Très attendu, « Mission: Impossible. The Final Reckoning » est projeté à Cannes mercredi soir, une semaine avant la sortie nationale du film prévue le 21 mai.
Escalader le Burj Khalifa à mains nues, infiltrer le Kremlin, plonger en apnée dans une centrale de refroidissement, conduire à contresens sur l’autoroute. Dans Mission: Impossible, tout est possible, à commencer par l’adaptation d’une série culte en films à grand succès.
La franchise Mission: Impossible, c’est 3,5 milliards de dollars générés au box-office. Mais aussi cinq réalisateurs différents, un seul Ethan Hunt incarné par l’irremplaçable Tom Cruise, plus de trente villes de tournage et au moins le double de voitures fracassées.
Avec la sortie du dernier opus Mission: Impossible. The Final Reckoning,projeté mercredi 14 mai à Cannes, la franchise signe la fin des aventures d’Ethan Hunt. En cet honneur, la rédaction de franceinfo Culture s’est confié la mission de décrypter les raisons du succès de la franchise d’espionnage.
Une série mythique
Avant le projet de films porté par Tom Cruise, il y avait une série télévisée. Diffusée entre 1966 et 1973, cette série d’espionnage est l’œuvre du producteur et réalisateur Bruce Geller. Dans cette version, pas d’Ethan Hunt, mais bien la Force Mission Impossible (FMI) et ses agents. Et surtout, le générique devenu culte grâce à la musique de Lalo Schifrin suivi du rituel ordre de mission : « Bonjour, votre mission, si toutefois vous l’acceptez », clôturé par cet avertissement, « si vous ou l’un de vos agents étiez capturés ou tués, le département d’État nierait avoir eu connaissance de vos agissements. »
De son temps, la série connaît un franc succès populaire et critique et remporte de nombreuses récompenses : six Emmy Awards et trois Golden Globes. En 1988, Mission: Impossible. 20 ans après ressuscite le concept avec un reboot qui ne marque pas les esprits. Puis, dans les années 1990, l’acteur Tom Cruise s’associe à Paula Wagner pour adapter la série en films.
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Un générique culte
Une rythmique entraînante, un air envoûtant, difficile d’égaler le légendaire générique de Mission: Impossible. Avec un rythme en 5/4, le pianiste argentin Lalo Schifrin compose un classique de l’histoire de la musique de film. À tel point que les films ont conservé ce générique contrairement aux James Bond où la direction musicale est confiée à des artistes différents. Il n’empêche pas les variations dans l’interprétation, pour le deuxième opus, les équipes du film font appel au groupe Limp Bizkit qui reprend la musique dans un beau morceau intitulé Take a Look Around. Récompensé d’un Oscar d’honneur en 2018, Lalo Schifrin remportait cinquante ans auparavant un Grammy pour ce générique inoubliable.
Entre film d’auteur et blockbuster
En 1996, le réalisateur Brian de Palma est choisi pour ouvrir le bal. Un choix révélateur de l’ambition des producteurs de proposer des films d’action à la fois thrillers d’espionnage. Le premier Mission: Impossible révèle les influences d’Alfred Hitchcock chez Brian de Palma qui signe un thriller psychologique. Le réalisateur de Scarface se surpasse pour doubler le spectateur grâce à un jeu de dupes instauré dès les premiers moments du film. Difficile de discerner le vrai du faux.
Depuis, quatre cinéastes se sont succédé à la réalisation des Mission: Impossible. C’est sans aucun doute le dernier en date, Christopher McQuarrie, qui a réalisé les plus gros succès au box-office de la franchise. Après l’échec de Mission: Impossible 2 et 3, les réalisateurs ont su retrouver cet esprit et s’éloigner du ton caricatural emprunté par les réalisateurs John Woo et J. J. Abrams, qui avaient suscité les critiques de la presse et des spectateurs, accusant le coup d’un Ethan Hunt nombriliste.
Ethan Hunt : l’anti James Bond
Sur le compte X de Tom Cruise, la bio de l’acteur indique : « Running in movies since 1981 » (en français, « Court dans les films depuis 1981 »). Et il en a parcouru des kilomètres depuis le début de sa carrière qu’il documente régulièrement sur les réseaux sociaux. Tom Cruise mène une telle campagne promotionnelle, qu’on pourrait facilement le confondre avec son personnage à l’écran, Ethan Hunt. C’est d’ailleurs l’acteur qui réalise la plupart de ses cascades, le cauchemar de toute compagnie d’assurances.
