À plusieurs reprises, Donald Trump a menacé d’augmenter les droits de douane sur les produits européens. Une mesure qui pourrait peser lourdement sur l’économie allemande, et en particulier sur le secteur automobile.
Il promet monts et merveilles aux Américains… et inquiète une partie du reste du monde. Avant l’investiture de Donald Trump, lundi 20 janvier 2025, de nombreuses questions se posent. À commencer par l’économie : à quelques jours d’un nouveau mandat à la Maison-Blanche, le président élu brandit la menace d’une guerre commerciale.
À plusieurs reprises, Donald Trump a menacé d’augmenter les droits de douane sur les produits européens. Une mesure qui pourrait peser lourdement sur l’économie allemande – la première en Europe – et en particulier sur le secteur automobile. Et pour cause : les Etats-Unis absorbent, à l’export, le plus de voitures « Made in Germany« . L’an passé, les constructeurs allemands ont exporté 15% de leur production vers les Etats-Unis, soit 400 000 BMW, Audi, Mercedes ou autres Volkswagen.
« Si un pays impose des droits de douane, l’autre réagira également »
Impossible, donc, de se passer de ce marché, affirme Hildegard Müller, la présidente de la puissante association de l’industrie automobile allemande. « Aux Etats-Unis, notre filière fait travailler 140 000 personnes et nous produisons également là-bas 900 000 véhicules. De nombreux emplois, aussi bien aux États-Unis qu’ici, dépendent de nos bonnes relations commerciales. Si un pays impose des droits de douane, l’autre réagira également. C’est une spirale protectionniste qui ne fera qu’augmenter le prix des voitures. Et ce n’est pas possible« , tranche-t-elle.
Qui a peur du retour de Donald Trump ? C’est le titre d’une enquête réalisée, il y a quelques semaines, par l’institut économique IFO(Nouvelle fenêtre) de Munich. Le bilan est clair : une entreprise sur deux a répondu positivement. Les chefs d’entreprise redoutent notamment les droits de douane qui rendront leurs produits moins compétitifs.
« L’Allemagne est très visible aux Etats-Unis en tant que puissance économique. Les Mercedes, les Audi, les BMW sont partout sur les routes… et cela dérange Donald Trump.Clemens Fuest
à franceinfo
Pour Clemens Fuest, directeur de l’institut IFO, la politique économique de Donald Trump pourrait faire chuter de 15% les exportations de voitures allemandes : « Pour lui, les emplois qui servent à produire ces biens devraient se trouver aux Etats-Unis. Et son plan, c’est d’inciter les entreprises allemandes à investir aux Etats-Unis, précisément parce qu’elles ont peur des droits de douane. »
Se mettre en quête de nouveaux clients
De quoi ne pas arranger les affaires des constructeurs automobiles allemands. Ils sont déjà confrontés à des problèmes en cascade : la concurrence chinoise, les coûts élevés de la main-d’œuvre, le ralentissement du commerce mondial, licenciements et fermetures d’usines se multiplient… En 2024, les ventes de voitures électriques ont chuté de 27%.
Pour se donner un peu d’air, les industriels doivent se rendre moins dépendants des Etats-Unis, recommande l’économiste Jens Südekum : « Si le marché américain devient plus difficile, l’industrie automobile allemande, et plus globalement l’Union Européenne, vont se mettre en quête de nouveaux clients, ailleurs dans le monde. On vient par exemple de conclure un accord de libre-échange avec les pays sud-américains du Mercosur et aussi avec le Japon… Cela aide un peu, bien sûr, mais cela ne peut pas compenser entièrement les pertes en Chine et aux Etats-Unis« , reconnaît-il, toutefois.
Selon des projections, les quatre années du mandat « Trump II » pourraient coûter à l’Allemagne 180 milliards d’euros et 1 point de croissance. Une sombre perspective, alors que l’Allemagne vient d’enchaîner deux années de récession.