Météo : une "rivière atmosphérique", c'est quoi ?
Météo : une "rivière atmosphérique", c'est quoi ?

Météo : une « rivière atmosphérique », c’est quoi ?

26.09.2024
2 min de lecture

Le temps perturbé, avec des « pluies soutenues dopées en humidité », s’explique par une situation dite de « rivière atmosphérique » qui concerne la plupart des départements depuis mercredi et jusqu’à vendredi, selon Météo-France.

Des pluies intenses. Une perturbation pluvieuse et venteuse traverse l’Hexagone depuis mercredi 25 septembre. Elle se poursuit jeudi et va apporter localement des cumuls de précipitations abondantes jusqu’à vendredi, d’ouest en est. Par conséquent, la Corrèze est placée en vigilance orange pluie-inondation, a annoncé Météo-France jeudi matin. Cette vigilance est maintenue pour trois départements du Centre-Est, l’Ain, le Jura et la Haute-Savoie, déjà concernés depuis mercredi après-midi.

Jeudi, « on attend des quantités de pluies importantes sur le relief exposé à l’ouest, avec localement 60 à 80 millimètres en 24 heures sur le Limousin, le Cantal, et 70 à 100 mm sur le sud du massif du Jura et la Haute-Savoie », détaille Météo-France. « Par ailleurs, sous l’impulsion d’une descente d’air polaire, un regain d’averses soutenues et orageuses va concerner les régions des Côtes de la Manche à l’Ile-de-France et au Centre-Val-de-Loire », poursuit le prévisionniste, qui précise qu’il faudra s’attendre, en plus, à des rafales de vent.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le vent va se renforcer sur la côte atlantique puis sur une grande moitié nord. Vendredi encore, les averses, « parfois fortes et orageuses », seront « fréquentes sur une large partie du pays », avant un retour au calme dimanche.

« Un couloir transportant l’humidité depuis les tropiques »

Comment expliquer cette perturbation ? « De l’air polaire s’écoulant de l’Atlantique nord vers les Îles britanniques rencontre un flux de sud-ouest alimenté en air doux sur le sud du continent », résume Météo-France. Ce phénomène météorologique est baptisé « rivière atmosphérique ». « C’est comme un tapis roulant qui va transporter l’humidité atmosphérique depuis les tropiques jusqu’aux moyennes latitudes, tout ça par un jeu de dépressions, qui vont maintenir ce courant jusqu’aux portes de l’Europe », résume François Jobard, prévisionniste à Météo-France, dans une vidéo. Cette fois, la dépression est nommée Aitor.

« La ‘rivière atmosphérique’ agit comme un couloir, transportant l’humidité depuis les tropiques jusqu’aux moyennes latitudes », précise le prévisionniste, qui ajoute qu’elle vient « parfois alimenter en eau les perturbations qui y circulent ». C’est effectivement ce qui se produit depuis mercredi et jusqu’à vendredi.

Un phénomène « certainement » accentué par le changement climatique

« Il existe plusieurs rivières atmosphériques, selon leurs sources et, pour celle-ci, on parle de rhum express », affirme à 20 Minutes le météorologue Stéven Tual. Car le phénomène est fréquent, relève l’agroclimatologue Serge Zaka, qui parle sur son compte X d’« énième rivière atmosphérique »« Ces trombes d’eau apportées par les rivières atmosphériques successives depuis un an sont très certainement accentuées par le changement climatique », souligne-t-il. Car selon lui, cette « rivière atmosphérique » puise « son humidité dans une mer surchauffée ». Or, l’océan Atlantique n’a jamais été aussi chaud pour un 25 septembre.

Serge Zaka développe aussi les conséquences de cette perturbation pour l’agriculture. « Ces rapides alternances entre excès d’eau et sécheresses, soulignées dans les rapports du Giec pour le nord de la France, fragilise la production agricole. Les sols sursaturés d’eau après de telles pluies peuvent asphyxier les racines des végétaux, provoquer des décalages de semis ou de récolte, rendre l’accès au champs impossible, etc », insiste l’agroclimatologue, qui liste dans un autre message sur X les potentielles « problématiques agricoles dues à l’excès d’eau ».


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