Ethan Hunt se distingue de son collègue britannique James Bond à bien des égards. C’est un agent dont le métier tant à l’humaniser plutôt qu’à le désincarner. En effet, Ethan Hunt est avant tout un espion marginalisé, souvent décrédibilisé par sa hiérarchie qui lui prête une confiance limitée. Sur ce point, Tom Cruise présente des similitudes avec son personnage. En raison de ses croyances scientistes et de ses prises de parole polémiques, Paramount Pictures rompt, un temps, son contrat avec l’acteur.
Une histoire simple et efficace
La simplicité des scénarios est une raison de plus pour apprécier la franchise Mission: Impossible. Chaque film comporte une mission, une équipe d’agents et un grand méchant, difficile de perdre le fil. Cette efficacité scénaristique ne rend pas pour autant la série de films simpliste, bien au contraire. Chaque nouveau film s’inscrit dans une histoire dont le fil rouge est le protagoniste, Ethan Hunt, entouré d’une équipe d’agents fidèles.
Cet esprit d’équipe fidélise le public attaché à cette famille de cœur composée du loyal Luther Stickell (Ving Rhames), du nerd Benji Dunn (Simon Pegg), du cérébral William Brandt (Jeremy Renner) et de l’insaisissable Ilsa Faust (Rebecca Ferguson). C’est donc avec grand naturel que le public découvre chaque nouvel opus, qui apporte un vent de nouveauté, et jamais de confusion sur la franchise.
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Les acteurs Simon Pegg (à gauche) et Tom Cruise (à droite) et l’actrice Rebecca Ferguson (au milieu) lors de la projection de « Mission: Impossible. Rogue Nation », à Londres, le 25 juillet 2015. (MIKE MARSLAND / GETTY IMAGES EUROPE)
Des rôles de femmes fortes
La franchise Mission: Impossible se distingue grâce à des personnages féminins puissants qui font équipe avec Ethan Hunt. La « James Bond girl », femme trophée et objectivée, n’est plus qu’un lointain souvenir. Dans Protocole Fantôme, l’agent Jane Carter (Paula Patton) fait équipe avec Ethan Hunt pour retrouver la tueuse à gages Sabine Moreau (Léa Seydoux) afin de venger son compagnon, l’agent Hanaway (Josh Holloway). Un schéma rare dans les films d’action, où le héros principal voit souvent sa compagne mourir devant ses yeux, pas l’inverse.
À partir du cinquième opus, le réalisateur Christopher McQuarrie introduit un alter ego d’Ethan Hunt. L’agente du MI6 Ilsa Faust est la seule au niveau de l’espion, qu’elle double ou aide en fonction de ses intérêts. Les deux agents entretiennent une relation ambiguë qui reste à l’écart de l’écueil du couple cliché observé dans Mr. and Mrs. Smith (2005). Leurs ennemis sont aussi des ennemies, avec des rôles féminins de grandes méchantes, notamment Sabine Moreau et la Veuve blanche (Vanessa Kirby). Dans le dernier opus, Ethan Hunt fait équipe avec la voleuse Grace (Hayley Atwell), présente au casting du prochain film.
Des scènes d’ouverture grandioses
Pour Mission: Impossible. Protocole Fantôme, Brad Bird réalise une scène d’ouverture spectaculaire. Aidé à distance par son équipe, Ethan Hunt s’évade d’une prison russe. En fond sonore, la musique Ain’t That a Kick in the Head? de Dean Martin rythme cette évasion chronométrée. Dans l’opus suivant, Rogue Nation, Christopher McQuarrie tape encore plus fort. Dès les premières minutes du film, Ethan Hunt s’arrime à l’aile d’un avion au décollage devant les yeux ébahis de son équipe. Une cascade réalisée sans doublure par Tom Cruise qui s’y est repris à huit reprises pour offrir la meilleure prise au réalisateur.
Ce rituel permet d’embarquer le public dès le début du film, dont la suite déçoit rarement, excepté dans Mission: Impossible 2. Après une scène d’ouverture magistrale d’escalade sur le Grand Canyon, le film tourne rapidement à l’egotrip, moqué par le public et la critique.
Une technologie futuriste
La franchise Mission: Impossible porte une attention particulière à la technologie. Dans la série, comme dans les films, les agents de la FMI maîtrisent l’art du camouflage grâce à des gadgets de pointe. Les lentilles de contact à reconnaissance faciale annoncent la généralisation du casque de réalité virtuelle et des lunettes connectées. L’utilisation des masques est une tradition reprise depuis les débuts de la série, ainsi que dans les films. Chaque réalisateur introduit les masques à sa sauce, pour aider les agents à tromper leurs ennemis ou leur mettre des bâtons dans les roues.
La technologie fait aussi office de levier scénaristique. Dans Mission: Impossible. Dead Reckoning, les agents affrontent l' »Entité », une intelligence artificielle maléfique qui menace la paix dans le monde. Le grand final promet un combat sans merci contre l’Entité et son pouvoir destructeur.