Guerre en Ukraine : comment les Russes sont-ils tenus informés de l'incursion inédite de l'armée ukrainienne dans la région de Koursk ?
Guerre en Ukraine : comment les Russes sont-ils tenus informés de l'incursion inédite de l'armée ukrainienne dans la région de Koursk ?

Guerre en Ukraine : comment les Russes sont-ils tenus informés de l’incursion inédite de l’armée ukrainienne dans la région de Koursk ?

15.08.2024
2 min de lecture

L’Ukraine mène depuis une semaine une attaque surprise en Russie. Cette manœuvre militaire d’ampleur fragilise le discours du Kremlin, qui tente de rassurer la population à travers les médias proches du pouvoir et de minimiser l’opération ukrainienne sur son sol.

Voilà huit jours que les regards sont braqués sur la région russe de Koursk, frontalière de l’Ukraine, cible d’une incursion de l’armée ukrainienne qui a surpris le Kremlin. L’offensive, lancée le 6 août, a déjà provoqué le départ de plus de 120 000 habitants, selon les autorités locales. Pour le moment, au moins 12 civils ont été tués et plus de cent blessés, d’après le pouvoir régional. Du quotidien Kommersant au journal Moskovski Komsomolets, en passant par Fontanka, les principaux médias russes consacrent logiquement leur une à cet événement inédit, mais le plus souvent pour minimiser les progressions ukrainiennes et pour dénoncer une opération terroriste appuyée par l’Occident.

Le correspondant de guerre russe Alexander Kots a également affirmé, dans le Komsomolskaïa Pravda, que les troupes ukrainiennes commencent à s’essouffler et que la ligne de front se stabilise déjà, que des renforts russes sont en route et qu’ils vont bientôt renverser la tendance. Les médias, plus largement, évoquent de lourdes pertes supposées du côté des forces ukrainiennes. « Les territoires frontaliers de la région de Koursk sont jonchés de cadavres de combattants ukrainiens et transformés en cimetières de véhicules blindés ennemis incendiés », assure ainsi le tabloïd Arguments et Faits .

Mercredi matin, de nombreux titres ont largement diffusé les propos d’Apti Alaudinov, commandant de la division tchétchène Akhmat. Le militaire y affirmait que les troupes ukrainiennes voulaient capturer la centrale nucléaire de Koursk, sans aucun début de preuve. Il démentait également la perte de la localité de Soudja par l’armée russe, au moment-même où une chaîne de télévision ukrainienne diffusait un reportage tourné dans la ville. L’armée russe, de son côté, a également déclaré avoir « repoussé » des attaques ukrainiennes qui visaient à « pénétrer en profondeur » dans la région frontalière de Koursk, grâce à des troupes appuyées par l’aviation, des drones et l’artillerie.

Unité, calme et confiance dans les autorités

Difficile d’évaluer le crédit de ces déclarations. Le ministère de la Défense russe a publié, samedi, des images censées attester du succès de frappes ménées contre les forces ennemies engagées dans l’incursion. Sauf qu’il s’agissait d’une ancienne vidéo tournée en Ukraine, comme l’a démontré le média russe d’investigation The Insider dès le lendemain. L’incursion est toujours dans une phase dynamique et l’armée ukrainienne a adopté le mode « silence radio », ce qui complique encore l’analyse de la situation.

Les autorités régionales russes, en attendant, coordonnent sur les réseaux sociaux les évacuations, tout en partageant régulièrement des alertes aériennes, afin que les habitants se mettent aux abris. Elles les appellent également à ne pas divulguer d’informations personnelles, même pour retrouver des proches disparus. Le tout, en évitant d’apeurer les populations. Le gouverneur régional de l’oblast de Koursk, Alexeï Smirov, tente ainsi de vanter les solidarités locales et de montrer le calme des évacuations. Mercredi, il a par exemple partagé cette vidéo sur Telegram du chef du village de Tyotkino, qui conduit plusieurs habitants à l’abri, dans la bonne humeur.

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