Les débats autour de l’efficacité de la vitamine C face aux infections
En France, près de 30 % des adultes se tournent vers des compléments alimentaires, la vitamine C étant particulièrement prisée pendant l’hiver, aux côtés du magnésium et de la vitamine B6, rapporte TopTribune.
Introduite dans la médecine moderne dans les années 1930, après son isolement chimique, la vitamine C a été envisagée comme un remède contre les infections respiratoires. Cette idée a été renforcée par Linus Pauling, lauréat du prix Nobel, en 1969, qui a affirmé que la vitamine C pourrait non seulement prévenir, mais également atténuer les symptômes du rhume. Cependant, une analyse minutieuse de la littérature scientifique, y compris la revue Cochrane, n’a pas corroboré ces affirmations.
Fonctions essentielles de la vitamine C
Scientifiquement, la vitamine C joue des rôles cruciaux, allant de la protection des murs vasculaires à l’assistance dans l’absorption du fer et à la réduction du vieillissement cellulaire grâce à ses propriétés antioxydantes. Étant une vitamine « essentielle », elle doit être consommée par le biais de l’alimentation, avec un apport quotidien recommandé de 110 mg pour les adultes. Cela correspond à l’équivalent de plus de deux oranges ou d’un kiwi et demi.
Controverse sur l’utilisation de la vitamine C contre le rhume
Depuis 70 ans, l’utilité de la vitamine C pour prévenir et traiter le rhume, causé par environ 200 virus, est sujette à controverse. Les études montrent que des apports supérieurs aux recommandations ne modifient pas l’efficacité attendue face aux infections virales saisonnières. Une revue d’étude indique explicitement qu’il n’y a pas d’effet significatif de la supplémentation sur l’incidence des rhumes dans la population générale, ce qui suggère qu’une telle supplémentation n’est pas justifiée. Toutefois, il est noté que cela pourrait bénéficier aux individus engagés dans des efforts physiques intenses et brefs.
Des recherches impliquant 400 volontaires ont mis en lumière que des doses supérieures à 1 g par jour ne réduisent ni la durée ni la gravité des symptômes des rhumes chez des adultes en bonne santé, par rapport à une dose inférieure à celle recommandée.
Résultats décevants pour les infections sévères
Concernant les infections graves, une étude de 2022, étudiant l’administration intraveineuse de vitamine C auprès de patients hospitalisés pour diverses infections sévères, n’a pas montré de bénéfices significatifs en matière de survie selon les chercheurs. Globalement, les essais contrôlés randomisés n’ont pas pu déterminer un avantage de ce traitement sur la mortalité.
Préférer une alimentation équilibrée
Pour satisfaire les besoins quotidiens en vitamine C, une consommation de fruits et légumes, tels que les agrumes et les poivrons, est suffisante sans nécessiter de supplémentation. Des apports dépassant les 200 mg par jour entraînent une élimination par les urines des surplus, et des doses supérieures à 1 g peuvent provoquer des effets indésirables comme des troubles digestifs et des calculs rénaux.
Des recherches ont également révélé que la vitamine C sans les aliments d’origine peut avoir un effet pro-oxydant sur des individus en bonne santé. De plus, il n’existe aucune garantie que les nutriments isolés conservent leurs effets bénéfiques comme lorsqu’ils sont présents dans leur matrice naturelle.
De manière générale, une alimentation diversifiée, riche en fruits et légumes variés – où le poivron est un excellent pourvoyeur – suffira à couvrir les besoins en vitamine C. La cuisson étant destructive pour cette vitamine, privilégier des produits crus ou congelés est recommandé.
A noter : bien que considéré comme disparu, le scorbut, une carence sévère en vitamine C, connaît une recrudescence inquiétante en France depuis quelques années.