Alors que la Russie et l’Ukraine s’affrontent toujours sur le front, les appels à des pourparlers de paix se font plus pressants. Les deux pays se disent ouverts aux négociations pour mettre fin au conflit qui dure depuis près de trois ans.
Vers une avancée diplomatique ? En Ukraine, la progression des forces russes se poursuit avec la revendication par Moscou, mercredi 5 février, de la capture des villages de Baranivka, dans la région de Donetsk, et de Novomlynsk, dans celle de Kharkiv. Kiev poursuit de son côté des frappes nocturnes sur des installations énergétiques en territoire russe, devenues quasi quotidiennes, en réponse aux bombardements incessants des villes ukrainiennes.
Près de trois ans après le début de l’offensive russe sur le territoire de son voisin, les discussions autour de l’ouverture de pourparlers de paix entre les deux pays se multiplient, notamment depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier. Voici pourquoi cette hypothèse prend de l’ampleur.
Parce que l’Ukraine se dit désormais prête à discuter
Volodymyr Zelensky s’est longtemps montré catégoriquement opposé à tout compromis avec la Russie. Mais le président ukrainien a revu sa position ces derniers mois, notamment face aux difficultés rencontrées par son armée, qui continue de reculer sur le front.
Dans un entretien diffusé mardi sur la chaîne YouTube Piers Morgan Uncensored(Nouvelle fenêtre), le président ukrainien a assuré qu’il accepterait les négociations si celles-ci finissaient par devenir « la seule configuration » dans laquelle il pourrait « apporter la paix aux citoyens de l’Ukraine et ne plus perdre de gens ». Il a évoqué un format avec « quatre participants » – a priori l’Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne. Selon lui, tout potentiel accord de paix doit contenir de solides garanties de sécurité pour son pays de la part des Occidentaux.
Dans un message publié sur X(Nouvelle fenêtre), Volodymyr Zelensky a aussi assuré que le fait d’être prêt à discuter avec Vladimir Poutine constituait en soi « un compromis » de la part de l’Ukraine. « Poutine est un assassin et un terroriste (…). Parler à un meurtrier est un compromis pour l’Ukraine et l’ensemble du monde civilisé », a-t-il encore affirmé.
Parce que la Russie ouvre aussi la porte à la négociation
Si Volodymyr Zelensky a interdit par décret en octobre 2022 toute négociation tant que Vladimir Poutine sera au pouvoir en Russie, le dirigeant russe a dit à plusieurs reprises être prêt à négocier. Mais seulement si l’Ukraine se plie à ses revendications : renoncer à rejoindre l’Otan, et céder à Moscou quatre régions du Sud et de l’Est du pays, en plus de la Crimée annexée en 2014. Des conditions inacceptables pour Kiev.
Le porte-parole russe, Dmitri Peskov, a réagi mercredi aux propos de Volodymyr Zelensky : « Le fait d’être prêt doit reposer sur quelque chose (…). Jusqu’à présent, cela ne peut être perçu que comme des paroles vides de sens ». Néanmoins, la Russie ne ferme pas la porte à l’Ukraine. « Nous restons ouverts aux négociations », a-t-il poursuivi, estimant que « la réalité sur le terrain » devrait convaincre Kiev de « faire preuve d’ouverture et d’intérêt pour de telles négociations ».
Parce que les Etats-Unis souhaitent un arrêt de la guerre
Depuis le début de l’invasion en février 2022, Joe Biden a assuré une aide militaire et économique à l’Ukraine, en devenant son principal allié. La position de Donald Trump, revenu à la Maison Blanche en janvier, demeure incertaine sur ce dossier. L’Ukraine redoute que le nouveau président américain décide de réduire son aide ou en fasse un sujet de négociations avec Moscou. Le président américain a plusieurs fois clamé vouloir mettre fin au conflit, sans jamais expliciter ses intentions.
Le dirigeant conservateur a plusieurs fois critiqué le montant de l’aide militaire américaine à Kiev, mais a aussi menacé Moscou de davantage de sanctions faute d’accord avec l’Ukraine.« Nous voulons mettre fin à cette guerre. Cette guerre n’aurait pas commencé si j’avais été président », a-t-il assuré.
Kiev a annoncé mardi avoir échangé avec la partie américaine sur l’organisation d’une discussion entre les présidents des deux pays dans un « futur proche ». Le milliardaire a affirmé être prêt à rencontrer Vladimir Poutine « dès que possible », voire « immédiatement », et a assuré que Volodymyr Zelensky était « prêt à négocier un accord » pour mettre fin à « une guerre ridicule ».