Conflit entre l'Inde et le Pakistan : ce que l'on sait des affrontements de la nuit de mardi à mercredi
Conflit entre l'Inde et le Pakistan : ce que l'on sait des affrontements de la nuit de mardi à mercredi

Conflit entre l’Inde et le Pakistan : ce que l’on sait des affrontements de la nuit de mardi à mercredi

07.05.2025
4 min de lecture

Au moins 34 personnes sont mortes des deux côtés de la frontière, après des tirs d’artillerie et des frappes. Depuis que des hommes ont abattu 26 personnes au Cachemire indien le 22 avril, un attentat qu’Islamabad nie avoir orchestré, l’embrasement était redouté.

L’escalade diplomatique est devenue militaire dans la région du Cachemire. L’Inde et le Pakistan se sont violemment affrontés, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 mai, après des premières frappes indiennes sur le sol pakistanais. Au moins 34 personnes sont mortes, dans ce qui s’apparente aux violences les plus importantes entre les deux puissances nucléaires en deux décennies. 

Le feu couvait entre les deux voisins depuis un attentat ayant tué 26 personnes dans le Cachemire indien, le 22 avril. Si l’attaque n’a pas été revendiquée, New Delhi accuse Islamabad, qui dément formellement. En toile de fond, les deux pays s’opposent à propos d’un vieux conflit territorial dans la région frontalière du Cachemire depuis la partition de l’Inde britannique en 1947, ayant donné naissance au Pakistan, à majorité musulmane, au nord, et à l’Inde, à majorité hindoue, au sud. Voici ce que l’on sait des affrontements de la nuit.

Des infrastructures « terroristes » et des avions visés

New Delhi a donc mis ses menaces à exécution, deux semaines après l’attaque à Pahalgam. Dans un communiqué publié mardi soir, le gouvernement indien a rapporté avoir mené des frappes de missiles contre « neuf sites » abritant « des infrastructures terroristes » situés sur le territoire pakistanais. Mercredi matin, une porte-parole de l’armée indienne a affirmé qu’ils avaient tous été « détruits ».

« Notre action est ciblée, mesurée et vise à éviter toute escalade. Aucune installation militaire pakistanaise n’a été visée », affirme le gouvernement indien, qui assure avoir fait preuve d’une « retenue considérable ». L’un des sites ciblés était la mosquée Subhan, à Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes proches du mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba. Cette organisation terroriste opère principalement dans la vallée du Cachemire. L’Inde l’avait déjà mise en cause pour les attentats de Bombay en 2008.

D’après le porte-parole de l’armée pakistanaise, le barrage pakistanais Neelum-Jhelum, servant à produire de l’électricité au Cachemire, a aussi été endommagé par les frappes indiennes de la nuit.

En représailles, l’armée pakistanaise a dit mercredi avoir abattu cinq avions indiens dans l’espace aérien indien, dont trois Rafale de fabrication française, selon son porte-parole. Il a précisé que « trois Rafale, un MiG 29 et un avion SU » avaient été touchés. 

Au moins 34 morts des deux côtés de la frontière

Les deux armées ont également échangé des tirs d’artillerie le long de leur frontière contestée au Cachemire, quelques heures après les frappes sur le sol pakistanais. Des tirs qui, pour l’heure, sont à l’origine de l’essentiel des morts. 

Au Pakistan, les missiles indiens qui se sont abattus sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais, ainsi que des échanges de tirs au Cachemire, ont tué au moins 26 civils, dont deux fillettes de trois ans et un garçon de cinq ans, selon le porte-parole de l’armée pakistanaise. Quarante-six personnes ont été blessées, d’après cette source.

En Inde, huit personnes sont mortes et 29 ont été blessées dans le village cachemiri de Poonch lors des tirs d’artillerie, d’après les autorités locales. Engagée dans la nuit, la bataille s’est poursuivie le matin autour du village visé par de nombreux obus pakistanais, selon des journalistes de l’AFP. La localité était surmontée d’un nuage de fumée noire et secouée à intervalles réguliers de très fortes explosions.

« Nous avons été réveillés par des tirs (…), j’ai vu des obus tomber. J’ai dit à mes associés de sortir du bâtiment, j’ai eu peur que le toit ne s’écroule », a rapporté Farooq, un habitant, à l’agence Press Trust of India. De violentes explosions ont également été entendues plus tôt dans la nuit autour de Srinagar, la principale ville de la partie indienne du Cachemire.

Un embrasement dans un contexte explosif

Après cette série d’affrontements, le Comité de la sécurité nationale pakistanais a annoncé se réunir mercredi matin. Le chef de gouvernement pakistanais, Shehbaz Sharif, doit ensuite s’adresser à la nation, selon son bureau, alors que des drapeaux indiens et des portraits de Narendra Modi ont été incendiés lors de manifestations mercredi matin, dans le sud du pays.

Juste avant les premières frappes de son armée, le président indien avait annoncé son intention de « couper l’eau » des fleuves qui prennent leur source en Inde et irriguent le Pakistan, une menace impossible à mettre à exécution à court terme, selon des experts. Dès le lendemain de l’attentat à Pahalgam, l’Inde avait suspendu sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec son voisin.

Mardi, Islamabad a accusé New Delhi de modifier le débit du fleuve Chenab, l’un des trois placés sous son contrôle selon le traité dit de l’Indus. Ce document accorde à l’Inde le droit d’utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures, mais lui interdit de détourner des cours d’eau ou d’altérer le volume d’eau en aval.

Le ministre iranien des Affaires étrangères est par ailleurs attendu à New Delhi mercredi, deux ours après une visite à Islamabad, pour y lancer une médiation.

Des appels à la retenue lancés par la communauté internationale

Depuis le 22 avril, de nombreux appels à la retenue ont été lancés par des dirigeants appelant à éviter un embrasement régional. Après les frappes indiennes, l’ONU a assuré que « le monde ne peut pas se permettre une confrontation militaire » entre Inde et Pakistan, tous deux en possession de l’arme nucléaire. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio s’est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais, encourageant les deux parties à entamer des discussions. Interrogé peu auparavant, Donald Trump a dit espérer que les affrontements « s’arrêtent très rapidement ».

« Nous comprenons l’aspiration de l’Inde à se protéger contre le fléau du terrorisme, mais nous appelons évidemment l’Inde comme le Pakistan, à la retenue pour éviter l’escalade et évidemment à la préservation des civils », a réagi sur TF1 le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il n’a pas confirmé l’affirmation de l’armée pakistanaise qui dit avoir abattu cinq avions indiens dans l’espace aérien indien, dont trois Français.

La Chine a également appelé les deux pays « à éviter de prendre des mesures qui compliqueraient davantage la situation ». Le gouvernement britannique, lui, s’est dit « prêt » à intervenir pour une « désescalade » entre l’Inde et le Pakistan.

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