Une nuit de bombardements qui vise les civils et l’infrastructure critique
Dans la nuit du 25 novembre 2025, la Russie a lancé une attaque aérienne combinée de grande ampleur contre l’Ukraine, mobilisant drones explosifs et missiles balistiques et de croisière. Kyiv a été l’épicentre des frappes, lesquelles ont touché plusieurs quartiers résidentiels et installations essentielles. À 10 h du matin, les autorités ukrainiennes faisaient état de six morts et vingt et un blessés, dont plusieurs enfants, tandis que des impacts étaient également confirmés dans les régions d’Odessa, de Zaporizhzhia et de la région de Kyiv.
Selon les Forces aériennes ukrainiennes, 503 cibles aériennes ont été tirées en une seule nuit, dont 458 drones de type Shahed et 45 missiles de divers modèles : 25 Iskander-M/KN-23, 10 Iskander-K, 7 missiles aérobalistiques Kh-47M2 Kinzhal et 3 Kalibr. Ces chiffres, parmi les plus élevés depuis le début de l’invasion à grande échelle, soulignent un effort coordonné destiné à saturer les défenses aériennes.
Des quartiers entiers endommagés et des infrastructures essentielles à l’arrêt
À Kyiv, les frappes ont provoqué des incendies, des destructions massives et des coupures d’énergie dans plusieurs secteurs de la capitale. Un immeuble résidentiel de 22 étages a été frappé dans le district de Petchersk, tandis qu’un violent incendie s’est déclaré sur les étages supérieurs d’un bâtiment de neuf niveaux dans le district de Dnipro. Plusieurs infrastructures majeures ont été touchées : la centrale thermique TEC-5 et la gare ferroviaire de Darnytsia ont subi des dégâts importants, entraînant des coupures temporaires de chauffage dans les districts de Petchersk, Holosiïv, ainsi que dans certaines parties de Chevchenkiv, Solomiansk, Sviatoshyn, Darnytsia et Dnipro.
Les destructions se sont étendues à d’autres régions. Dans l’oblast de Kyiv, des frappes et des débris de missiles ont touché Brovary, Bila Tserkva et Vyshhorod, provoquant des dégâts dans le secteur résidentiel et des zones industrielles, et blessant une adolescente de 14 ans. Dans la région d’Odessa, une attaque massive de drones a touché des installations portuaires, énergétiques et civiles, blessant six personnes, dont deux enfants. Des infrastructures ont également été endommagées dans le district de Nikopol et dans la communauté de Mykolaïv, dans l’oblast de Dnipropetrovsk.
Une stratégie russe ciblant la population civile et les capacités vitales de l’État
L’attaque sur Kyiv confirme une tendance déjà observable : Moscou mène une guerre d’attrition dont la finalité n’est pas la prise de territoire mais la destruction systématique des capacités de survie du pays. Les frappes sur TEC-5 et sur la gare de Darnytsia s’inscrivent dans une stratégie visant à paralyser les réseaux énergétiques et logistiques à l’approche de l’hiver, créant des conditions humanitaires critiques pour des millions de civils.
Cette offensive intervient alors que des discussions diplomatiques portent sur les « 28 points » d’un plan de paix proposé. En parallèle de cette façade de dialogue, la Russie intensifie ses attaques aériennes, ajoutant pressions humanitaires et destructions aux négociations. Cette double approche révèle une tactique de coercition : imposer ses conditions à la table des négociations tout en augmentant le coût humain pour l’Ukraine.
Un message envoyé à Kyiv… et aux capitales occidentales
Ces frappes constituent aussi un signal adressé aux partenaires occidentaux de Kyiv. Face aux appels récurrents au « compromis », le Kremlin observe que chaque attaque massive teste la cohérence et la résilience de l’Occident. Si les discours sur la nécessité de concessions se maintiennent malgré l’escalade, Moscou peut en déduire que sa pression militaire fonctionne.
L’attaque rappelle surtout combien l’Ukraine dépend du soutien extérieur pour maintenir son bouclier aérien. Les systèmes ukrainiens interceptent une grande partie des drones et missiles, mais leurs munitions s’épuisent rapidement face à des salves massives et répétées. Le réapprovisionnement régulier en intercepteurs reste crucial pour réduire les pertes civiles et limiter les dégâts sur les infrastructures vitales.
Une menace qui dépasse les frontières ukrainiennes
Les frappes contre Kyiv ne sont pas un problème localisé : elles portent en elles un risque continental. Une intensification des attaques peut provoquer de nouvelles vagues de déplacements de population, fragiliser les chaînes d’approvisionnement européennes et éroder la confiance dans la sécurité collective sur le continent. L’attaque de cette nuit rappelle que la stabilité de l’Ukraine, en particulier sa capacité à se défendre dans les airs, est un élément essentiel de la sécurité européenne.
