À peine deux mois après avoir fait adopter, dans la douleur, le budget 2025, le gouvernement est déjà en train de préparer celui de l’an prochain. Les ministres de l’Economie, des Comptes publics et la porte-parole du gouvernement ont tous pris la parole pour annoncer qu’il faudra à nouveau faire de grosses économies.
Le gouvernement prépare donc déjà les Français à des coupes budgétaires d’ampleur. Des économies qu’Eric Lombard reconnaît « considérables », dimanche 13 avril. Mais pour le ministre de l’Economie et des Finances, cet effort supplémentaire est nécessaire, car la France est dans un « état d’urgence budgétaire » selon lui, avec d’une part la dette et de l’autre, les effets de la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis. Malgré cette conjoncture, le gouvernement maintient son objectif de ramener le déficit à 4,6% du PIB l’an prochain, ce qui exige de trouver donc 40 à 50 milliards d’euros.
« Un effort assez conséquent du côté des fonctionnaires »
« On a rarement eu des ajustements de cette ampleur par le passé », estime Mathieu Plane, économiste et directeur adjoint de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Pour renflouer les caisses, Bercy espère pouvoir compter sur une reprise de la croissance, mais prévient tout de même que cet effort supplémentaire passera essentiellement par des économies.
La question de la faisabilité de ces économies se pose pour Mathieu Plane. « Est-ce réaliste ? », se demande-t-il, à la fois « dans le contexte international actuel, avec les prises de position des Etats-Unis et les barrières douanières. » « Et puis dans le contexte politique français, ajoute l’économiste. Est-ce que le gouvernement sera en capacité de faire voter un tel budget au regard de l’instabilité politique ? Parce qu’il ne s’agit pas juste d’économies de bouts de chandelles, ce seront des masses importantes. Ça veut dire que ça peut concerner à la fois la protection sociale, les retraites, demander un effort assez conséquent du côté des fonctionnaires, des collectivités locales. »
Pas de hausse d’impôts pour les classes moyennes
L’exécutif ferme la porte à toute hausse d’impôts pour les classes populaires et moyennes. Il n’est pas non plus question de taxer davantage les entreprises, déjà en proie à de fortes incertitudes à cause notamment des droits de douane américains.
En revanche, le gouvernement veut maintenir la pression sur les plus riches en améliorant par exemple la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, censée rapporter 2 milliards d’euros cette année. « C’est une question d’équité », insiste le ministre de l’Economie. Bercy continue ainsi à travailler sur un dispositif qui ciblerait les hauts revenus qui font de la suroptimisation fiscale, c’est-à-dire qui utilisent des mécanismes légaux pour obtenir des réductions d’impôts.
Pour trouver ces 40 milliards d’euros, la formule du gouvernement se traduira « essentiellement par des économies » et donc des baisses de dépenses publiques, insiste Eric Lombard. Le minsitre de l’Economie refuse de parler de cure d’austérité. Il considère que la France dépense beaucoup, et qu’il faut« dépenser mieux ».
D’autres pistes sont étudiées pour redresser les comptes publics, comme la lutte contre la fraude sociale ou l’amélioration de l’emploi sénior. Pour l’instant, Bercy refuse d’entrer dans les détails et renvoie vers la conférence sur les finances publiques qui doit se réunir mardi 15 avril autour du Premier ministre.