Dans ses nouvelles prévisions, l’Organisation mondiale du commerce s’attend à un recul de 0,2 % à 1,5 % des échanges de marchandises dans le monde compte tenu de la politique de Trump. Les effets sur la croissance pourraient aussi être sensibles.
Evaluer l’impact de la nouvelle politique commerciale américaine sur le commerce international relève de la gageure. Tant Donald Trump entretient l’incertitude et le flou sur les nouvelles règles du jeu des Etats-Unis. C’est pourtant l’exercice auquel se sont livrés les économistes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en publiant, mercredi, de nouvelles prévisions de croissance des échanges commerciaux dans le monde.
Plusieurs scénarios sont envisagés pour approcher au plus près les réalités commerciales de demain. En se basant sur les mesures adoptées par l’administration américaine en vigueur au 14 avril, notamment les taxes de 25 % sur les importations d’acier, d’aluminium et d’automobiles, les droits de douane réciproques de 10 % et le tarif douanier de 145 % sur les importations venant de Chine, l’OMC prédit un recul de 0,2 % du commerce mondial pour l’année en cours. On est bien loin des prévisions d’une croissance de 2,7 % envisagée avant que le président américain ne se mette de la partie. Hors Covid, un tel repli du commerce mondial serait historique. Cela ne s’était pas produit depuis la crise financière de 2008-2009.
En 2024, tout laissait penser que l’activité commerciale reprenait des couleurs . Le commerce de marchandises avait grimpé de 2,9 %, soit un niveau supérieur au taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial (2,8 %), ce qui n’était pas arrivé depuis 2017. Tout cela est remis en cause et l’OMC n’attend plus qu’une hausse du PIB mondial, pour 2025, de 2,2 %. « La croissance pourrait même être de seulement 1,1 % », a prévenu Ralph Ossa, le chef économiste de l’OMC, lors d’un point presse, mercredi, si l’incertitude commerciale se généralise au niveau mondial en cas de mesures de rétorsion contre les Etats-Unis.
L’effondrement des échanges Chine/Etats-Unis
La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a également averti que d’autres risques sont à prendre en compte. « Le rétablissement des droits de douane réciproques, actuellement suspendus, pourrait amputer la croissance du commerce de 0,8 %. Nous assisterions alors à un recul de 1 % », a-t-elle souligné. « Si l’on y ajoute une perturbation plus élevée des relations commerciales bilatérales au niveau mondial, c’est même un recul de 1,5 % du commerce international qui se profile », a ajouté Ralph Ossa.
Le monde assiste à un « découplage très préoccupant » de la Chine avec les Etats-Unis a souligné la patronne de l’OMC. « Le commerce entre les deux pays a chuté de 81 %. Cela pourrait même atteindre 91 % sans les exemptions de droits de douane pour les importations de smartphones et d’ordinateurs », a-t-elle précisé. Même si les échanges entre les deux pays ne représentent que 3 % du commerce mondial, la fragmentation des échanges entre deux blocs rivaux pourrait conduire à un recul du PIB mondial de 7 % à long terme.
Cela provoquerait, probablement, une réorganisation des flux commerciaux entre les pays. Pour Ngozi Okonjo-Iweala, les exportations de la Chine vers les autres pays du monde, à l’exception des Etats-Unis, pourraient croître entre 4 et 9 % dans le futur. Interrogé sur les exportations chinoises destinées aux pays européens , Ralph Ossa a précisé qu’elles pourraient croître de 6 %.
