Mercredi soir, dans une allocution télévisée, le président de la République a mis en garde contre « la menace russe » déplorant son « agressivité [qui] ne semble pas connaître de frontières ».
La tension monte entre Paris et Moscou. Les propos d’Emmanuel Macron sur la dissuasion nucléaire sont « une menace » pour la Russie, a estimé Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse à Moscou, jeudi 6 mars. « Bien sûr, [ces propos sont] une menace contre la Russie. S’il nous voit comme une menace » et « dit qu’il est nécessaire d’utiliser l’arme nucléaire, de se préparer à utiliser l’arme nucléaire contre la Russie, c’est une menace », a-t-il ajouté, comparant Emmanuel Macron à Hitler et Napoléon, qui ont tous deux voulu « conquérir » et « vaincre » la Russie.
La veille, dans une allocution télévisée, le président français avait mis en garde contre « la menace russe », déplorant son « agressivité [qui] ne semble pas connaître de frontières ». « Face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie », avait ajouté Emmanuel Macron. Il prenait la parole avant un sommet extraordinaire du Conseil européen à Bruxelles, jeudi, où les 27 doivent aborder la question du renforcement de la défense européenne face à la menace russe et au désengagement américain.
Dénonçant un discours « très conflictuel à l’égard de la Russie » de la part du président français, le chef de la diplomatie russe a qualifié d‘ »absurdes » et « délirantes » les accusations selon laquelle la Russie aurait l’intention d’attaquer l’Europe.
Un discours qui « donne le sentiment que la France veut que la guerre continue »
« On parle de la Russie qui devient presque un ennemi de la France », a dénoncé pour sa part le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Les propos d’Emmanuel Macron « [donnent] le sentiment que la France veut que la guerre continue », a-t-il estimé lors d’un briefing auquel a assisté l’AFP. Ce discours « peut difficilement être perçu comme un discours d’un chef d’Etat qui pense à la paix », a-t-il déclaré, assurant que « la France pense plutôt à la guerre » et pointant « la rhétorique nucléaire » du président français et sa « prétention au leadership nucléaire en Europe ».
Quant à la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, elle a déclaré que le président français « devra s’excuser auprès de sa propre population pour l’avoir induite en erreur » en haussant le ton contre Moscou.
Dans son allocution, le chef de l’Etat a accusé la Russie de « [violer] nos frontières pour assassiner des opposants, [manipuler] les élections en Roumanie, en Moldavie », « [d’organiser] des attaques numériques contre nos hôpitaux » et « [de tenter] de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux ».