Au deuxième trimestre de 2025, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits auprès de France Travail a montré une diminution apparente. Cependant, selon la note d’analyse dévoilée par la Dares le 29 juillet 2025, cette tendance dissimule en réalité une remise en cause structurelle plus profonde du marché du travail. L’organisme en charge des statistiques du ministère du Travail met en avant des effets réglementaires significatifs qui altèrent la compréhension des chiffres bruts, rapporte TopTribune.
Effectifs globaux : une baisse trimestrielle mais une hausse annuelle
À l’échelle nationale (hors Mayotte), la moyenne trimestrielle des demandeurs d’emploi en catégories A, B et C s’établit à 5 612 100 personnes, ce qui représente une diminution de −2,2 % par rapport au trimestre précédent. Cette tendance affecte particulièrement :
- Catégorie A (sans emploi) : 3 212 400 inscrits, en recul de −2,7 % sur le trimestre, mais enregistrant une hausse de +6,6 % sur un an.
- Catégories B et C (activité réduite) : 2 399 700 personnes, avec une diminution de −1,5 % sur trois mois, et une croissance de +1,1 % sur un an.
Dans une vue d’ensemble qui englobe les catégories A à E, le nombre total d’inscrits s’élève à 6 353 400, en baisse de −2,2 % sur le trimestre tout en affichant une augmentation de +3,4 % sur douze mois.
Impact des réformes sur les statistiques chômage
La Dares indique que deux réformes mises en place durant le trimestre ont eu un impact significatif sur les résultats :
- La loi “Plein emploi”, entrée en vigueur en janvier 2025, a modifié les règles relatives à l’actualisation mensuelle des demandeurs d’emploi. Cette modification a conduit à davantage de radiations administratives et à des transferts vers les catégories B et C, provoquant ainsi une baisse mécanique des chiffres en catégorie A.
- Le décret “Sanction”, instauré en juin, a limité le nombre de radiations au profit d’approches de suspension et de remobilisation. Cela a entraîné une réduction des radiations de 15 %, ce qui a contribué à maintenir artificiellement un nombre élevé d’inscrits dans les registres de France Travail.
Une relecture économique : un taux de chômage en hausse au deuxième trimestre 2025
Pour fournir une image économique fidèle, la Dares propose une révision prenant en compte les effets structurels. Ce retraitement montre que, sans l’influence des deux réformes mentionnées :
- Le total de demandeurs d’emploi en catégorie A aurait enregistré une hausse de +0,2 % sur le trimestre.
- Le nombre total d’inscrits en catégories A, B et C aurait crû de +0,9 %.
Ces chiffres, ajustés pour mieux refléter la conjoncture réelle, signalent un dureissement du marché du travail, malgré des indicateurs semblant montrer une réduction.
Ce décalage entre les statistiques brutes et leur interprétation ajustée met en lumière la vulnérabilité actuelle de l’économie. Sur une période d’un an, l’augmentation ajustée des effectifs en catégorie A, estimée à +6,0 %, confirme une dynamique ascendante du chômage, même après neutralisation des biais réglementaires. Les données consolidées révèlent également une croissance de +4,1 % sur un an pour les catégories A, B et C, illustrant une pression accrue sur l’emploi, en particulier pour les secteurs à faible qualification ou ceux sensibles à la conjoncture économique.