Depuis le 1ᵉʳ octobre 2025, le gouvernement fédéral américain est plongé dans un shutdown sans précédent. Cette impasse budgétaire, qui dure déjà 35 jours, met en péril des infrastructures cruciales, en particulier le domaine aérien. Avec de nombreux employés non rémunérés et des tours de contrôle sous une pression accrue, l’alerte du secrétaire américain aux Transports, Sean Duffy, souligne les enjeux majeurs concernant la continuité des opérations aériennes dans les jours à venir, rapporte TopTribune.
Une mise en garde inédite concernant le trafic aérien américain
Sean Duffy a utilisé des termes alarmants pour décrire le potentiel désordre du trafic aérien :
« Si, d’ici une semaine, rien ne change, il y aura un chaos total avec des retards considérables et de nombreuses annulations. Nous pourrions être amenés à fermer certaines zones de l’espace aérien, car nous ne sommes plus en mesure de le gérer. Ce changement sera inévitable dès que la sécurité sera compromise. »
D’après des informations, entre 20 % et 40 % des contrôleurs aériens des 30 plus grands aéroports américains ne se présentent plus au travail. Cette situation, directement imputable au shutdown, transforme le trafic aérien en un défi majeur. La Federal Aviation Administration (FAA) admet éprouver des difficultés à maintenir des effectifs nécessaires pour assurer la sécurité et la fluidité des opérations aériennes.
Duffy souligne qu’il ne s’agit plus d’un simple problème logistique, mais d’un risque systémique. En l’absence de contrôleurs, certaines régions de l’espace aérien devront être fermées, rendant ainsi la gestion du volume croissant de vols, particulièrement à l’approche de Thanksgiving — l’une des périodes les plus chargées pour le trafic aérien américain — extrêmement difficile.
Des disruptions déjà observées dans le secteur aérien
Les premières perturbations se font déjà ressentir dans le trafic aérien national. Selon des rapports, seulement 56 % des vols ont quitté l’aéroport de Newark Liberty à l’heure le week-end dernier, tandis qu’à Orlando, environ 70 % des vols ont décollé comme prévu. Ces statistiques indiquent une dégradation rapide de la ponctualité, directement liée à un manque de personnel et à une surcharge de travail pour les équipes encore présentes.
Sur le plan économique, les pertes sont déjà énormes : plus de 4 milliards de dollars ont été perdus par le secteur du voyage depuis le début du shutdown, selon des estimations. Cette organisation professionnelle met en garde que la période de Thanksgiving — généralement marquée par plus de 55 millions de déplacements — pourrait se transformer en cauchemar pour les compagnies aériennes et les passagers si la crise se prolonge. « Avec Thanksgiving, le rush voyage le plus important de l’année, les répercussions d’un shutdown prolongé seront immédiates et auront des effets dévastateurs pour des millions de voyageurs américains », a-t-elle affirmé.
Désormais, le trafic aérien ne représente pas uniquement un indicateur économique ; il devient un révélateur du désordre institutionnel. Chaque jour de blocage supplémentaire aggrave la situation, fragilise les chaînes logistiques et intensifie l’exaspération des voyageurs.
Un système sous forte pression en raison du shutdown
Humainement, le shutdown met en lumière les limites du système fédéral américain. Des milliers d’agents de la FAA travaillent sans rémunération depuis de plus d’un mois. La majorité d’entre eux a déjà manqué un premier salaire le 28 octobre, et le paiement désigné du 4 novembre n’a pas été effectué. Duffy a rapporté leurs préoccupations :
« De nombreux contrôleurs ont exprimé : “Beaucoup d’entre nous peuvent supporter de manquer un salaire, mais aucun d’entre nous ne peut gérer deux.” »
La fatigue et les soucis financiers s’ajoutent à la complexité des opérations aériennes. Certaines tours de contrôle, notamment à Atlanta, Chicago et Dallas, fonctionnent avec près d’un tiers de personnel en moins, selon la FAA. Si cette situation perdure, le risque d’incidents techniques ou humains pourrait croître considérablement.
Au sein des grands aéroports, la pression se manifeste déjà par des retards en chaîne. Chaque vol retardé affecte une multitude de correspondances et de réservations. À San Francisco, plus de 5 000 vols ont été retardés durant un unique week-end, classiquement illustrant comment le shutdown exacerbe le désordre du trafic aérien.
Enfin, les répercussions macroéconomiques se font également ressentir. Le secteur aérien, qui constitue un pilier du transport intérieur américain, représente près de 5 % du PIB des États-Unis. En cas de paralysie prolongée, les pertes indirectes — hôtels, tourisme, fret — pourraient dépasser les 10 milliards de dollars d’ici la fin du mois, selon des projections internes du Département des Transports. Le shutdown s’annonce ainsi comme l’une des crises logistiques les plus coûteuses depuis 2019, surpassant même les conséquences des perturbations post-pandémiques sur le trafic aérien.