XV de France : "La troisième mi-temps peut tout balayer", avoue Fabien Galthié qui s'exprime pour la première fois depuis les affaires de Mendoza
XV de France : "La troisième mi-temps peut tout balayer", avoue Fabien Galthié qui s'exprime pour la première fois depuis les affaires de Mendoza

XV de France : « La troisième mi-temps peut tout balayer », avoue Fabien Galthié qui s’exprime pour la première fois depuis les affaires de Mendoza

25.10.2024
3 min de lecture

Le sélectionneur du XV de France a dénoncé, vendredi dans L’Equipe, des faits « inacceptables » et a mis en place un nouveau cadre de vie pour les joueurs.

Il s’exprimait pour la première fois depuis cet été. Dans un entretien accordé à nos confrères de L’Equipe(Nouvelle fenêtre) (version abonnée), vendredi 25 octobre, le sélectionneur Fabien Galthié est revenu sur les faits divers qui ont touché le XV de France ces derniers mois, entre Oscar Jegou et Hugo Auradou, accusés de viol en Argentine, puis Melvyn Jaminet, suspendu 34 semaines pour des déclarations à caractère raciste. Des faits qualifiés d’« inacceptables » par Fabien Galthié. 

Pour la Coupe d’automne des nations, Fabien Galthié a d’ailleurs présenté aux 42 joueurs sélectionnés le nouveau « cadre de vie » du groupe. « Il y a trois points saillants dans la charte. D’abord le rapport à l’alcool. Sans autorisation, c’est interdit. Le point 2 concerne l’automédication. Tout doit être déclaré. Enfin, le troisième point interdit la présence dans notre lieu de vie de personnes étrangères, sauf autorisation. Tous ont dit oui », expose-t-il. Sa mise en place sera assurée par Raphaël Ibañez, le manager du XV de France.

Un cadre qui a « dérapé doucement »

Questionné sur l’absence de cadre jusqu’ici en équipe de France, Fabien Galthié a précisé que les mesures mises en place précédemment ont « plutôt bien fonctionné pendant cinq ans. Mais avec le temps, cette mécanique qui fonctionnait sur la co-construction, et aussi sur l’expérience et la confiance, a dérapé doucement pour arriver à ce qui s’est produit à Mendoza », constate le sélectionneur, qui « ne se sent pas fragilisé » par ces affaires.

« C’était une équipe très jeune, poursuit-il, avec peu d’expérience internationale, une sélection faite au dernier moment, avec une moins bonne connaissance des joueurs et une moins bonne préparation de ce cadre de vie. Ça nous a amenés à ces accidents, ces faits divers. Les faits sont là, il n’y a rien à dire, ils sont inacceptables. » « S’il y a eu des abus non tolérables ou des erreurs », il ne faut toutefois « pas stigmatiser quelques moments sur cinq ans de vie commune, 52 matchs, 80 semaines. Il y a des moments de fragilité, c’est clair, et il faut avoir beaucoup d’humilité là-dessus », nuance-t-il toujours dans les colonnes de L’Equipe.

Une réflexion sur « la coutume » et « une remise en question profonde »

Plus globalement, Fabien Galthié a pris le temps de revenir sur « la coutume », ou plutôt, la fameuse troisième mi-temps, et son importance au sein du rugby, très ancrée dans la tradition et la culture de ce sport collectif de combat. « Quand je vois comment on mesure tout au mètre près, au gramme près avec notre nutritionniste… Je passe des heures à étudier une stratégie, un scénario et, finalement, la coutume peut tout balayer. Ce que j’appelle la coutume, c’est la troisième mi-temps », constate-t-il.

« On sait très bien que si on fait une soirée alcoolisée, ça double l’effet du match, niveau déshydratation et déchet musculaire. Donc tu ne peux pas t’entraîner comme tu l’avais prévu. Une remise en question profonde est nécessaire. Je dis profonde parce que tout ça, ces coutumes, c’est très ancré. (…) On a essayé de comprendre pourquoi ça s’est passé comme ça, et comment repenser notre façon de vivre le rugby », analyse le sélectionneur qui cherche à « comprendre notre sociologie, la sociologie de la société, échanger avec des anthropologues. Ce que j’ai commencé à faire ». En ajoutant que vivre en ermite, « ça ne marche pas ».

« Ces joueurs-là, on les prépare à dépasser leurs limites. Sans arrêt. Dans leurs clubs, en équipe de France. Être plus fort, aller plus vite, ne pas avoir peur, relever des défis incroyables. Et ils le font. On a cru peut-être qu’une fois la fin du match sifflée, on se douchait et on redevenait facilement des gens normaux. »Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France

dans un entretien à L’Equipe

« Une fois qu’on a poussé les curseurs de la performance physique, psychologique, intellectuelle, analytique, d’un coup on arrête. On met le costume et on redevient des gens normaux. L’enjeu est là », pose Fabien Galthié. « On a négligé la problématique de ce retour à la normalité quand les endorphines sont au max, poursuit-il. Comment on fait pour redescendre ? Comment on fait pour redevenir des gens normaux ? Ces joueurs vivent dans le rapport de force permanent pour gagner leur place et ils continuent ce rapport de force en soirée parce qu’il y a cette culture de ne pas décrocher (…) ». 

Toujours en contact avec Oscar Jegou, Hugo Auradou et Melvyn Jaminet, Fabien Galthié leur a demandé de s’engager. « Ils ont un beau travail de témoignage à mener auprès des jeunes. Je leur ai dit : ‘Faites-le, ça va vous faire du bien et ça va nous faire beaucoup de bien aussi' », a-t-il enfin rapporté alors que les Bleus disputeront leur premier match de la Coupe d’automne des nations le 9 novembre, face au Japon, au Stade de France.

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