Pendant la campagne présidentielle, Donald Trump a promis de détricoter les politiques climatiques de son prédécesseur, notamment son grand plan pour la transition énergétique.
L’ombre de Donald Trump, qui revient à la Maison Blanche en janvier, pèse sur la lutte contre le changement climatique. Le retour au pouvoir du républicain, qui a promis pendant sa campagne de « forer à tout va », mis en doute la réalité du réchauffement et dit vouloir sortir à nouveau de l’accord de Paris, alimente en effet les craintes d’affaiblissement des ambitions mondiales, alors que les Etats-Unis sont le deuxième émetteur de gaz à effet de serre après la Chine.
L’administration de Joe Biden tente donc de faire passer des mesures avant son départ de la Maison Blanche et de rassurer les différents acteurs. A la COP29, qui se termine vendredi 22 novembre en Azerbaïdjan, « la délégation américaine essaye de réfléchir à la manière de maintenir la place des Etats-Unis [dans les négociations climatiques internationales] pendant les quatre prochaines années », décrit depuis Bakou Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales.
Une visite symbolique, comme un message à Donald Trump
En visite en Amazonie brésilienne, dimanche, le président américain sortant a ainsi envoyé à son successeur un message en faveur de la protection de l’environnement. Depuis le cœur de la forêt tropicale, à Manaus, il a d’abord défendu son bilan en la matière, lui qui a fait adopter l’Inflation Reduction Act (IRA), grand plan pour la transition énergétique prévoyant des centaines de milliards de dollars de subventions, dont des allègements fiscaux pour les véhicules électriques. « Certains essayeront peut-être de nier ou de retarder la révolution de l’énergie propre qui est en cours en Amérique. Mais personne, personne ne peut faire marche arrière là-dessus », a-t-il assuré à cette occasion.
Et au-delà de ce message, l’administration Biden enchaîne les mesures. Depuis Manaus encore, le président sortant a annoncé un doublement, à 100 millions de dollars, de la contribution américaine au Fonds Amazonie, fonds international pour la protection de cette forêt. Dimanche encore, Washington a annoncé que les Etats-Unis avaient atteint en 2024 leur engagement de porter à 11 milliards de dollars leur aide bilatérale pour la lutte contre le changement climatique, se félicitant d’être ainsi « le plus grand bailleur bilatéral du monde en matière de finance climatique ». « Aucun Etat ne devrait se vanter d’être le plus grand bailleur bilatéral. C’est la contribution totale en matière de financement climat qui compte et les Etats-Unis n’ont jamais atteint leur ‘juste part' », a toutefois nuancé Friederike Röder, spécialiste en finance climatique de l’ONG Global Citizen.
Plus tôt encore, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) a finalisé « l’une des seules règles climatiques en suspens de l’administration Biden, visant à lutter contre les fuites de méthane » et faisant partie de l’IRA, ajoute CNN(Nouvelle fenêtre). Le gouvernement actuel est également en train de travailler sur « d’autres politiques importantes, concernant les produits chimiques toxiques ou l’initiative californienne visant à éliminer progressivement les voitures et les camions roulant au gaz d’ici 2035 », liste le Washington Post(Nouvelle fenêtre).
Sécuriser un maximum de décisions
L’administration fait tout pour que ses politiques soient sécurisées sous le prochain mandat. Car Donald Trump a déclaré, pendant la campagne présidentielle, qu’il « annulerait tous les fonds non dépensés » de l’IRA, le moratoire de Joe Biden sur les nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié ou encore « l’obligation d’achat de véhicules électriques ».
Le département de l’Intérieur « a fait un très bon travail pour que pas grand-chose ne risque d’être renvoyé à la prochaine administration », salue Aaron Weiss, directeur adjoint du Center for Western Priorities, cité par le Washington Post. Parlant aux employés de l’Agence de protection de l’environnement, son administrateur, Michael Regan, a ainsi assuré, après l’élection de Donald Trump, que leurs travaux sous la présidence de Joe Biden « résisteraient à l’épreuve du temps », rapporte le même journal.
Même tentative à l’échelle internationale. Les Etats-Unis pourraient, selon Bloomberg(Nouvelle fenêtre), donner leur feu vert à un arrêt des aides publiques aux industries fossiles, en discussion cette semaine à l’OCDE et auquel Washington était jusqu’à présent hostile. Un accord « serait particulièrement efficace en raison de sa nature contraignante, d’après l’ONG Oil Change International(Nouvelle fenêtre). Il ne pourrait être annulé que si tous les pays négociateurs acceptaient de changer de cap, ce qui le mettrait ‘à l’abri de Trump’. »