La facture s’alourdit. Après l’acier et l’aluminium, Donald Trump va imposer à partir de mercredi 2 avril, des droits de douane supplémentaires de 25% sur les véhicules, voitures et camions, importés aux Etats-Unis. Il confirme ainsi une mesure majeure de sa stratégie de négociations commerciales agressives avec les pays importateurs, à commencer par la Chine, le Canada, le Mexique, mais aussi l’Europe. Or, actuellement, près d’une voiture sur deux vendues aux Etats-Unis est importée.
La Chine, dans le viseur
La première visée est bien la Chine, grande concurrente d’Elon Musk et de Tesla sur le marché de la voiture électrique, qui se retrouve désormais taxée à un prohibitif 125%. Mais Donald Trump se dit prêt à accorder une ristourne à Pékin sur les droits de douane, en échange d’un arrangement sur le rachat du réseau chinois TikTok aux Etats-Unis.
Le Japon, grande puissance automobile, et la Corée du Sud risquent eux aussi gros : traditionnellement deuxième pays exportateur de voitures vers les Etats-Unis (avec 1,3 million de véhicules exportés en 2024), Tokyo s’est fait doubler par la Corée en 2024 (1,4 million), selon le département américain du Commerce. Le japonais Toyota reste la première marque de voitures sur le marché américain et y produit notamment, dans ses 11 usines, le SUV Rav4 et la berline Corolla. Mais Toyota importe encore un peu moins de la moitié des véhicules qu’il y vend, depuis le Japon, le Mexique, ou le Canada. Le Japon, pour qui l’exportation d’automobiles est un pilier essentiel, a promis jeudi d’opposer « une réponse appropriée » aux droits de douane de Trump.
Pour le Mexique et le Canada, la situation est complexe, tant depuis des années la filière automobile nord-américaine s’est développée de part et d’autres des frontières, avec des pièces fabriquées dans un pays et assemblées dans un autre. En 2024, les constructeurs américains et européens ont notamment exporté près de trois millions de voitures et utilitaires depuis le Mexique, et 1,1 million depuis le Canada, selon les chiffres du département américain du Commerce.
Donald Trump veut y mettre fin pour que les voitures soient fabriquées entièrement sur le sol américain… Proche allié de Donald Trump, Elon Musk a d’ailleurs lui aussi averti mercredi soir que les nouveaux droits de douane auront un effet « non négligeable » sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées.
Gros enjeu pour l’Allemagne
Pour les constructeurs européens, le marché américain est le deuxième en importance, bien trop crucial pour risquer d’y perdre des parts. L’industrie automobile européenne y a exporté en 2024 près de 750 000 voitures pour une valeur de 38,5 milliards d’euros, selon l’Association européenne des constructeurs (ACEA). Plusieurs, comme Mercedes, BMW ou même Stellantis ont renforcé leur production aux Etats-Unis ces dernières années, mais c’est la puissante industrie automobile allemande qui a le plus à craindre de la décision de Donald Trump. Les Etats-Unis représentent son premier débouché à l’international puisqu’elle y a exporté pour 24 milliards d’euros de véhicules l’année dernière.
Vient ensuite la Slovaquie, qui produit également beaucoup de voitures sous marque Volkswagen. Ses exportations aux Etats-Unis pèsent près de 6 milliards d’euros. Puis, l’Italie et la Suède, 4 milliards chacune. La France arrive loin derrière, avec moins de 600 millions d’euros en valeur pour les voitures produites dans l’Hexagone vendues aux Etats-Unis, voitures de marques françaises, mais aussi japonaises, avec les Toyota fabriquées à Onnaing, dans les Hauts-de-France. En ce qui concerne certaines marques italiennes ou françaises déjà très peu vendues sur le marché américain, il n’est donc pas impossible qu’elles renoncent à les importer aux Etats-Unis avec de telles barrières douanières et se reconcentrent sur d’autres marchés plus accueillants.