Accord ou antagonismes dans les négociations ? Le « conclave » rassemblant les acteurs sociaux autour des retraites, animé par François Bayrou, doit se conclure le 17 juin 2025 par une ultime réunion déterminante, alors même que des ajustements sur l’âge de départ et des compensations liées à la pénibilité sont au cœur des débats, rapporte TopTribune.
Qu’en est-il de la conclusion ? Le Premier ministre dévoile ses dernières stratégies, affirmant même qu’il est disposé à octroyer « quelques jours supplémentaires » au-delà de la date limite, afin de poursuivre les discussions avec les cinq organisations toujours impliquées – CFDT, CFTC, CFE-CGC pour les syndicats, ainsi que Medef et CPME pour le patronat.
Une compensation pour les travailleurs âgés
À quelques heures de la fin prévue des pourparlers, François Bayrou a mis sur la table une nouvelle mesure consistant à accorder une « prime » aux travailleurs âgés.
Cette prime pourrait constituer « une partie de la retraite, en plus du salaire », pour ceux « ayant atteint l’âge de la retraite » et choisissant de prolonger leur activité professionnelle, selon ses déclarations faites à la presse.
Cette annonce a visiblement surpris les syndicats. « Nous avons appris cette proposition par le biais des médias », a réagi un des participants aux négociations, soulignant qu’aucun détail ne lui avait été préalablement communiqué concernant l’idée du Premier ministre.
Atteindre un consensus et rétablir l’équilibre du système
Pour mémoire, la concertation, qui a débuté le 27 février, devait initialement aboutir le 28 mai. Ce processus a déjà été marqué par son lot de désaccords, comme en témoignent les départs anticipés de FO lors de la première réunion, ainsi que de la CGT et de l’U2P (représentant les artisans) en milieu de mois de mars.
Le défi auquel fait face le « conclave » est considérable : parvenir à un consensus afin d’assouplir le rejet populaire autour de la réforme des retraites promue par Élisabeth Borne en 2023, qui vise à porter progressivement l’âge légal de départ à 64 ans.
Un autre objectif serait également de rétablir l’équilibre du système de retraites, qui, sans intervention, pourrait enregistrer un déficit estimé à 6,6 milliards d’euros d’ici 2030, selon les évaluations du Conseil d’orientation des retraites (COR).
Une épreuve décisive pour François Bayrou
Il s’agit également d’un moment décisif pour François Bayrou, à l’origine de ce nouveau format de discussions mis en place après un accord établi avec les socialistes pour contrer une éventuelle censure gouvernementale.
Le Premier ministre s’était alors engagé à soumettre tout éventuel accord des partenaires sociaux au Parlement. Cependant, cette perspective s’est assombrie, comme l’indiquent certains propos rapportés par La Tribune Dimanche : « L’accord pourrait être tributaire de la présence ou non de dispositions législatives. »
Avant d’en arriver là, il est essentiel que le « conclave » parvienne à produire un relevé de conclusions partagé. Un équilibre à atteindre, estiment Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, et Patrick Martin, président du Medef, principal représentant patronal, questionnés par La Tribune Dimanche sur les possibilités d’un accord commun.
Cependant, la situation pourrait se complexifier, comme l’a exprimé Pascale Coton, négociatrice de la CFTC, jeudi lors d’une déclaration après les discussions : « S’ils sont cinq à signer, cela sera un engagement réel. Mais si seuls trois syndicats signent, la situation sera entièrement différente. »
Quelles sont les positions des acteurs sociaux ?
Bien que cela n’ait pas été une surprise, le Medef a confirmé sa position mardi dernier, indiquant qu’il maintenait sa position sur l’âge de départ à 64 ans, signalant ainsi qu’il ne s’agit pas d’une fin de non-recevoir pour les syndicats.
Tout dépendra des concessions que les employeurs pourraient faire en termes de carrières des femmes, de reconnaissance de la pénibilité, ou d’augmentation des cotisations.
Concernant les conditions de travail difficile, la CFDT réclame une révision du compte professionnel de prévention (C2P) afin d’inclure des critères portant sur la manipulation de charges lourdes et les postures inconfortables, permettant ainsi à certains employés de partir à la retraite plus tôt.
De plus, un aspect crucial demeure à préciser : qu’en est-il du financement du système de retraites ? « Medef et CPME sont réticents à contribuer financièrement », déclare Pascale Coton. Les organisations patronales restent opposées à toute augmentation des cotisations salariales ou patronales.
Les syndicats envisagent que les retraités pourraient également être sollicités pour soutenir le financement, avec des scénarios se basant sur un ajustement des retraites en lien avec l’inflation, similaire à ce qui est déjà appliqué pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco, ou par le biais d’une hausse des taux de CSG, en évitant d’impacter les retraités à faibles revenus.