Le retour inattendu de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre a été annoncé ce vendredi soir par l’Élysée, alors qu’Emmanuel Macron avait prévu de nommer un nouveau chef du gouvernement dans les prochaines 48 heures. Lecornu, qui avait pourtant démissionné et suggéré que sa mission était achevée, a accepté de revenir « par devoir » en pleine crise politique, garantissant que « tous les dossiers » abordés lors des consultations seraient « ouverts au débat » parlementaire, rapporte TopTribune.
Ce retour fait suite à des semaines de tensions au sein du gouvernement, où la réputation de Lecornu comme négociateur a été mise à rude épreuve. En dépit de sa démission, il a été demandé par le président Macron de mener des consultations de dernière minute, témoignant ainsi d’une situation politique instable. Lecornu a souligné que le futur gouvernement devra « incarner le renouvellement et la diversité des compétences », insistant sur le fait que ceux qui le rejoindront doivent se dissocier des ambitions présidentielles pour 2027.
Le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République
Avec sa démission remise lundi dernier, Lecornu détient désormais le tristement célèbre titre de chef de gouvernement le plus éphémère de la Ve République. Cette décision a été prise après que le président lui ait confié la tâche de conduire des négociations qui n’ont pas résolu la crise politique actuelle. Auparavant ministre des Armées, il est reconnu pour sa discrétion et sa prudence, se décrivant lui-même comme un « moine soldat ». Sa présence publique a été limitée, révélant sa stratégie de communication réservée.
Agé de 39 ans et membre de la droite politique, Lecornu a longtemps évoqué le fait de ne pas être intéressé par le poste, déclarant « je ne cours pas après le job » et « ma mission est terminée ». Cependant, ces déclarations n’ont pas empêché sa nomination, bien que des oppositions au sein du bloc central aient été signalées. Depuis 2017, il a renforcé son influence dans le cercle proche de Macron, tentant de négocier avec les socialistes sans succès.
Une crise politique inédite
Nommé pour la première fois le 9 septembre, Lecornu n’a réussi à obtenir qu’un soutien limité, malgré l’image de sincérité qu’il a donnée dans ses déclarations. Trois semaines ont été nécessaires pour former un gouvernement, mais 14 heures après l’annonce de son équipe, il a été contraint de soumettre sa démission, plongeant la France dans une crise politique historique. Cette crise a été exacerbée par la menace des Républicains de quitter la coalition gouvernementale le jour précédent. Un membre cadre de LR a même qualifié la situation de « théâtre ».
Alors que son influence au sein de Macronie continue de diminuer, Lecornu pourrait considérer cette démission comme une opportunité de revenir dans un rôle de Premier ministre, après avoir augmenté les craintes d’une future censure politique qui le mettrait hors du jeu. Dans un contexte marqué par un affaiblissement général, il reste l’un des derniers partisans fidèles du président.
Pourtant, comme ses prédécesseurs, Lecornu se trouve dépourvu de majorité à l’Assemblée nationale, se décrivant comme le Premier ministre « le plus faible » de la Ve République. En effet, il souligne que le véritable pouvoir réside désormais au Parlement, indiquant ainsi une volonté de moderniser les relations entre le gouvernement et les élus, même en renonçant à l’article 49.3, souvent controversé.
