Deux morts, dont une qui n’est peut-être pas liée au match, un policier dans le coma, plusieurs dizaines de blessés, des pillages et 300 gardes à vue… Voici le bilan des célébrations qui ont suivi la victoire écrasante du Paris-Saint-Germain en finale de la Ligue des Champions de football samedi 31 mai.
Depuis, des internautes affirment que ces incidents ont dépassé tout ce qui s’était produit auparavant. Certains partagent sur X une photo de la fête après le sacre de la France en finale de la Coupe du monde en 1998, uniquement des scènes de liesse, pas de heurts, et en comparaison une photo des incidents du week-end.
Mais la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, elle, assure exactement le contraire. « Malgré les images et malgré les exactions qui sont réelles, les violences ont été inférieures à celles de d’habitude, sur d’autres gros phénomènes comme ça, populaires », a-t-elle affirmé sur France 2 lundi 2 juin. Qui dit vrai ?
1998 : deux voitures percutent la foule
La réalité est plus complexe. Il y a eu de grands matchs qui n’ont pas été suivis d’incidents de la même ampleur, comme la victoire de l’Olympique de Marseille en Ligue des Champions en 1993. Mais d’autres grands événements sportifs ont connu des violences, parfois similaires, parfois même encore plus graves.
Précisément, contrairement à ce que la mémoire collective semble avoir retenu, le soir de la victoire française en finale de la Coupe du monde de 1998 a été marqué par de gros incidents. Cette nuit-là, deux voitures ont percuté des policiers et des fêtards sur les Champs-Élysées à Paris. Une archive d’un journal de France 2 sauvegardée par l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) raconte le parcours du deuxième véhicule.
« Peu avant 3h ce matin, la fête s’interrompt sur les Champs-Élysées, une voiture vient de foncer sur la foule en liesse. Le bilan est lourd : 80 blessés dont 11 graves », raconte le journaliste. Un drame raconté également à l’époque par Le Parisien et Libération notamment. Quelques jours plus tard, l’un des blessés a succombé à ses blessures, rapportait Le Monde . Cette nuit-là, il y a aussi eu des pillages et une trentaine d’interpellations. Les forces de l’ordre avaient dû charger pour vider les Champs-Élysées.
Vingt ans plus tard, le site d’information Vice a retracé le parcours de la voiture, ce qui est arrivé à sa conductrice, amené en hôpital psychiatrique, et aux victimes qui se sont constituées en association. Certaines estiment qu’à l’époque, l’affaire a été plus ou moins étouffée pour ne pas gâcher la fête.
Des incidents devenus habituels
On peut aussi citer le soir de la deuxième victoire de la France en finale de la Coupe du monde en 2018. Bilan de la soirée selon Le Monde et le Journal du Dimanche : deux morts, près de 300 gardes à vue – à peu près comme ce week-end – et là aussi des pillages. En 2018, des internautes avaient déjà dénoncé une première et comparé ces incidents à la célébration soi-disant tranquille de 1998. Des journalistes de RMC avaient alors déjà démenti cette affirmation.
Mais l’exemple le plus frappant est celui du soir de la victoire française en demi-finale de la Coupe du monde de 2006. Six morts le soir même et un septième des suites de ses blessures. Il s’agit en grande partie d’imprudence de fêtards, mais aussi de rixes, selon le Nouvel Obs. Sept morts, c’est le bilan le plus lourd des célébrations que nous avons observées ces 30 dernières années.
Ainsi, on ne peut pas dire que les incidents qui ont éclaté le soir de la victoire du PSG en Ligue des Champions ont été plus graves que par le passé. Ces violences après une victoire sont « tristement habituelles », comme le titre le HuffPost.