Le 8 octobre 2025, Thales Belgium, leader européen de la défense aérienne, a confirmé une hausse notable du nombre de drones non identifiés survolant ses installations sensibles. Selon Alain Kevren, directeur de l’entreprise, ces incursions se multiplient de manière exponentielle depuis six mois, ciblant notamment le site de Fort d’Evegnée, où sont stockées des munitions pour missiles de 70 mm. Ce constat pousse Thales à réclamer des règles claires pour l’interception ou la neutralisation de tels appareils.
Un contexte européen préoccupant
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte marqué par une recrudescence des activités de drones en Europe. Plusieurs États membres de l’UE, dont la Belgique, la Pologne, l’Allemagne, la Roumanie et les pays baltes, rapportent un nombre croissant d’incidents. Ce phénomène coïncide avec l’expansion des capacités de Thales, visant à doubler la production de missiles non guidés et laser à hauteur de 70 000 unités. Face à ces menaces, l’entreprise a installé des systèmes de détection sur tous ses sites, bien que l’usage de brouilleurs ou de systèmes de tir reste encadré juridiquement, en raison du risque pour la population.
Réactions institutionnelles et mesures législatives
En Allemagne, le gouvernement a récemment adopté des amendements au loi sur la police fédérale, permettant à la police d’intervenir contre les drones dans des zones stratégiques comme les aéroports ou les infrastructures ferroviaires. Ce texte prévoit la création d’unités spécialisées et autorise l’usage de drones pour la surveillance, reflétant l’importance croissante de la menace aérienne dans la sécurité intérieure.
Dimension stratégique et implications pour l’OTAN
Les autorités européennes observent une intensification de l’usage des drones russes, non seulement contre l’Ukraine mais aussi potentiellement contre des pays membres de l’UE. L’objectif apparent de Moscou est d’exercer une pression psychologique sur les populations et de tester la cohésion politique européenne. En septembre 2025, la Pologne a enregistré au moins 19 incursions, dont seulement trois interceptées, mobilisant des systèmes coûteux tels que les missiles air-air des F-35. L’OTAN a renforcé la surveillance aérienne le long de ses frontières orientales et discute activement du renforcement des défenses anti-drones, avec un intérêt particulier pour des unités mobiles et spécialisées, plus efficaces contre les vols massifs que les systèmes traditionnels comme Patriot.
Pressions sur la législation et les responsabilités
Alain Kevren souligne la nécessité d’un cadre juridique clair définissant les compétences respectives des forces de l’ordre et des entreprises privées face à cette menace croissante. Thales observe également une forte demande pour ses missiles de la part de l’OTAN, notamment d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et de Pologne, une part significative de la production étant destinée à l’Ukraine.
Cette évolution marque un tournant dans la stratégie de défense européenne, obligeant à repenser les doctrines et les infrastructures pour répondre à une menace asymétrique et émergente.
