Varsovie évoque une possible dissolution de la « Confédération de la Couronne polonaise »
Le 1er décembre 2025, Onet a rapporté que le ministre polonais de l’Intérieur et de l’Administration, Marcin Kierwiński, a déclaré sur TVN24 qu’une interdiction du parti d’extrême droite « Confédération de la Couronne polonaise », dirigé par le polémiste Grzegorz Braun, était désormais envisageable. « Encore quelques provocations de M. Braun et les déclarations de ses proches soutenant Poutine, et la ligne sera franchie : ce parti devra alors être interdit », a affirmé le ministre. L’eurodéputé Bartłomiej Sienkiewicz, membre de la Coalition civique au pouvoir, avait déjà appelé à la dissolution de cette formation, jugeant qu’elle répond « à tous les critères d’une organisation extrémiste ». Le chef de la diplomatie, Radosław Sikorski, a lui aussi dénoncé, mi-novembre, des actions « proches de la trahison », affirmant que M. Braun « participe sciemment à la désinformation russe » et « nuit aux intérêts fondamentaux de la Pologne ».
Une formation ultranationaliste au cœur de la polémique
Fondée en 2019, la Confédération de la Couronne polonaise s’inscrit dans le bloc « Confédération liberté et indépendance ». Elle dispose de trois sièges à la Diète ainsi que d’une représentation au Parlement européen. Le parti défend une idéologie mêlant catholicisme traditionaliste, euroscepticisme et nationalisme radical. Ses élus utilisent régulièrement la tribune parlementaire pour diffuser des discours extrêmes et des messages prorusses, nourrissant la controverse autour de leur influence croissante sur le débat public.
Un avertissement clair sur les limites de la liberté politique en contexte de guerre
Les propos du ministre de l’Intérieur témoignent de la volonté du gouvernement de réagir plus fermement à la propagation de récits prorusses dans l’espace politique. Varsovie considère qu’au-delà d’un certain seuil, de telles déclarations ne relèvent plus de l’expression d’opinions dissidentes, mais constituent une menace directe pour la sécurité nationale. Cette position s’inscrit dans un contexte marqué par l’agression russe contre l’Ukraine, où tout affaiblissement de la cohésion interne est perçu comme un risque stratégique. La rhétorique de G. Braun, qui joue sur les divisions sociales et renforce la polarisation, sert objectivement les intérêts du Kremlin en brouillant le consensus polonais autour du soutien à l’Ukraine.
Popularité croissante et préoccupations sécuritaires
Malgré ces controverses, le parti de Grzegorz Braun progresse dans les sondages, certains lui attribuant jusqu’à 10 % d’intentions de vote. Cette dynamique illustre une recherche d’alternative politique parmi une partie de l’électorat, même lorsque les options choisies comportent des risques pour la stabilité du pays. La réputation radicale de M. Braun — nourrie par des propos antieuropéens, antisémites et hostiles à l’Ukraine — alimente les inquiétudes quant à son rôle dans la diffusion de discours de haine et dans la légitimation de récits favorables à Moscou.
Appel à enquêter sur de possibles liens avec la Russie
Plusieurs responsables appellent à ouvrir une enquête sur d’éventuels financements étrangers ou des liens directs entre le parti et des structures russes. Un tel examen serait crucial pour déterminer si la formation n’est qu’un acteur marginal radicalisé ou si elle s’inscrit dans une stratégie d’influence pilotée depuis Moscou. Les déclarations du ministre Sikorski sur des comportements « proches de la trahison » soulignent la gravité avec laquelle les autorités évaluent aujourd’hui les risques. À mesure que les tensions géopolitiques se renforcent, Varsovie se montre davantage prête à mobiliser les instruments juridiques nécessaires pour protéger ses institutions et empêcher l’exploitation des clivages internes par des acteurs hostiles.