La technique développée, moins gourmande en énergie, fonctionne en laboratoire, mais ne suscite pas encore l’intérêt de l’industrie plastique.
Le plastique est un polluant quasi éternel, on en retrouve des traces dans le corps humain et chez certains animaux. Des chercheurs de l’université de Berkeley près de San Francisco ont peut-être trouvé une solution. Le Los Angeles Times se demande, mardi 3 septembre (article en anglais) si ces chercheurs n’ont pas tout simplement découvert le Saint-Graal du recyclage(Nouvelle fenêtre).
Ces deux des chimistes mobilisés sur le projet affirment avoir mis en place un processus de recyclage qui casse les chaînes du polyéthylène et du polypropylène et qui permet ensuite de les recycler avec une efficacité allant jusqu’à 90%. L’autre bonne nouvelle, c’est que pour provoquer ce processus, ils utilisent du sodium ou du tungstène, c’est-à-dire deux produits faciles à trouver et pas chers. Il n’y a pas besoin d’eau. De plus, la température nécessaire pour l’opération, plus basse que d’autres formes de recyclage, requiert du coup moins d’énergie que ces autres formes de recyclage, la pyrolyse des plastiques notamment ( la solution la plus efficace du moment).
Le polyéthylène et le polypropylène sont deux des formes les plus courantes du plastique. Celles qu’on retrouve dans les sacs plastiques, les pots de yaourts ou les pare-chocs de voiture, par exemple. Du coup, si ça marche, l’horizon des applications est vaste tant le plastique fait partie de notre quotidien. Mais le prix à payer, la pollution plastique, est lourd et ses effets très très longs. Si l’on en croit cette équipe de chimiste de l’université de Berkeley, le processus peut se faire à grande échelle, ce qui est indispensable pour que leur découverte ait un impact. Ils indiquent ne pas avoir été contactés pour l’instant par l’industrie plastique ou par celle du recyclage, mais leur produit est relativement nouveau, ça viendra peut-être.
Les limites de cette technique
Ses chercheurs admettent néanmoins eux-mêmes que la performance de leur méthode diminue quand les produits qu’ils veulent recycler sont contaminés par d’autres types de plastique comme le polystyrène, par exemple. Les plastiques sont souvent contaminés par d’autres choses, donc le problème ne se règle pas facilement. De son côté, le Los Angeles Times a demandé son avis à un expert du recyclage et cet expert, Neil Tangry de la Global Alliance for Incinerator Alternatives, n’est pas très optimiste. Oui, la planète n’arrive toujours pas à recycler efficacement le plastique aujourd’hui. Mais un processus qui marche très bien en laboratoire ne va pas forcément réussir dans les conditions de ce qu’il appelle « le monde réel ».
Certes, le processus de Berkeley demande moins d’énergie que d’autres techniques de recyclage, mais il en faut quand même. D’après l’expert, ce besoin en énergie implique une grosse empreinte carbone. Et puis, comme toujours, il est question de sous. Tant que le plastique recyclé coûtera plus cher que le plastique vierge, il tardera à être largement adopté.