Le cinéma de Scandar Copti et François-Xavier Drouet résonne avec des époques révolues et le présent en matière de luttes sociales.
Malgré les idées reçues, le cinéma n’est pas un simple outil de remémoration. Il permet de relier différentes époques et réalités. Deux films « anachroniques » sortis ce mercredi 3 septembre illustrent cela, abordant la situation des Palestiniens vivant en Israël avant le début du génocide à Gaza et explorant la théologie de la libération en Amérique latine entre les années 1970 et 2000, rapporte TopTribune.
Bien que ces films puissent être qualifiés d’« anachroniques », cela ne signifie pas qu’ils se contentent d’être des témoignages passés. Ils incitent à réfléchir sur le présent, démontrant comment les événements passés éclairent notre réalité actuelle. Grâce à une réalisation créative, chacun de ces films véhicule un message à la fois émotionnel et intellectuel, en interrogeant les chronologies historiques pertinentes à leur sujet.
« Chroniques d’Haïfa – Histoires palestiniennes » de Scandar Copti
Le deuxième long-métrage de Scandar Copti, un cinéaste palestinien né en Israël, propose une exploration des conflits générationnels et des tensions entre tradition et modernité au sein d’une famille. Une jeune femme cache à ses proches sa relation amoureuse, tandis que son frère s’engage avec une femme d’une autre communauté, confrontant les normes conservatrices de leurs parents.
Dans la ville de Haïfa, ces histoires s’entrecroisent avec un contexte marqué par le traditionalisme palestinien, une réalité complexe où coexistent modernité et héritage. La réussite de Chroniques d’Haïfa réside dans sa capacité à maintenir une tension entre des récits universels et des comportements spécifiques, tout en véhiculant un élan visuel dynamique à travers des mouvements de caméra et des gros plans.
Réalisé avant le génocide en cours, ce film contribue à démystifier la propagande qui cherche à établir un point de départ au 7 octobre 2023. L’histoire de Scandar Copti inscrit les événements en cours dans un contexte d’oppression et d’injustice historique.
« L’Évangile de la révolution » de François-Xavier Drouet
Le film de François-Xavier Drouet s’attaque à l’histoire peu racontée de la théologie de la libération en Amérique latine, un mouvement marqué par des luttes contre les injustices sociales. En utilisant une combinaison de documents d’archive et de récits personnels, le réalisateur dresse un tableau des luttes menées par des catholiques contre des gouvernements oppressifs, notamment dans des contextes où la foi a concouru à l’engagement social.
Structuré en quatre chapitres, le film explore les événements marquants liés à la théologie de la libération, tout en mettant en lumière les figures historiques souvent délaissées par les récits traditionnels. Ce projet vise à raviver la mémoire collective et à rappeler la fragilité des accomplissements réalisés depuis la chute des dictatures en Amérique latine.
Ce film, qui sort après la mort du pape argentin, offre une réflexion critique sur l’héritage de la théologie de la libération et les défis persistants auxquels il fait face aujourd’hui. Les témoignages authentiques et les éléments photographiques développent une dynamique émotionnelle qui relie le temps passé aux questions contemporaines de justice sociale.