Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a récemment publié un nouveau livre intitulé Ce que veulent les Français, édité par Fayard, un acteur important du secteur. Cette publication survient moins d’un an après son autobiographie Ce que je cherche, qui s’est écoulée à 230 000 exemplaires, selon l’éditeur. Ce deuxième ouvrage semble cependant rencontrer moins de retentissement médiatique, rapporte TopTribune.
Ce phénomène n’est pas isolé, car d’autres figures politiques telles que Philippe De Villiers et Éric Zemmour ont également lancé des livres récemment, tous édités par Fayard. La saturation du marché politique littéraire s’accentue, avec plusieurs leaders politiques en train de préparer la publication de nouveaux ouvrages.
Un intérêt limité
Bien que certains livres rencontrent un succès relatif, ce n’est pas le cas de tous. Christian Le Bart, professeur à Sciences Po Rennes, souligne que « ce n’est pas pour faire des performances » que les politiques publient des ouvrages. D’après lui, l’intérêt du grand public se décline lorsque les auteurs ne sont pas des figures reconnus, soulevant ainsi la question de l’utilité de ces publications.
Cela permet aux politiques de rappeler qu’ils existent. Ils passent à la télé, dans les matinales.
Les publications peuvent ainsi servir d’outil de visibilité, davantage que de véritable source de revenus, en particulier pour des personnalités moins connues.
Montrer sa présidentialité
Pour Jordan Bardella, qui bénéficie déjà d’une exposition médiatique considérable, la publication de ce livre témoigne d’une démarche visant à asseoir sa stature politique. « La présidentialité » devient la logique qui sous-tend ces écrits, selon Christian Le Bart.
Cela permet de montrer que l’on est une figure, que l’on se rapproche de l’idéal présidentiel et que l’on n’est pas seulement sur les plateaux ou à dire des petites phrases.
Dans un contexte où l’actualité politique se déploie rapidement sur les réseaux sociaux, cet effort d’écriture peut véritablement aider à s’élever au-dessus des débats immédiats.
Jordan Bardella démontre ainsi une progression dans sa carrière politique, gravissant les échelons vers une potentielle candidature présidentielle, même si cette intention n’est pas explicitement formulée.
L’impact des publications varie significativement, le succès de l’extrême droite dans la vente de livres étant particulièrement noté. Éric Zemmour, par exemple, a vendu 300 000 exemplaires de son livre La France n’a pas dit son dernier mot, tandis que d’autres personnalités politiques comme François Hollande ou Anne Hidalgo ont connu des ventes beaucoup plus limitées.
Vers des campagnes déguisées
Les personnalités politiques exploitent souvent leurs tournées de dédicaces pour générer un élan en vue d’éventuelles campagnes électorales. Éric Zemmour a parfaitement illustré ce phénomène lors de sa candidature en 2022, où ses événements de dédicaces ont été transformés en meetings politiques.
Plus généralement, les livres peuvent servir de prétexte pour un travail de terrain, aller à la rencontre des lecteurs, qui sont aussi des électeurs.
Les publications littéraires deviennent alors un moyen de se forger une réputation et de rencontrer le public, tout en jetant les bases d’une communication politique à l’échelle nationale. Cette stratégie de communication permet aux politiciens de prétendre comprendre les aspirations des Français, par le biais de leurs œuvres, bien que ce soit souvent avec une touche de modestie.
