Une mobilisation sans précédent est en cours en France, appelant à mettre « la France à l’arrêt » le 10 septembre. De nombreux citoyens se regroupent sur les réseaux sociaux pour soutenir un mouvement de contestation contre les mesures budgétaires du gouvernement de François Bayrou. Ce week-end, Jean-Luc Mélenchon et le Parti de la France insoumise (LFI) ont annoncé leur soutien à cette initiative. « Nous demandons à tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action pour en finir avec le gouvernement Bayrou de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite », ont déclaré les dirigeants dans une tribune publiée dans la presse, rapporte TopTribune.
Ne pas laisser le train passer
Alors que les autres partis adoptent une approche prudente, la France insoumise se positionne clairement en faveur de la mobilisation du 10 septembre. « Les insoumis ne veulent pas reproduire la même erreur que lors des gilets jaunes, et soutenir le mouvement une fois que le coup est déjà parti », explique Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. « Monter dans le train avant qu’il parte permet de redéfinir le message initial, qui était initialement centré sur des revendications souverainistes et fiscales, pour le rendre plus aligné avec les valeurs de gauche de LFI », ajoute-t-il.
Bien que le mot d’ordre de cette mobilisation reste flou, plusieurs revendications circulent sur les réseaux sociaux, notamment des augmentations de salaires et des pensions de retraite, ainsi qu’un appel à la « résistance » et à la grève générale. « Quand on parle d’union populaire, c’est de cela qu’il s’agit : augmenter les salaires, abroger la réforme des retraites, taxer plus les riches », a déclaré Antoine Léaument, député LFI. Des idées telles que le boycott des grandes enseignes et le retrait de fonds des banques circulent également parmi les soutiens de l’appel au blocage.
Faire monter la pression contre Bayrou
Pour les insoumis, l’objectif est également d’intensifier la pression sur le gouvernement de François Bayrou. « La revendication principale est que le plan Bayrou, annoncé avant l’été, soit retiré. Pour empêcher ce plan de s’appliquer, la bataille doit se mener sur tous les fronts », a déclaré Manuel Bompard, coordinateur de LFI, ce lundi. Cette mobilisation se produit à l’aube d’une rentrée difficile pour l’exécutif, où l’avenir de François Bayrou est incertain lors des débats budgétaires, souligne Bruno Cautrès.
De plus, certains syndicats prévoient déjà des grèves pour contester le budget proposé par le gouvernement. Les insoumis envisagent également une tournée dans les lycées pour renforcer la pression sur un gouvernement déjà très impopulaire.
Mettre sous pression le PS
Lors du précédent budget, François Bayrou avait échappé à la censure grâce à un accord tacite avec le Parti socialiste. Alors que le gouvernement prévoit d’effectuer 43 milliards d’euros d’économies, LFI prévoit de déposer une motion de censure à la rentrée. Les socialistes, quant à eux, ont fait savoir qu’ils présenteraient leurs propres propositions budgétaires afin de protéger les classes populaires et moyennes. « J’ai entendu dire que le PS ne voulait pas des 43 milliards d’euros de Bayrou, mais que 20 ou 30 ça pourrait leur aller », s’inquiète Antoine Léaument, soulignant que la mobilisation populaire pourrait inciter certains à agir lors du vote de censure.
Pour Bruno Cautrès, le soutien de LFI à ce mouvement de contestation présente peu de risques. « Les insoumis mettent la pression sur leurs partenaires de gauche pour faire tomber Bayrou, et le principal risque est que l’élan ne prenne pas le 10 septembre. Cependant, cela n’empêcherait pas la chute du chef du gouvernement », conclut-il.
