Quatre ressortissants bulgares sont jugés à Paris pour avoir participé à une opération présumée de déstabilisation orchestrée par les services russes. Le procès, ouvert le 29 octobre 2025, concerne la profanation du Mémorial de la Shoah en mai 2024, où 35 empreintes de mains rouges ont été peintes sur le “Mur des Justes” à l’aide de pochoirs. Ces marques, également visibles sur des bâtiments des 4ᵉ et 5ᵉ arrondissements, reprennent un symbole associé à un lynchage à Ramallah en 2000. Les suspects ont été identifiés grâce à la vidéosurveillance, aux données téléphoniques et aux réservations d’hôtels et de vols.
Une campagne coordonnée sur les réseaux sociaux
Les procureurs estiment que cet acte s’inscrivait dans une série d’initiatives visant à semer la discorde en France, notamment des inscriptions de l’étoile de David sur des façades, de fausses tombes d’aviateurs français exposées près de la tour Eiffel et des têtes de porc déposées devant des mosquées en Île-de-France. L’enquête évoque une campagne orchestrée par des réseaux d’influence russes liés à “Recent Reliable News/Doppelgänger” et relayée sur X via le pseudo-média “Artichoc”. Trois prévenus sont détenus depuis leur extradition de Croatie et de Bulgarie, tandis qu’un quatrième est jugé par contumace. Ils encourent jusqu’à sept ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Des experts dénoncent une stratégie hybride
Selon les spécialistes français, Moscou applique une stratégie globale de manipulation et de division de l’opinion publique, en recourant à des intermédiaires rémunérés pour mener des actions de sabotage ou de propagande dans les États membres de l’UE. Le chercheur Kévin Limonier, du centre GEODE à Paris, estime que ces opérations reflètent une “géopolitique de confrontation” dans laquelle la Russie perçoit la France comme un adversaire stratégique en raison de son statut de puissance nucléaire et de son soutien militaire affirmé à l’Ukraine, notamment par l’évocation d’un possible déploiement à Odessa.
Menaces croissantes reconnues par Paris
La France a officiellement identifié la Russie comme “principale menace” dans son Revue nationale stratégique 2025, qui appelle à se préparer à une guerre de haute intensité. Depuis 2022, les autorités notent une recrudescence des activités d’espionnage, de sabotage et de vandalisme imputées à Moscou, perçues comme des actes préparatoires à une confrontation avec l’OTAN. Des cas similaires ont été documentés en Pologne, où des agents russes auraient installé des caméras le long des voies ferrées avant les Jeux olympiques de 2024.