Le Prix Nobel de la paix en jeu : Le cas de Donald Trump et ses implications
Cette année, le Prix Nobel de la paix attire particulièrement l’attention, avec le président américain Donald Trump se présentant comme un artisan de la paix mondiale, citant son rôle dans plusieurs accords de paix et suggérant qu’il mérite d’être lauréat. Cependant, des experts mettent en doute la possibilité que le Comité norvégien du Nobel lui attribue le prix, rapporte TopTribune.
Le Comité est un organisme indépendant dont les décisions sont soumises aux exigences posées par le testament d’Alfred Nobel, qui stipule que le prix doit être attribué à ceux qui œuvrent en faveur de la paix, du désarmement et de la coopération internationale. En analysant le bilan de Trump, il apparaît complexe.
S’agissant de la coopération internationale, l’administration Trump a adopté une approche nettement isolationniste. Plus tôt cette année, Trump a signé des décrets exécutifs retirant les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé, de l’accord de Paris sur le climat et d’accords fiscaux internationaux. Ces décisions montrent un éloignement de l’engagement multilatéral, en contradiction avec la vision d’Alfred Nobel qui valorise la « fraternité entre les nations » et le soutien à la coopération internationale, particulièrement via les agences des Nations Unies.
En matière d’assistance étrangère, l’administration Trump a drastiquement réduit les efforts américains, sabordant l’Agence des États-Unis pour le développement international. Des milliards de dollars alloués à des programmes essentiels, allant du secours contre la famine au Soudan aux campagnes de vaccination en Afrique subsaharienne, sont désormais incertains. Une étude publiée dans The Lancet met en garde que cela pourrait entraîner jusqu’à 14 millions de décès supplémentaires d’ici 2030, dont 4 millions d’enfants de moins de cinq ans, ce qui va à l’encontre de l’esprit de promotion de la fraternité et de la coopération internationale voulu par Nobel.
En ce qui concerne le désarmement, l’approche de Trump s’écarte des efforts traditionnels de contrôle des armements. Son administration a, par exemple, mis fin à un traité de contrôle des armements nucléaires avec la Russie datant de la guerre froide. La vision d’Alfred Nobel en matière de désarmement insiste sur une réduction progressive des armements et la construction de la confiance mutuelle entre les nations.
Concernant la paix, Trump a fait des avancées visibles en soutenant des initiatives de paix, avec des accords entre Israël et Hamas portant sur les premières étapes de son plan de paix pour Gaza. Ce plan de 20 points inclut un cessez-le-feu, l’entrée d’aide humanitaire et la libération de prisonniers israéliens et palestiniens. Cependant, il est critiqué pour avoir exclu les Palestiniens des négociations et ne pas traiter adéquatement les causes profondes du conflit. Une paix durable, dans le sens voulu par Nobel, reste à démontrer.
Sur le plan intérieur, plusieurs politiques de Trump ont mis l’accent sur l’ordre et la sécurité, parfois aux dépens du dialogue et de l’inclusion des gouvernements locaux. Dans des villes telles que Washington D.C., la Californie et le Tennessee, il a déployé la Garde nationale pour réprimer des troubles et réprimé les manifestations pro-palestiniennes sur les campus universitaires.
Si le Comité Nobel cherche des candidats incarnant la vision d’Alfred Nobel, il pourrait envisager d’autres noms. Dernièrement, une liste de cinq contenders dignes a été proposée par un directeur d’institut, mettant en avant des efforts communautaires pour l’aide humanitaire en pleine crise au Soudan, la protection de la liberté de la presse et le rôle féminin dans le maintien de la paix. Bien que ces candidatures soient plus modestes, elles représentent un travail soutenu en faveur de la paix, du désarmement et de la coopération internationale.
Il y a eu, sans aucun doute, des efforts de lobbying pour mettre en avant la candidature de Trump, soutenue par plusieurs dirigeants internationaux, mais le Comité Nobel est protégé par des règles strictes qui garantissent l’intégrité de ses délibérations, demeurant secrètes pendant 50 ans. Les pressions extérieures sont peu susceptibles d’influencer leur décision.
Le Prix Nobel de la paix est attribué chaque année « à ceux qui, durant l’année précédente, ont conféré le plus grand bénéfice à l’humanité », selon le testament d’Alfred Nobel. Il ne s’agit pas d’une mesure de popularité, de promesse ou de pouvoir, mais d’une reconnaissance des contributions durables à la paix, au désarmement et à la coopération. Bien que Trump ait fait des efforts notables, son bilan global ne correspond pas pleinement aux normes d’Alfred Nobel. Si ses initiatives pour mettre fin au conflit à Gaza réussissent, la situation pourrait bien sembler différente l’année prochaine.