Des hommes armés ont attaqué dimanche des églises orthodoxes et au moins une synagogue, tuant quatre civils et 15 policiers. Les autorités russes ont dénoncé des actes « terroristes ».
Des lieux de culte ont été attaqués en Russie et l’Ukraine est dans le viseur des autorités locales. Des hommes armés ont attaqué, dimanche 23 juin, des églises orthodoxes et au moins une synagogue dans la république du Daguestan, tuant au moins 19 personnes, dont un prêtre et des policiers, ont déclaré les autorités, qui dénoncent des « actes terroristes ». Si aucune revendication n’a été faite en ce sens, le dirigeant de cette région du Caucase russe a rapidement fait allusion à l’Ukraine, déclarant : « La guerre arrive dans nos maisons ». Franceinfo vous résume ce que l’on sait de ces attaques.
Au moins 19 morts, dont un prêtre et 15 policiers
Les attaques ont eu lieu dans la capitale du Daguestan, Makhatchkala, et la ville côtière de Derbent. Elles ont visé « deux églises orthodoxes, une synagogue et un check-point de la police », a annoncé le Comité antiterroriste russe (NAK), cité par l’agence gouvernementale Ria Novosti. Des représentants juifs, dont le Congrès juif russe, ont affirmé qu’une deuxième synagogue avait aussi été incendiée. Enfin, des individus armés ont ouvert le feu contre un véhicule transportant des policiers dans le village de Sergokala, a précisé le ministère de l’Intérieur aux agences russes.
Le bilan humain est lourd. Quatre civils, dont un prêtre de l’Eglise orthodoxe russe, âgé de 66 ans, sont morts, d’après les autorités. Au moins 15 policiers ont été tués, selon le dernier bilan communiqué lundi, soit 19 victimes au total. L’administration locale a décrété trois jours de deuil au Daguestan.
Dimanche soir, des images, reprises par les médias russes, ont montré un bâtiment en flammes, présenté comme une synagogue. Sur d’autres vidéos, on pouvait entendre des coups de feu dans les rues de Makhatchkala, où un important dispositif policier a été déployé. Mais l’authenticité de ces images n’a pas pu être vérifiée dans l’immédiat.
Une enquête ouverte, l’Ukraine dans le viseur des autorités
Aucun élément ne permet de connaître les motivations ou les identités des auteurs de ces attaques, qui semblent coordonnées. Le NAK a déclaré avoir ouvert une investigation criminelle sur des « actes terroristes », sans plus de détails. Le dirigeant du Daguestan, Sergueï Melikov, a affirmé dimanche soir que « des inconnus ont essayé de déstabiliser la société ».
La responsabilité de Kiev a très vite été avancée par les autorités russes. « Nous savons qui est derrière ces attaques terroristes et quel objectif ils poursuivent », a dit Sergueï Melikov, sans préciser qui était dans le viseur, mais en faisant allusion à la guerre en Ukraine. « Nous devons comprendre que la guerre arrive dans nos maisons aussi. Nous le sentions, mais aujourd’hui, nous l’affrontons », a-t-il lancé. Le patriarche Kirill, chef de l’Eglise orthodoxe russe et fervent soutien du Kremlin, a de son côté assuré que l’« ennemi » cherchait à détruire « la paix interreligieuse » en Russie. Son but est de « planter les graines de la haine », a-t-il dénoncé, sans nommer de responsables.
Le dirigeant du Daguestan a ajouté que « la phase active » des opérations à Derbent et Makhachkala « était terminée » et que « six bandits avaient été liquidés », tandis que le NAK ne comptabilise que cinq assaillants tués, dont l’identité « a pu être établie ». Les autorités vont tenter de retrouver « tous les membres de ces cellules dormantes qui ont préparé [les attaques] et qui ont été préparés, y compris à l’étranger », a-t-il affirmé. Lundi matin, l’opération antiterroriste a également été clôturée, selon le NAK, cité par les agences de presse russes.
Une série d’attentats en Russie
Ces dernières années, la Russie est régulièrement visée par des attaques revendiquées par l’Etat islamique (EI). En mars, l’attentat dans une salle de concert, le Crocus City Hall, dans la banlieue de Moscou, a fait 140 morts. Trois mois plus tard, le 16 juin, plusieurs membres de l’EI ont été tués après avoir pris en otage deux agents pénitentiaires dans une prison du sud de la Russie, selon les autorités.
Le pays a été confronté à une rébellion islamiste au début des années 2000, un mouvement né du premier conflit contre la Tchétchénie séparatiste en 1994-1996. Près de 4 500 Russes, notamment originaires du Caucase, ont, depuis, combattu aux côtés de l’EI en Irak et en Syrie, selon des chiffres officiels.
En octobre 2023, des émeutes hostiles à Israël ont éclaté dans l’aéroport de Makhatchkala. Une foule d’hommes avait envahi son tarmac au moment de l’atterrissage d’un avion en provenance d’Israël, en pleines tensions liées à la guerre entre Israël et le Hamas.