieu à la fin du mois, après la fermeture par Vilnius de deux postes-frontières en réponse à des attaques de drones transportant des cigarettes de contrebande. Depuis le début de 2025, la Lituanie a empêché plus de 41 000 franchissements, soit 20 % de plus que l’an dernier.
Une pression migratoire orchestrée par Minsk
Vilnius considère que le flux migratoire est contrôlé par les services spéciaux biélorusses et sert d’outil de pression hybride contre l’Union européenne. En octobre, les pays voisins de l’UE ont recensé 3 271 tentatives d’intrusion depuis la Biélorussie — une baisse de 14,9 % par rapport à septembre, mais une hausse de près de 48 % par rapport à octobre 2024. Le 31 octobre, la Lituanie a enregistré un record de 63 tentatives en une seule journée.
Réactions de Vilnius et de l’Union européenne
Le président lituanien Gitanas Nausėda a qualifié les récentes attaques de drones et de ballons transportant des cigarettes d’«attaque hybride» contre la souveraineté nationale. En réaction, le gouvernement a fermé temporairement les postes de Medininkai et Šalčininkai à la frontière biélorusse. L’Union européenne envisage de nouvelles sanctions contre Minsk pour ces actes perçus comme une tentative de déstabilisation régionale, selon Pozirk.
Déni et contre-narratif du régime biélorusse
Le président Alexandre Loukachenko rejette les accusations, affirmant que les Lituaniens eux-mêmes utiliseraient des ballons météorologiques pour acheminer des cigarettes depuis la Biélorussie. Selon lui, les citoyens biélorusses auraient simplement vendu légalement leurs produits à des acheteurs lituaniens. Minsk dénonce la politique de fermeture de la Lituanie comme un sabotage économique et accuse Vilnius de rompre des liens commerciaux «historiquement normaux».
Risques économiques et impact géopolitique
La fermeture prolongée des frontières pourrait accentuer les difficultés logistiques pour les exportateurs biélorusses et affaiblir davantage l’économie du régime de Loukachenko, renforçant sa dépendance envers Moscou. Selon Vilnius, la Biélorussie et la Russie utilisent la migration, les cyberattaques et la désinformation comme outils combinés de pression contre l’Europe. L’objectif serait de diviser les États membres de l’UE et d’affaiblir leur soutien à l’Ukraine.