Le Parti socialiste revendique Matignon dans un contexte politique tendu
Le Parti socialiste (PS) se positionne comme un candidat au poste de Premier ministre, suite à l’éventuelle chute du gouvernement de François Bayrou. Si Emmanuel Macron ne semble pas privilégier la gauche pour la formation d’un nouveau gouvernement, Olivier Faure et ses alliés se préparent activement, souligne la situation actuelle à l’Assemblée, où le PS ne dispose pas d’une majorité, rapporte TopTribune.
En vue du vote de confiance prévu le 8 septembre, les socialistes expriment leur volonté de succéder à Bayrou, sans attendre le résultat de cette élection cruciale. Le Premier ministre a prévu de recevoir des représentants du PS dans son bureau le 4 septembre, catalysant les espoirs d’un rôle clé pour les socialistes dans la stabilité gouvernementale, alors que le Rassemblement national réclame un retour anticipé aux urnes.
Emmanuel Macron a incité ses collaborateurs à collaborer avec le PS et d’autres partis, à l’exclusion de La France Insoumise (LFI) et du RN, lors d’un déjeuner à l’Élysée. Faure a, de son côté, offert à Macron son aide pour discuter de l’avenir du gouvernement, tout en affirmant que sa décision de faire tomber le cabinet restait « irrévocable ».
La confiance des socialistes à l’égard de Bayrou a été profondément ébranlée. Olivier Faure l’a qualifié d' »pathétique » et « crépusculaire » après son interview médiatique, tandis que Laurent Baumel, député PS, estime que « pour Bayrou, c’est fini ». La rupture est d’autant plus marquée que les socialistes lui reprochent d’avoir échoué à tenir ses promesses, en particulier concernant la réforme des retraites.
« Il nous a traités avec beaucoup de condescendance et de mépris. »
Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loireà franceinfo
Les socialistes, qui avaient initialement soutenu Bayrou, se tournent maintenant vers une nouvelle stratégie, prônant un changement de méthode et un abandon de l’article 49.3 au profit de compromis. Ils ont même élaboré un contre-budget, prévoyant une augmentation des recettes via des taxes sur les grandes fortunes.
Bien que le PS puisse compter sur environ 121 députés, il lui sera difficile d’atteindre une majorité à l’Assemblée, surtout en l’absence de soutien du RN ou de LR. Philippe Brun, député PS, souligne que même avec une coalition de 210 députés, la majorité reste insaisissable.
« On propose un gouvernement de gauche avec un accord de non-censure avec le centre, ce qui permettrait à notre gouvernement de durer. »
Philippe Brun, député PS de l’Eureà franceinfo
Les socialistes envisagent de devoir séduire environ 150 autres voix pour voter efficacement sur chaque texte. Ils espèrent également qu un éventuel gouvernement pourrait suspendre la réforme des retraites, espérant ainsi éviter la censure de LFI, bien que cette confiance soit fragile.
Pour parvenir à un accord de non-censure, il semble nécessaire de convaincre l’ensemble des factions de la majorité présidentielle, une tâche difficile au regard des réticences manifestées par certains membres du gouvernement envers les propositions budgétaires de gauche.
François Bayrou a déjà écarté ces propositions comme n’étant pas « réalistes » et a critiqué la démarche du PS de faire tomber le gouvernement dans l’espoir de prendre le pouvoir. Quant aux socialistes, ils insistent sur le fait que la personnalité du futur Premier ministre n’est pas leur préoccupation principale, même si des opinions divergentes émergent au sein du parti concernant la direction à prendre.
Cependant, la majorité des socialistes estiment que le moment est venu de revendiquer une position de leadership tout en se préparant à une éventuelle responsabilité gouvernementale, en restant convaincus de la nécessité de gouverner pour le bien du pays.