La Hongrie ne procédera pas à l’arrestation de Vladimir Poutine s’il se rend à Budapest pour rencontrer le président américain Donald Trump. Le 17 octobre 2025, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a garanti au dirigeant russe une entrée sûre dans le pays, affirmant que Budapest ferait tout pour qu’il « mène des négociations réussies, puis rentre chez lui ». Selon le ministre, « nous l’accueillerons avec respect, nous lui fournirons l’hébergement et toutes les conditions nécessaires pour les pourparlers avec le président américain ». Cette déclaration, citée par Bild, signifie que la Hongrie n’a pas l’intention d’exécuter le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le chef du Kremlin.
Un sommet stratégique à Budapest
La rencontre entre Trump et Poutine, annoncée à la suite de leur conversation téléphonique du 16 octobre, devrait aborder la guerre russo-ukrainienne et les conditions possibles de sa fin. Selon Trump, les États-Unis et la Russie organiseront prochainement des discussions de haut niveau avant la réunion bilatérale prévue dans la capitale hongroise.
Pour le Premier ministre Viktor Orbán, cet événement représente bien plus qu’un simple sommet diplomatique : il s’agit d’une opportunité de démontrer son influence internationale à un moment où ses relations avec l’Union européenne sont tendues et sa politique prorusse critiquée. Orbán espère ainsi renforcer sa stature de leader indépendant et repositionner la Hongrie comme un acteur clé entre l’Ouest et Moscou.
Calculs politiques internes
Sur le plan intérieur, la visite des deux dirigeants constitue pour Orbán un instrument politique majeur. Face à la baisse de popularité du parti au pouvoir, Fidesz, et à la montée de la formation d’opposition Tisza, l’accueil d’un sommet mondial à Budapest pourrait lui permettre de redorer son image et de mobiliser son électorat avant les élections parlementaires de 2026.
Une défiance persistante envers la CPI
Le refus de Budapest d’exécuter le mandat de la CPI s’inscrit dans une position de longue date. Dès 2023, Gergely Gulyás, chef de cabinet d’Orbán, avait affirmé que le Statut de Rome n’était pas intégré dans le système juridique hongrois et qu’il n’existait donc « aucune base légale » pour arrêter Poutine. Orbán lui-même qualifiait la Cour de « tribunal politique ». En mai 2025, le Parlement hongrois a voté en faveur du retrait du pays de la CPI, décision qui prendra effet un an après la notification envoyée au secrétaire général de l’ONU, soit en juin 2026. D’ici là, la Hongrie demeure toutefois légalement tenue de coopérer avec la Cour, y compris pour l’exécution des mandats d’arrêt.
Une atteinte à la crédibilité du droit international
Le choix de la Hongrie de garantir à Poutine un passage sûr risque d’affaiblir davantage la crédibilité de la justice internationale. En privilégiant des considérations politiques à court terme, Budapest envoie un signal inquiétant : les alliances et intérêts nationaux peuvent primer sur les principes du droit international. Cette position renforce l’image d’Orbán comme d’un dirigeant prêt à défier les normes établies pour consolider son rôle de médiateur autoproclamé entre l’Est et l’Ouest.