Une édition placée sous le signe de la relance industrielle
Le compte à rebours pour le Mondial de l’Auto 2026 a commencé. Cet événement, organisé par la PFA et Hopscotch, vise à réaffirmer la position stratégique de la France dans le secteur de la mobilité mondiale. Prévu du 12 au 18 octobre 2026 à Paris Expo Porte de Versailles, le salon devrait accueillir plus de 500 000 visiteurs, selon les prévisions, rapporte TopTribune.
Ce salon symbolise le retour en force d’une industrie récemment affaiblie, mais résolue à accélérer sa transformation. Après une période de désindustrialisation, de nombreux groupes français tels que Renault Group, Stellantis, Valeo, Forvia, Michelin s’efforcent de montrer leur capacité à allier production locale et compétitivité à l’échelle mondiale.
Le Mondial de l’Auto se profile comme une vitrine pour les reconquêtes industrielles. Les différents fabricants y présenteront leurs modèles innovants, issus de structures modernisées en France et en Europe, telles que Renault Douai, Stellantis Sochaux et la gigafactory ACC de Douvrin, dédiée à la production de batteries lithium-ion. L’objectif est clair : regagner le terrain perdu face aux fabricants asiatiques tout en diminuant l’empreinte carbone des opérations.
Le tournant capitalistique de la mobilité électrique
Ce rendez-vous mettra également en lumière les nouveaux enjeux financiers du secteur. La transition vers l’électrique nécessite d’énormes investissements ; d’après la Plateforme automobile (PFA), la filière française alloue désormais 40 milliards d’euros par an à la recherche, à la décarbonation et à la relocalisation.
Les marges s’amenuisent, mais la production augmente. Stellantis a ainsi triplé sa capacité de production électrique en seulement deux ans, tandis que Renault Group affiche un taux d’intégration locale de 70 % pour ses batteries et composants. En parallèle, les équipementiers, comme Valeo et Forvia, se tournent vers l’intégration de technologies avancées telles que les capteurs lidar, qui ajoutent une valeur significative.
Cette transition s’accompagne d’une redynamisation des chaînes de valeur. L’électrification ne repose plus uniquement sur des aspects mécaniques, mais sur la gestion des logiciels, des données et de la consommation d’énergie. Cela souligne l’importance des alliances au sein de l’Europe, impliquant des entreprises comme STMicroelectronics, Verkor, ACC, Northvolt et Varta. Le Mondial de l’Auto 2026 sera une plateforme pour cette « nouvelle diplomatie industrielle » visant à établir une filière souveraine dans le domaine des semi-conducteurs et des batteries.
La bataille du logiciel : l’automobile devient un secteur technologique
Le Mondial de l’Auto 2026 marquera une transformation essentielle : le secteur automobile évolue vers une industrie basée sur des plateformes logicielles. Les véhicules électriques, autrefois perçus comme de simples obligations réglementaires, deviennent des vecteurs d’innovation intégrée.
Renault montrera ses premiers prototypes utilisant l’architecture AmpR Medium, un système « software-defined » élaboré avec Google et Qualcomm. De son côté, Stellantis dévoilera STLA Brain, son propre système d’exploitation intégré à des modules d’intelligence artificielle prédictive. Ces innovations faciliteront l’ajustement des performances, la maintenance, ainsi que les mises à jour à distance, ouvrant la voie à de nouveaux modèles économiques basés sur l’abonnement et la monétisation des données.
Pour les investisseurs, ce changement souligne une évolution majeure : la valeur d’un véhicule se déplacera d’une approche traditionnelle centrée sur les composants physiques à une focalisation sur le code numérique. Un rapport interne de la PFA anticipe que le logiciel représentera 30 % du coût total d’un véhicule produit en Europe d’ici 2030, contre moins de 10 % en 2015.
Cette transformation explique l’essor des acteurs numériques présents au Mondial de l’Auto 2026, où fournisseurs de capteurs, start-ups d’intelligence artificielle et entreprises spécialisées en analyse prédictive rivaliseront avec les constructeurs traditionnels. L’événement à Paris se fera ainsi l’écho de la convergence entre automobile, électronique et numérique.
Un rendez-vous politique et stratégique pour la filière européenne
En plus de son aspect technologique, le Mondial de l’Auto 2026 revêt une importance politique évidente. La participation de délégations d’Allemagne, d’Italie, de Chine et des États-Unis reflète les tensions concurrentielles liées aux subventions et aux normes environnementales en vigueur.
Pour la France, le défi réside dans la capacité à allier souveraineté industrielle et compétitivité des prix. Le marché européen demeure sous pression : en 2024, les immatriculations ont chuté de 1,8 %, malgré une reprise des ventes de véhicules électriques. Les marques chinoises, telles que BYD et XPeng, augmentent rapidement leur part de marché grâce à des modèles à bas coût fabriqués localement. En réponse, les constructeurs européens se concentrent sur le design, la sécurité logicielle et la qualité perçue.
Enfin, le Mondial de l’Auto 2026 s’annoncera comme un espace de débat sur la viabilité économique de cette transition. Les coûts d’accès à la mobilité demeurent en hausse, les infrastructures de recharge sont inégalement réparties et les marges des constructeurs deviennent de plus en plus tendues. Cet événement offrira une plateforme pour esquisser des solutions, telles que la mutualisation des réseaux, la standardisation des batteries et le développement de nouvelles formules de leasing à long terme soutenues par l’État.