Donald Trump sera mardi face au Congrès. Avant ce premier discours de politique générale, franceinfo est allé à la rencontre d’Américains pour comprendre ce qu’ils pensent de leur président six semaines après son investiture.
C’est un petit port de plaisance sur la côte est des États-Unis où es habitants de ce coin du Maryland aiment se retrouver le week-end pour déguster des sandwichs au crabe ou aux huîtres. À Deale, dans la baie de Chesapeake, 57% des résidents ont voté pour Donald Trump et pour les plus fidèles tout est parfait. « J’aime Trump. J’aime tout ce qu’il fait, toutes les politiques qu’il défend, je suis à 100% pour », s’exclame une habitante.
Donald Trump va prononcer, mardi 4 mars, son premier discours devant le Congrès des États-Unis. Ce n’est pas à proprement parler un discours sur l’état de l’Union, mais il devrait revenir sur ses premières mesures menées tambour battant, ainsi que les grandes lignes de ces quatre années à venir. Chez les républicains, Donald Trump bénéficie d’un large soutien.
« Je pense qu’il s’en sort très bien ! », explique Tatiana, particulièrement contente de l’action d’Elon Musk. Qu’on le veuille ou non, l’Amérique doit d’abord penser à elle-même. C’est bien d’avoir un président qui ne cherche pas juste à voler au secours du monde entier. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, mais on se désagrège de l’intérieur. L’Usaid (Agence des États-Unis pour le développement international) a dépensé des centaines de millions de dollars. Et en quoi rendre plus vert le Sri Lanka nous aide-t-il ? J’espère donc qu’on pourra éliminer une bonne partie du gaspillage au sein du gouvernement. »
Quelques doutes sur les coupes budgétaires
Mais même chez les plus fidèles, certains s’interrogent sur ces coupes budgétaires et ces licenciements en masse d’employés fédéraux. À l’image de Bruce, qui a toujours voté pour Donald Trump depuis 2016, mais est saisi d’un doute en regardant les premières mesures.
« Il y a beaucoup de choses que j’apprécie. Mais il y a aussi certains aspects où je me demande jusqu’où il veut aller… »Bruce
Ce chef d’entreprise serait content de recevoir le chèque de 5 000 dollars promis aux contribuables américains grâce à ces économies drastiques, mais il s’inquiète des conséquences de cette vague de licenciements : « Comme on est dans le Maryland, avec beaucoup de travailleurs fédéraux, voilà que le gouverneur parle soudain d’augmenter les impôts à cause des licenciements. Ce genre de choses me laisse assez perplexe. »
Janet aussi est un peu embêtée : elle a voté pour la première fois pour Donald Trump en novembre, principalement parce qu’elle voulait du changement notamment à la frontière mexicaine. Et si de ce côté-là, elle est tout à fait satisfaite, pour le reste, tout va trop vite et trop loin à son goût. Elle digère mal la rencontre avec Volodymyr Zelensky. « Je pense que ce qu’ils ont à discuter en privé est plus important que leurs déclarations devant les médias, explique Janet. Ce n’était pas une bonne chose, ça aurait pu être évité. Peut-être qu’ils auraient pu aboutir à quelque chose. Donc, je suis déçue. » D’origine russe, Janet s’inquiète de ce rapprochement soudain avec le Kremlin.
Une fracture de plus en plus ouverte avec les démocrates
Si la ville de New York a vu naître Donald Trump, la mégalopole est devenue une place forte démocrate où le président n’est plus vraiment le bienvenu. À Washington Square Park, le lieu de contestation emblématique dans le sud de Manhattan avec sa grande arche, le face-à-face Trump-Zelensky est un évènement qui fait réagir les démocrates que l’on y croise.
« Je suis sûr qu’ils voulaient juste l’attirer là et l’humilier. Zelensky aurait dû se lever et le frapper. Ils ont commencé à lui parler de sa garde-robe du fait qu’il ne porte pas de costume. Mais le type est en guerre ! Les gens là-bas se font tuer ! »Rich’
Comme d’autres, Rich’ n’a pas de mots assez durs pour parler de Donald Trump, d’Elon Musk et de ses coupes budgétaires. Il y a aussi les droits de douane, dont le président menace la terre entière avec le risque de voir les prix encore augmenter à New York où le taux de pauvreté atteint 25%. « La première chose qu’il fait, c’est d’imposer des taxes, déclare Sebastian, étudiant en économie. L’air de dire : ‘OK, l’Amérique bombe le torse, on n’a besoin de personne.’ Mais ça va se répercuter sur le consommateur. Je viens de Washington, mais à New York, les prix sont deux fois plus élevés. »
« Grâce à Donald Trump, la vérité n’a pas d’importance »
Ces sympathisants démocrates sont déjà exténués après cinq semaines de présidence Donald Trump. Fatigués d’un président qui ne fait pas grand cas de la vérité. Le président américain a été épinglé par le Washington Post(Nouvelle fenêtre), rappelle Shauna, pour avoir proféré plus de 30 000 mensonges et approximations lors de son premier mandat. « Grâce à Donald Trump, la vérité n’a pas d’importance, déplore Shauna. Si vous répétez un mensonge assez de fois, cela devient la vérité. Une personne que je connais, pendant les incendies en Californie m’a dit que les photos étaient truquées. Multipliez ça des millions de fois : voilà où l’on en est. C’est très inquiétant, on n’est même pas d’accord sur ce qui est réel. »
Les démocrates se posent donc une question : comment agir face à Donald Trump alors que les élus démocrates sont privés de majorité dans les deux chambres ? Ce n’est pas une excuse à entendre pour Carla, une ancienne militante : « Je suis totalement consternée. Leur boulot c’est d’agir et même s’ils se lamentent en disant : ‘Oh on n’a pas de majorité, qu’est-ce qu’on peut faire.’ ils pourraient faire tellement de choses et ils ne font rien. Je les interpelle tous les jours mais cela semble sans espoir. » Abattue mais pas défaite, elle sera, mardi soir, devant sa télévision.